INDUSTRIE/GRAND EST. Robotique, intelligence artificielle, digitalisation des process industriels, Internet des objets, réalité virtuelle et augmentée… autant de technologies réunies sous le vocable Industrie 4.0 qui, en facilitant l’interaction des machines et des systèmes de production doivent améliorer la performance et la flexibilité des entreprises. Le salon Be 4.0 y est entièrement consacré les 20 et 21 novembre à Mulhouse.


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Equipement chez Duguit Technologies à Épernay.

 

Ces dernières années, on nous rebat les oreilles avec l’industrie 4.0, autrement nommée Industrie du Futur, entreprise connectée ou transformation digitale des usines. Le concept né en Allemagne dans les années 2010 serait, selon le portail « Nouvelle France industrielle » du ministère de l’Économie, une « chance pour combler le retard d’investissement productif pris par la France pendant la dernière décennie. » Suffirait-il donc de connecter entre eux les postes de la chaîne de production pour améliorer les performances et la flexibilité des entreprises ?

Il est aventureux d’apporter une réponse, d’autant que le concept est encore si abstrait pour bon nombre de patrons de PME que ces derniers demeurent dans une position d’observateurs. Craintes de se lancer dans une course sans fin à la technologie, de s’exposer à des risques comme les cyber-attaques, difficulté à recruter des employés capables de travailler avec des outils innovants, ils observent l’industrie 4.0 avec circonspection.

« Mes clients sont plutôt des gros industriels ; chez les patron de PME, il s’agit plutôt de curiosité », concède Christophe Knecht, dirigeant d’Ineva à Illkirch (Bas-Rhin). Ce bureau d’ingénierie de 17 salariés conçoit des solutions sur mesure d’automatisation du contrôle de la qualité.

 

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Ineva créée par douze ingénieurs livre plusieurs explications. « Les dirigeants de PME hésitent probablement faute d’informations suffisantes concernant le retour sur investissement, mais l’industrie 4.0 n’est pas une révolution en soi, plutôt un changement de culture qui conduit les industriels à intégrer des innovations technologiques venant de l’extérieur, alors qu’elles étaient mûries au sein de l’usine par souci de protéger un savoir-faire. »

 

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L'équipe fondatrice d'Ineva. © ineva.


Le discours politique veut lui aussi désacraliser l’industrie 4.0. « « C’est davantage par méconnaissance que par rejet des technologies que les patrons de PME peuvent paraître timides », estime Lilla Mérabet, vice-présidente de la Région Grand Est, en charge de la Compétitivité, du Numérique et de la Filière d’excellence qui a pris le sujet à bras le corps. 

 

« Partout où il y a un outil de production, on peut mettre du 4.0, quelque soit la taille de l’entreprise, le cobot est la solution la plus poussée, mais même l’artisanat doit se sentir concerné car il peut mettre du numérique au moins dans la relation avec le client. »

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Lilla Mérabet, vice-présidente de la Région Grand Est déploie un programme 4.0 pour les PME. © Stadler.

700 entreprises dans le Grand Est d’ici 2021


Dans le Grand Est, les entrepreneurs n’avancent pourtant pas seuls vers cette évolution. Fort d’une précédente expérience en Alsace avant la constitution des grandes régions, le Conseil régional du Grand Est a mis en place un programme Industrie du Futur qui propose aux PME un diagnostic de performance industrielle, pris en charge financièrement par la Région. 500 ont en bénéficié depuis 2016, sur un rythme de 100 à 150 par an.

 

Lorsque l’état des lieux est suivi d’investissements, la Région aide l’entreprise à identifier des offreurs de solutions et participe au financement des équipements à hauteur de 10% à 50 % sous forme de subventions ou d’avances remboursables. Le plan régional prévoit d’accompagner 700 entreprises, 300 exploitations agricoles et 1.200 entreprises artisanales d’ici 2021. La Commission Européenne vient d’ailleurs de reconnaître la Région Grand Est comme « l’une des 10 régions européennes leader en transition industrielle », se félicite Lilla Mérabet.


Parallèlement, un programme d’accélération forme une communauté de chefs d’entreprise (une vingtaine aujourd’hui). Ses participants suivent huit séminaires sur deux ans qui les amènent à réfléchir sur la problématique de développement et de formation de leur entreprise. « Une sorte d’incubateur qui brise la solitude du chef d’entreprise, et d’autant plus libre que tous les secteurs d’activité sont représentés, on n’y trouve pas nos concurrents », commente Timothée Duguit, l'un des participants, dirigeant de Duguit Technologies.

 

 

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Cette entreprise d’Épernay (Marne) qui fabrique historiquement des bacs de congélation des cols de bouteilles pour le dégorgement à la glace (procédé utilisé pour le Champagne et plus généralement les vins pétillants), puis s’est diversifiée dans les robots de manutention de bouteilles en verre, porte l’ambition de devenir le référent mondial de sa spécialité dans le secteur du vin et des spiritueux.  Et cela passe par les technologies pour une meilleure productivité et flexibiité.

 

 

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L'unité de production de SEW-Usocome, fabricant de systèmes d’entraînement pour l’industrie à Brumath (Bas-Rhin), fut en 2015 une pionnière de "l’usine du futur » dans le Grand Est. © Sew.


« L’industrie 4.0 n’est pas une révolution », confirme Timothée Duguit, « plutôt une logique d’amélioration continue et une réflexion d’ensemble qui donne une visibilité à moyen terme. »

C’est dans cette mouvance que va s’ouvrir la seconde édition du salon Be 4.0 les 20 et 21 novembre prochains à Mulhouse (Haut-Rhin), à l’initiative de la Région, de Mulhouse Alsace Agglomération et du Parc Expo de Mulhouse. 250 exposants y sont attendus, quasiment le double de l’édition précédente. Ce sont des offreurs de solutions (sociétés d’ingénierie, éditeurs de logiciels et fabricants d’équipements), ainsi que des start-up. Le caractère trinational voulu par les organisateurs élargit les exposants au Bade-Württemberg et à la Suisse.

 

Lors de conférences et tables rondes, des grands comptes au premier rang desquels PSA, Clemessy, Bosch ou encore Hager Controls viendront apporter leur témoignage et des conseils. Des rencontres B to B entre exposants et visiteurs sont également au programme. La participation est gratuite et requiert une réservation préalable sur https://industryforum2018.b2match.io/

(*) Le salon pratique : mardi 20 novembre, 9h -19h - mercredi 21, 9h-17h. Parc Expo Mulhouse, 120, rue Lefebvre, 68100 Mulhouse. Demande de badge ici. - Site web : www.industriesdufutur.

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