VÉHICULE ÉLECTRIQUE/BAS-RHIN. La start-up alsacienne s’est inspirée de l’offre des opérateurs de téléphonie mobile.
Freshmile exploite les réseaux de recharge depuis le raccordement électrique avec un accès à une cartographie en temps réel des bornes, jusqu'au paiement par l'utilisateur via Internet et mobile, en passant par la maintenance à distance.
C’est l’une des jeunes entreprises mises en avant au rendez-vous international que Strasbourg accueille depuis lundi, et jusqu’au 22 juin prochain : le 12ème congrès européen des systèmes de transports intelligents.

La recharge de voitures électriques tient sa pépite en Alsace. Créée en 2010 et installée à Entzheim (Bas-Rhin), la start-up Freshmile s’est hissée au rang « des quatre ou cinq acteurs principaux du sujet au niveau national. Nous avons remporté 20 % des appels d’offres en France l’an dernier », annonce le dirigeant fondateur Arnaud Mora.
Se définissant comme « opératrice de charge », Freshmile gère aujourd’hui 1.500 points de recharge en France, pour des collectivités, des entreprises, des propriétaires d’immeubles commerciaux, les opérateurs de stationnement et des particuliers conducteurs.
Arnaud Mora, voit dans le « système simple de rechargement et de paiement » mis au point, l’atout qui a permis à Freshmile de percer. « A la manière d’opérateurs téléphoniques, nous transformons un système technique complexe – car alliant bornes de charge, raccordement électrique, serveurs et moyens de paiement – en un service facilement accessible ». Les bornes identifient la puissance de charge, rapide ou lente, dont chaque modèle de véhicule a besoin.
Les logiciels conçus par l’équipe de Freshmile permettent de rassembler en un seul outil la supervision technique qui s’assure à distance que les bornes fonctionnent bien, la maintenance et, côté utilisateur, la création d’applications pour l’appel au service.
« Grâce aux dernières évolutions, on peut actionner une recharge à partir de son smartphone », précise le dirigeant. Freshmile entend « servir » chaque système de recharge : « Nous sommes des promoteurs de l’interopérabilité, nous plaidons pour un marché ouvert »…. qui ne peut que servir les desseins de croissance de la jeune entreprise.
Le soutien actif de Caisse des Dépôts

Le développement, l’exploitation technique et l’assistance téléphonique se concentrent au siège, implanté dans l’ancienne base militaire de l’aéroport de Strasbourg-Entzheim.
Celle-ci présente l’avantage de surcapacités électriques et d’un système autonome par rapport à EDF. Sur un écran, les techniciens visualisent chaque borne gérée en France pour détecter une panne et faire intervenir un technicien. « Ce back-office fait partie du cœur de métier, on ne peut le concevoir de l’externaliser », estime Arnaud Mora.
La progression de l’activité aboutit aujourd’hui à un effectif de 17 personnes (chiffre d’affaires non communiqué). La courte histoire de l’entreprise a connu deux premiers tournants.
En 2014, les premiers clients (l’industriel Merck-Millipore, les exploitants de parkings Urbispark à Metz et Parcus à Strasbourg) ont été décrochés, après une phase initiale de pure R&D.
Puis en février 2016, la jeune entreprise a pu convaincre la vénérable Caisse des dépôts de lui accorder son soutien : elle a apporté 38 % des 2 millions d’€ d’investissements pour la création de la filiale Freshmile Services, qui assure désormais l’interface avec les clients. La maison-mère détient les autres 62 % et se reconcentre sur le développement technologique.

Freshmile sera en toute logique l’une des jeunes entreprises mises en avant au rendez-vous international que Strasbourg accueille depuis lundi, et jusqu’au 22 juin : le 12ème congrès européen des systèmes de transports intelligents (ITS en abréviation de leur dénomination anglaise).
La ville attend à cette occasion 2.000 participants d’une cinquantaine de pays. L’organisation du congrès associe étroitement le Pôle de compétitivité du Véhicule du futur Alsace/Franche-Comté, partenaire naturel d’une telle manifestation.
Qui est Arnaud Mora ?
« Un convaincu de longue date que les jours du pétrole sont comptés », ainsi se présente le fondateur de Freshmile. Avant de rencontrer le monde du véhicule électrique, son parcours a emprunté quelques chemins de traverse.
De formation initiale ingénieur du son, il a complété son cursus à Sciences Po Paris en section économie et finance. Il a débuté sa carrière à l’étranger, en Autriche puis dans la banque d’investissement à Londres.
C’est dans la capitale britannique que sont posés les premiers jalons de sa nouvelle vie « écologique ». Il y crée une société de conseil en financement de projets d’énergie verte, par exemple pour la réalisation de parcs éoliens et photovoltaïques en Europe et au Brésil.
De fil en aiguille, il en vient à se pencher sur le potentiel du véhicule électrique et sur son modèle économique, jusqu’à monter son concept d’opérateur de charge qui s’incarne depuis 2010 dans Freshmile.
Il est aujourd'hui le seul représentant ne dépendant pas d'un groupe, au conseil d'administration de l'assocation professionnelle des opérateurs de recherche, l'Afirev.
