Fabricant strasbourgeois de dispositifs médicaux pour le diabète, Defymed a annoncé le 30 septembre la création du consortium Decapes, dont il est le chef de file. Réunissant le laboratoire strasbourgeois ICPEES (CNRS) et Statice, fabricant bisontin de dispositifs médicaux, ce projet a pour objectif de concevoir une version mini-invasive de son pancréas bioartificiel.


Depuis sa création en 2011, Defymed développe un dispositif de pancréas bioartificiel qui vise à mettre en place une thérapie cellulaire du diabète. Le principe consiste à encapsuler des cellules sécrétrices d’insuline entre des membranes semi-perméables afin de rétablir une production normale d’insuline chez le patient diabétique de type 1 (déficit d’insuline lié à un fonctionnement anormal du sytème immunitaire). Baptisé MailPan, ce dispositif médical doit entrer en phase d’études cliniques dans deux ans.

Dans l’objectif de préparer déjà la deuxième version de ce pancréas bioartificiel et de prendre un temps d’avance sur ses concurrents internationaux, Defymed souhaite faire évoluer son dispositif vers une version mini-invasive. C’est à cet aboutissement que doit conduire le projet Decapes, démarré en septembre dernier. Il réunit Defymed, chargé du design final de ce dispositif médical et de la validation biologique, l’ICPEES, unité de recherche strasbourgeoise du CNRS experte reconnue de l’electrospinning pour le développement des membranes et Statice, fabricant bisontin de dispositifs médicaux en charge de l’industrialisation du process.

 

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Le principe de l’électrospinning ou électrofilage consiste à injecter des polymères en les exposant à un champ électrique. Cette technologie permet de fabriquer des membranes nano et micro-structurées pour des applications très vastes : biomédicales, dépollution de l’air, électronique, capteurs, etc. Dans le cadre du projet Decapes, l’ICPEES a pour mission de développer une membrane dont le diamètre des pores pourra laisser passer les molécules d’intérêt (oxygène, nutriments, glucose), tout en bloquant l’entrée du système immunitaire (notamment les anticorps IgG) à l’intérieur du dispositif médical. La membrane devra également être biocompatible, non biorésorbable, semi-perméable et produite via un procédé « vert » de green-electrospinning n’utilisant que des solvants aqueux.

 

Vers une filière industrielle française de membranes par électrospinning

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Le consortium Decapes a reçu 990.000 € d’aides publiques sur un budget total de 1,6 million. © Bartosch Salmanski

 
Grâce à cette membrane « nouvelle génération », le dispositif MailPan pourrait être roulé et ainsi délivré au patient par une chirurgie mini-invasive. De 10 cm actuellement, l’incision passerait à 1 cm et le patient pourrait être pris en charge en chirurgie ambulatoire. Cette version du dispositif devrait également trouver des applications pour d’autres types de pathologies : hémophilie, maladie d’Alzheimer ou encore les maladies lysosomales. Elle permettrait à Defymed de céder à moyen terme la licence de ce dispositif à une industrie pharmaceutique ou une MedTech et d’affirmer son expertise internationale en encapsulation cellulaire.

Les partenaires du projet Decapes se sont donné trois ans pour parvenir à un prototype. Les études cliniques démarreraient d’ici cinq ans, pour un marquage CE d’ici huit ans. Le projet s’inscrit dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir (PIA) et l’appel à projets Projets Structurants Pour la Compétitivité (PSPC) – Régions n°2. Il représente un investissement de 1,6 million d’€. L’Etat, les Régions Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté y contribuent à hauteur de 990.000 €.


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Pour Statice, pionnière des dispositifs médicaux à Besançon, qui emploie 120 salariés pour un chiffre d’affaires de 11 millions d’€, l’aboutissement de ce projet lui permettrait d’industrialiser la production de membranes par électrospinning pour diverses applications biomédicales. Société privée de Recherche sous Contrat avec une trentaine de chercheurs, ingénieurs et techniciens, Statice a une unité de production d’implants et d’instruments sur mesure en environnement contrôlé. Pour mener à bien le projet Decapes, l’entreprise a déjà embauché trois personnes.

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L’équipe du projet Decapes : de g. à dr., Guy Schlatter, directeur de l’ICPEES, Séverine Sigrist, présidente de Defymed et Benoit Studlé, PDG de Statice. © Julie Giorgi

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