La société strasbourgeoise développe un dispositif permettant une délivrance physiologique d’insuline aux patients atteints de diabète. Aujourd’hui, Defymed souhaite étendre cette technologie d’administration ciblée de médicaments à d’autres maladies chroniques comme le cancer. Sa fondatrice Séverine Sigrist est l'une des finalistes des Trophées des Femmes de l'Économie du Grand Est qui seront remis le 13 mai à Strasbourg. Elle prépare une levée de fonds entre 5 et 10 millions d’€.
« Pour traiter le cancer aujourd’hui, on délivre une grande dose de chimiothérapie pour être sûr d’atteindre les cellules cancéreuses. Mais cela cause de nombreux effets indésirables tels que : chute des cheveux, troubles digestifs, grande fatigue… En administrant les médicaments de façon ciblée, nous pouvons réduire ces effets secondaires et améliorer le confort du patient », affirme Séverine Sigrist, présidente fondatrice de Defymed qu'elle a créé en 2011.
La délivrance ciblée et mini-invasive de médicaments est l'ambition de son projet « deLIV3R ». La société strasbourgeoise vient d’obtenir une subvention de 230 000 € pour ce développement dans le cadre du programme Be Est Projets d’Avenir, financé par l’État et la Région Grand Est. L’idée est d’utiliser le principe de son dispositif ExOlin, développé depuis 2017 pour le traitement du diabète, à d’autres pathologies.
Constitué d’une membrane biocompatible, ExOlin peut être implanté dans l’abdomen du patient et permet de délivrer l’insuline par simple injection à travers la peau. Le patient conserve son mode d’injection habituel (seringue, stylo ou pompe) mais voit son traitement amélioré. Car en étant délivré près du foie, et non simplement sous la peau, l’insuline joue son rôle de manière plus efficace et le patient bénéficie d’une meilleure stabilité glycémique. Ce dispositif peut rester dans l’abdomen entre 4 et 6 ans et nécessite une incision de 4 cm pour son implantation.
Des dispositifs vendus sous licence d’exploitation

L’objectif du projet « deLIV3R » est de réduire cette incision à 1 ou 2 cm, en travaillant sur des procédures mini-invasives. « Nous allons modifier le dispositif en utilisant des matériaux plus souples pour permettre un acte chirurgical mini-invasif afin de réduire au maximum la taille de la cicatrice. Cela dans le but d’amener une meilleure acceptation de cette solution par le patient », annonce Séverine Sigrist.
Pour l’accompagner dans cet objectif, Defymed s’est associé à l’Institut Hospitalo-Universitaire (IHU) de Strasbourg et à l’IRCAD, reconnus mondialement pour leur expertise dans le développement de nouvelles procédures chirurgicales mini-invasives et guidées par l'image.
En fonction de son traitement, le patient pourra faire ses injections seul ou à l’hôpital. Pour le traitement du cancer, Defymed souhaite développer une matrice qui permettrait d'administrer les médicaments de chimiothérapie progressivement. Le patient devrait alors se rendre à l’hôpital seulement toutes les deux à quatre semaines pour recharger le dispositif.
Dédié au traitement du diabète, ExOlin entre en phase clinique cette année avec huit patients en Europe. Dans une deuxième phase, l’étude s’étendra à 30 ou 40 patients. Pour financer cette étude clinique, Defymed a initié une levée de fonds entre 5 et 10 millions d’€ qu’elle espère boucler d’ici à septembre.
L’objectif est d’obtenir le marquage CE en 2021 et de démarrer la commercialisation d’ExOlin en sous licence auprès d’une industrie pharmaceutique ou d’une MedTech. Cette stratégie est actuellement à l’œuvre pour le premier dispositif développé par Defymed : un pancréas bioartificiel qui vise à mettre en place une thérapie cellulaire du diabète. Baptisé MailPan, ce dispositif a déjà été validé en phase pré-clinique.
Depuis un an, l’entreprise a initié des discussions avec de grands groupes pharmaceutiques pour le vendre sous licence. Elle espère finaliser le contrat à la fin de l’année ou au début 2020. « L’objectif est de pouvoir s’autofinancer pour développer des dispositifs médicaux dans d’autres applications thérapeutiques, pour faire des recherches sur l’utilisation d’autres matériaux. Nous voulons sortir du « mode start-up » », indique Séverine Sigrist. Defymed qui emploie 12 salariés, prévoit de faire décoller son chiffre d’affaires à plus de 10 millions d’€ en 2020.
Qui est Séverine Sigrist ?
