
MATÉRIAU. Les carrières d’extraction de Pierre de Bourgogne tournent à plein régime à Comblanchien (Côte-d’Or). De plus en plus apprécié dans l’aménagement urbain, ce matériau est aussi utilisé pour le parement intérieur et extérieur. Mais avant d’arriver chez nous, ces gros cailloux qui tombent avec fracas sur le sol de la carrière vont subir quelques transformations. Découverte et explications des techniques d’extraction et de transformation chez Rocamat Pierre Naturelle et SETP.
Cliquez sur les photos pour les agrandir.
L’exploitation des carrières n’est pas récente. Depuis l’antiquité, les hommes s’affairent à l’extraction de la pierre formée à l’ère jurassique. La région Bourgogne compte 83 variétés de pierre dispersées sur 5 bassins. Le Tonnerrois, le Nivernais, le Mâconnais, le Châtillonais et le bassin de la Côte où la carrière Rocamat et l’usine SETP de Comblanchien ont récemment accueilli le conseil d'architecture, d'urbanisme et d'environnement (Caue) de Côte-d'Or. Ces deux entreprises font partie de la quarantaine d'adhérents de l'association Pierre de Bourgogne qui promeut son utilisation en France et à l’étranger.
Rendez-vous dans la carrière de Rocamat à Comblanchien (Côte-d'Or), l'un des plus important producteur de pierre naturelle en France (36 millions d'€ de chiffre d'affaires, 350 salariés dont 136 en Bourgogne dans 10 carrières et deux usines à Corgoloin en Côte-d'Or et Ravières dans l'Yonne).
Un premier travail de "dé-couverture" de la carrière consiste à retirer la couche de matière supérieure terreuse et friable. Elle est ensuite réutilisée comme coussin pour la chute des bancs de pierre.

Viens ensuite l’extraction. Un premier côté du banc est dégagé à l’aide d’explosifs. Ensuite, la découpe des blocs se fait à l’aide d’un câble diamanté de 12 millimètres de diamètre. Inséré verticalement, le câble en rotation dessine des rainures à l’intérieur du massif.Après avoir répété l’opération à intervalle régulier, le câble est retiré et laisse place à des chambres à air. Une fois gonflées, celles-ci détachent le banc. Le bloc - 20 m de haut par 10 m de large - s’effondre alors sur le sol et se casse en plusieurs morceaux. Les roches sont ensuite triées au sein de la carrière, avant d’être transportées jusqu’à l’usine.
« Sur un banc entier, seulement environ 3,60 m sont vendus, la pierre présentant trop de défauts est concassée ou conservée pour la remise en état du site » précise Bruno Demarch, le directeur technique.

Recyclage en gabions
Ici, à Comblanchien, 15 personnes travaillent sur le chantier. Rocamat Pierre Naturelle a l’autorisation d’extraire jusqu’à 14 m de profondeur, ce qui représente une dizaine d’années de travail. Après l’exploitation, le massif sera remis en état par la société, précise le directeur. Lorsqu’ils arrivent à l’usine, les blocs sont découpés mécaniquement à l’aide de scies. Matériau dur, la pierre est longue à couper même avec des machines spécifiques.
« La répétition du mouvement de sciage chauffe les blocs. Ils sont donc aspergés d’eau tout au long de l’opération afin d’être refroidis » explique Celine Molin, cogérante de SETP (10 millions d'€ de chiffre d'affaires, 35 salariés permanents) qui exploite aussi une carrière à Combanchien et une usine de transformation.
Différentes machines de sciage sont utilisées selon la dureté et la taille du bloc de pierre. Les pierres sont découpées en fonction de leur destination : dalles, pavés, bordures, mobilier urbain etc. La finition est ensuite travaillée selon l’aspect désiré : brossé, bouchardé, poli, ciselé…

Les déchets (chutes et pierre ayant des défauts) sont concassés et réutilisés pour la réalisation de gabions. De plus en plus présentes dans l’aménagement urbain sous forme de murets, ces cages en fer remplis de pierres, « permettent une valorisation des déchets » précise Celine Molin, la directrice générale.
Photos : Marie Vollot.