Spécialisé dans les tests d’efficacité in vitro des actifs cosmétiques et plus particulièrement dans le vieillissement cutané, le laboratoire BioExigence est en train de breveter une nouvelle version de son dispositif de mesure qui recrée un derme artificiel à partir de cellules humaines. Mais son histoire montre que l’innovation n’est pas un long fleuve tranquille.
Fruit d’un transfert de technologie du laboratoire d’ingénierie et biologie cutanée de l’Université de Franche-Comté, en 2004, BioExigence à Besançon (Doubs) est la face cachée des nouveautés cosmétiques des grands laboratoires qui renouvellent le marché à chaque saison.
Pour tester l’efficacité des actifs, ce laboratoire de recherche privée s’appuie sur un appareil unique de mesure baptisé Glasbox qu’il a mis au point et dont il est en train de breveter une nouvelle version. « La peau est naturellement tendue grâce au fibroblaste, une cellule du derme qui a des pouvoirs contractils. À partir de 50 ans, les forces contractiles sont diminuées, et la cosmétique veut rebooster ces forces », explique Sophie Robin, docteure en sciences embarquée dans l’aventure dès le début, et présidente de BioExigence depuis 2017.
Le propos de la Glasbox est donc de mesurer et tester la force contractile des actifs. Des vitamines, des sucres, de l’acide hyaluronique diversement concentrés. Le dispositif recrée un derme artificiel à partir de cellules humaines, derme placé dans une petite cuve où des lames sont plongées. « En fonction du temps, le fibroblaste se contracte, ce que nous mesurons grâce à la déformation des lames. »
La fibre optique au secours de la culture cellulaire

La nouvelle version de l’appareil de mesure, baptisée GlasboxPLUS, qui a fait l’objet d’une demande de dépôt de brevet en 2016, se veut plus performante. « Dans la première version, la déformation était mesurée par des résistances, avec des lames recouvertes d’or. La seconde utilise la fibre optique, pour un dispositif plus fiable, plus robuste et moins coûteux », précise Sophie Robin.
Les clients de BioExigence sont de grands laboratoires cosmétiques français (à 90%) et des laboratoires pharmaceutiques (10%). Les prestations de la Glasbox représentent 40% de l’activité et pour le reste, la société effectue des tests sur-mesure et des microdialyses cutanées, une technologie prometteuse de mesure des échanges dans le derme qui intéresse grandement les laboratoires pharmaceutiques. « On a fait dériver un modèle vers des applications anti-inflammatoires pour des crèmes, par exemple. »
Mais la vie d’un laboratoire de recherche n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Trois clients ont lâché BioExigence depuis 2017 dont un en octobre 2019, qui représentait 40% de son chiffre d’affaires. Ce qui l’a contraint à se placer en redressement judiciaire ce 8 janvier 2020.
Le laboratoire bénéficie du Crédit impôt recherche (CIR) et est associé au projet européen MiMedi sur les médicaments innovants. Il emploie quatre personnes et est soutenu dans cette mauvaise passe par Propulseur, l’accélérateur d’innovation et de business lancé début 2018 par le Pôle des Microtechniques. À suivre.
Photos fournies par l'entreprise