MICROTECHNIQUES/BESANÇON. Discrètement installé à Marchaux, près de Besançon, ILsa conçoit et fabrique des instruments de laboratoire pour des tiers mais aussi, de plus en plus, sous sa propre marque.
En ce début 2018, la PME indépendante, qui participe à un projet de recherche européen sur les médicaments innovants, s’ouvre clairement à l’export.

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ILsa conçoit et fabrique des instruments d’analyse biologique.

Dans le couloir qui relie les bureaux aux ateliers et sert de show-room sont exposées toutes sortes de machines conçues et fabriquées par ILsa (pour Instruments de laboratoire et systèmes automatisés) comme ce lecteur “Diamed” permettant de diagnostiquer certaines maladies.

« Une référence mondiale en immuno-hématologie », assure Emmanuel Beuffe, cogérant de l’entreprise située à Marchaux, dans l’agglomération de Besançon. « En 2018, nous aurons 340 unités à fabriquer. »

Plus loin, un colorateur de lames piloté par écran tactile permettant d’éviter les amniosynthèses, ou encore une machine pour révéler une séquence ADN, une centrifugeuse-incubatrice, une grosse machine de biochimie du sang…

Et dans l’atelier, en cours de fabrication, un robot de diagnostic, une machine de détection de cancer du col de l’utérus pouvant analyser jusqu’à 35.000 lames par an, baptisée IDC20 – un autre de ses best-sellers dans le domaine de la cytologie (étude de la cellule vivante).

ILsa est aussi reconnu pour son système de conservation d’échantillons (de sang ou autres prélèvements) qui fait de lui un acteur de premier plan du marché des sérothèques, ces bibliothèque de sérum.

 

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Si son dirigeant ne s’était pas engagé, aux côtés d’autres entrepreneurs du Doubs, dans l’ambitieux projet MiMédI pour l’industrialisation de médicaments innovants (voir ci-dessous : Chef de file du projet MiMédl), la petite entreprise qui compte un parc installé de 10.000 machines dans le monde, aurait sans doute continué sa route en toute discrétion, seulement connue des distributeurs et laboratoires d’analyse biologique.

Mais Emmanuel Beuffe, co-gérant, a choisi la croissance et, parallèlement à l’ouverture de la PME à l’export, a décidé de pousser plus loin les partenariats avec le monde de la recherche.

Ingénieur diplômé de l’ENSMM (École nationale supérieure de mécanique et des microtechniques) - comme beaucoup des salariés de cette société indépendante -, il était arrivé dans l’entreprise il y a 20 ans. ILsa était née de la reprise de la société Morel Techniques, à Marchaux, par deux dirigeants du groupe Diamed spécialisé dans l’immuno-hématologie.

Le savoir-faire micromécanique de la société franc-comtoise allait leur permettre de concevoir et fabriquer leurs instruments d’analyse biologique. Cofondateur du groupe Diamed, Alain Pacoret est toujours de l’aventure, il est l’autre co-gérant d’ILsa qui, il y a un peu plus d’un an, a décidé d’aller vendre ses propres produits à l’export.

Une visibilité de dix à quinze ans

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ILsa est installé sur deux sites : l'agglomération de Besançon où sont fabriquées les machines d’analyse biologique et la région parisienne avec une filiale d’injection plastique.

La particularité d’ILsa est dans son savoir-faire pointu mais multiple en mécanique, électronique, fluidique, informatique... La société compte deux entités : ILsa Manufacturing, qui conçoit et fabrique des machines pour des sociétés tiers (comme Biorad, Diamed, Beckman, Stago ou encore BioMérieux), et ILsa Diagnostics, qui développe ses propres machines d’analyse biologique.

ILsa compte 32 salariés au total, dont 22 à Marchaux et 7 dans une filiale d’injection plastique installée à Saint-Ouen l’Aumône, dans le Val d’Oise - auxquels s’ajoutent trois commerciaux mobiles.

 

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C’est dans l’unité de production de la région parisienne équipée de 6 presses dont plusieurs sont reliées à une salle blanche de classe Iso 7 que sont injectés, chaque année, plusieurs millions des consommables plastiques et, pour certains, dotés de tags RFID destinés aux machines conçues et fabriquées à Marchaux.

Car si les contrats médicaux, une fois signés, assurent une visibilité de dix à quinze ans - un luxe dans l’industrie d’aujourd’hui -, ils nécessitent de nombreux investissements et travaux de R&D en amont. « Le ticket d’entrée est cher », confirme Emmanuel Beuffe, qui rappelle notamment l’obligation de la certification Iso 13.485 pour la production de dispositifs médicaux.

ILsa a réalisé un chiffre d’affaires de 5 millions d’€ en 2017 et vise 8 à 9 millions d’ici 2 à 3 ans, grâce aux « bons contacts » noués à l’export en Europe, mais aussi au Liban, en Arménie, en Russie, en Chine… « Nous avons aussi des discussions en cours au Brésil », confie le dirigeant.

 

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Chef de file du projet MiMédI,

un consortium 100% franc-comtois


ILsa est le chef de file du projet MiMédI, lancé le 8 février dernier à Besançon. Ce projet européen très ambitieux réunit un consortium 100% franc-comtois de six entreprises (ILsa, Smaltis, Aurea Technology, Diaclone, BioExigence et Med’In’Pharma) et cinq acteurs institutionnels (EFS Bourgogne-Franche-Comté, Femto-ST, l’unité mixte de recherche 1098, Femto Engineering et le CIC du CHRU de Besançon).
L’objectif, en s’appuyant sur la complémentarité rare et assez exceptionnelle des expertises régionales en ingénierie cellulaire (Etablissement français du sang) et en sciences de l’ingénieur (Femto-ST), est de mettre au point un processus industriel de production de médicaments innovants, que l’on appelle aussi, désormais, les Médis.
Ces médicaments sont en fait des « cellules médicaments », issues du sang du patient, et que l’on aura dotées de nouvelles fonctions. Ils visent les malades en impasse thérapeutique et concernent généralement les cancers et maladies inflammatoires.
MiMédI, qui est l’acronyme de “Microtechniques pour les médicaments innovants” est doté d’un budget de 13,6 millions d’€, dont 10,2 de fonds européens Feder, et va occuper 50 à 72 équivalents temps plein pendant quatre ans. Le but ultime étant de fabriquer un robot qui pourrait, au pied du lit du malade, réaliser au plus vite le médicament dont il a besoin.
« ILsa sera l’élément centralisateur qui va récupérer les briques technologiques issues du projet et les réunir dans un instrument commercialisable », explique Emmanuel Beuffe. « Il y a un double-enjeu : éthique et technologique. »

 

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La particularité d’ILsa est dans son savoir-faire multiple en mécanique, électronique, fluidique, informatique...

 

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