Stoppé dans son élan par la crise sanitaire, le groupe basé à Rioz renoue avec ses performances antérieures à la crise sanitaire. Abeo poursuit la stratégie d’acquisitions qui a fait de lui un acteur de rang mondial du secteur des équipements sportifs et de loisirs.
La trajectoire a été impeccable pendant dix-huit ans : de sa création en 2002 jusqu'en 2020, le groupe Abeo constitué autour de France Équipement, à Rioz (Haute-Saône), enregistrait une hausse annuelle moyenne de 20 % de son chiffre d’affaires. Nourrie par un rythme soutenu d’acquisitions à l’international, cette stratégie de croissance lui a permis de constituer un portefeuille d’une vingtaine de marques. Et de devenir une référence mondiale dans le domaine des équipements de sport et de loisirs : agrès de gymnastique, panneaux de basket, murs d’escalade, vestiaires, tapis de lutte, buts de handball…
Mais la crise sanitaire a stoppé net la progression d’Abeo. Les confinements, la fermeture des salles de sport, l’annulation des compétitions et plus généralement le climat d’incertitude ont fortement ralenti l’activité. Conséquence : le chiffre d'affaires 2020/2021 a subi un recul de 26 %, à 174 millions d’€, par rapport à l’exercice précédent. « Au pire moment, nous sommes descendus à moins 70 % en rythme annuel, relate Olivier Estèves, président-directeur général du groupe. Nous sommes passés en mode survie. Il a fallu adapter notre organisation à cette activité réduite en diminuant de 20 points nos coûts de structure, de manière uniforme partout dans le monde ».
L’effectif, qui était alors de 1.800 salariés dans 12 pays et quatre continents, a été ramené à 1.416, dont environ 120 en Franche-Comté. (*)
Rachats d’Eurogym et BigAirBag

Remonté d’une trentaine de millions d’€ en 2021/2022 pour aboutir à un total de 205,3 millions d’€ dont 74 % réalisés à l’étranger, le chiffre d’affaires devrait retrouver son niveau d’avant Covid à l’issue de l’exercice clos le 31 mars prochain. Ce choc absorbé, la société, cotée sur Euronext depuis 2016, entend reprendre sa marche en avant.
Elle poursuit une stratégie de développement faisant la part belle aux opérations de croissance externe. « Celles-ci nous permettent d’intégrer de nouvelles expertises d’un marché ou d’un produit. L’objectif n’est pas de tuer la concurrence », assure le PDG. En 2021, Abeo a ainsi consolidé ses positions au Benelux en s’offrant le Belge Eurogym (10 salariés, 3 millions d’€ de chiffre d’affaires).
Cette société est la distributrice de la marque phare du groupe Abeo : Gymnova, dont le rachat en 2002 a lancé la conquête de la planète sportive par l'acteur haut-saônois. Elle est aujourd’hui leader mondial du matériel de gymnastique. « France Équipement, l'entreprise que je dirige depuis 1992, fabrique pour sa part des vestiaires, un marché très mature et concurrentiel qui offre peu d’opportunités. Celui du sport apparaissait plus simple dans son mode de fonctionnement et permettait de se projeter plus facilement à l’étranger », explicite Olivier Estèves.

En 2002, Abeo avait également pris le contrôle d’Entre-Prises, l’un des premiers fabricants de murs d’escalade. Vingt ans plus tard, le pionnier, renommé EP Climbing, est devenu, lui aussi, un numéro un mondial, celui des structures artificielles d’escalade, profitant de l’essor de cette pratique, en mode sportif ou ludique. Enfin, en juin dernier, le groupe franc-comtois a acquis 70 % du capital de la société néerlandaise BigAirBag (10 salariés) spécialisée dans les aires de réception gonflables.
Il se donne ainsi les moyens de renforcer son offre dans le domaine du « sportainement », à la croisée entre sport et divertissement. Mais aussi d’initier de nouvelles synergies. « Grâce au savoir-faire de BigAirBag, nous allons proposer une alternative gonflable aux fosses de réception remplies de cubes de mousse qui sont utilisées par les gymnastes », annonce le dirigeant d’Abeo.

Avec les panneaux de basket Schelde Sports, les murs d’escalade d’EP Climbing et peut-être les agrès et praticables Gymnova (**), les marques d’Abeo compteront parmi les fournisseurs officiels des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. « Pour nous, il s’agit surtout d’une grosse opération de communication. C’est très important pour l’image, la notoriété et la crédibilité de nos équipements », souligne Olivier Estèves. Déjà partie prenante des JO de Londres, Rio et Tokyo, le groupe a également conclu de nombreux partenariats commerciaux et techniques avec des fédérations sportives nationales, continentales et mondiales. Le dernier en date, officialisé le 25 janvier, lie, jusqu’en 2029, le manufacturier Spieth America à la Fédération de gymnastique des États-Unis.

(*) Les locaux de Rioz accueillent un site de production d’Acman, filiale de France Équipement (fabrication de cabines sanitaires pour la division « vestiaires ») et une partie des services de la holding Abeo. D’autres salariés sont basés à Lyon où le groupe a ouvert un siège secondaire.
(**) Pour la gymnastique, la décision du comité d’organisation des JO de Paris 2024 est attendue dans les prochaines semaines.