CHANTIER NAVAL/CÔTE-D’OR. L’entreprise née il y a 30 ans en bord de Saône, à Saint-Jean-de-Losne (Côte-d'Or), a célébré son anniversaire le 2 septembre dans un contexte de ralentissement conjoncturel du tourisme fluvial.
H2O qui est en train de passer aux mains d’une nouvelle génération se diversifie dans tous les métiers de la plaisance, mais le chantier naval originel demeure sa signature.

L’endroit est niché discrètement sur le quai du canal de Bourgogne, à une encablure de la capitainerie et du club-house flambant neuf qui font face à la gare d’eau de Saint-Jean-de-Losne, le plus grand port fluvial de France avec une capacité d’accueil de 600 bateaux.
Pourtant l'atelier est le poumon de H2O qui a fêté ce samedi 2 septembre son 30ème anniversaire en présence de clients historiques et, au moment du défilé de bateaux, de badauds curieux.
Dans ces hangars, une équipe d’une trentaine de personnes exercent une diversité de métiers que l’on ne soupçonne guère quand on parle de tourisme fluvial. Vendeur de bateaux de plaisance et gestionnaire de ports - dont une partie de celui de Saint-Jean-de-Losne avec 150 emplacements -, H2O est d’abord un chantier naval.
Charles Gérard, le fondateur en 1987, énumère avec plaisir les effectifs de l'atelier : 3 soudeurs, 5 mécaniciens - dont une fille depuis un an, précise t-il -, 2 menuisiers, 8 ou 9 peintres et des bras polyvalents, en électricité, plomberie, électronique, aménagement intérieur, etc.
L'entreprise a développé ces compétences au fil du temps en interne, notamment par des contrats d’apprentissage. « Les peintres doivent savoir faire du sablage, du ponçage, du mastiquage, du polissage, et celui qui rénove la coque en dessous de la ligne de flottaison n’est pas le même qui s’occupe de la coque au-dessus, car les problèmes d’humidité et de température ainsi que la qualité de la peinture ne sont pas les mêmes », explique Charles Gérard.
« Quant aux mécaniciens, ils doivent connaître le fonctionnement des vieux moteurs comme de ceux actuels, bourrés d’électronique », poursuit-il.

Une quinzaine de bateaux en cale sèche attendent une réparation, une simple révision avant hivernage ou carrément un relifting. Leurs propriétaires sont des amateurs de tourisme fluvial de toutes nationalités.
« Depuis 5 à 6 ans, on constate que de plus en plus de Français achètent par notre intermédiaire des bateaux neufs ou font rénover des anciens ; avant nos clients étaient majoritairement anglo-saxons et suisses », commente Charles Gérard.
Certaines rénovations sont de véritables renaissances. Le dirigeant se souvient de l'âge du plus ancien bateau qu’il a été amené à rénover : 1862, et d’un autre doté d’un moteur à démarrage à air des années 60. Il a fallu les mettre aux normes de sécurité et de confort intérieur tout en gardant le charme des anciennes embarcations.
Nouvelle génération aux commandes

Le chantier naval génère la moitié d’un chiffre d’affaires de l’ordre de 3 millions d’€. La vente de bateaux neufs de divers constructeurs ou le courtage de bateaux de seconde main de particuliers à particuliers, 40%.
Le reste provient d’une activité d’agence de voyages dans le tourisme fluvial abritée par une filiale H2Olidays et de divers services complémentaires comme le stationnement à flot ou à sec.

Dernièrement, H2O a acquis les 7 hectares d’un ancien site industriel du pétrolier bourguignon Thevenin et Ducrot à Saint-Usage, tout près de Saint-Jean-de-Losne, pour stocker à l’abri des intempéries des bateaux de 5 à 20 mètres.
« Cette récente activité est un pari pour l’avenir car un bateau stocké hors de l'eau et à l'abri nécessite moins de frais d'entretien qu'un bateau à flot soumis à la météo », commente Charles Gérard qui passe progressivement la barre à une nouvelle génération majoritairement familiale : son fils Max à l’administration et à la vente, sa fille Jocelyne à la tête de la filiale H2Olidays, son neveu Philippe, responsable de l’atelier et Nathalie Caron aux finances.
Les cogérants devront notamment mener à bien la création d’un bassin fluvial à Montereau, dans l’Yonne. Un dossier de longue haleine en raison des démarches administratives (étude d’impact, loi sur l’eau etc.) dont une première tranche d’une capacité de 150 bateaux est annoncée pour 2019.
Avec 15 hectares et un potentiel de 600 bateaux, compte tenu de sa situation aux portes de Paris, le port de Montereau sera cinq fois plus grand que celui d’Auxonne, sur la Saône (Côte-d’Or), qu’H2O a construit à la demande des collectivités locales en 2011 et gère depuis.
Une activité qui selon le fondateur n’est guère profitable, mais permet de positionner les compétences de réparation et de vente de l’entreprise. Le ralentissement du tourisme fluvial constaté cet été, pour la seconde année sur le réseau fluvial de Bourgogne et au-delà, demande de ne pas rester les deux pieds dans le même sabot.
