TOURISME FLUVIAL. La société H2O fête ce samedi 15 septembre 2012 ses 25 ans d’existence.
Charles Gérard, l’un de ses deux fondateurs, en a fait une référence internationale dans le monde du tourisme fluvial.
Et tout spécialement pour la vente de bateaux, bien que ce ne soit pas sa seule activité.
Portrait d’une entreprise, implantée en bordure de la gare d’eau de Saint-Jean-de-Losne (Côte-d’Or), qui fait le bonheur de très nombreux marins d’eau douce.
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Charles Gérard, l’un des deux fondateurs avec Robert Bond, aujourd’hui en retraite, de la société H2O (3 millions d’€ de chiffre d’affaires, 20 salariés) peut être fier de son parcours.
En 25 ans, célébrés le 15 septembre 2012, il su participer à la naissance et au développement d’une véritable industrie : la plaisance fluviale (*) et y être reconnu comme l’un des tout premiers spécialistes.
«Nous offrons sans doute sur ce marché la plus large palette de services», explique ce grand gaillard de 62 ans, citoyen allemand issu d’une famille française partie s’installer outre-Rhin à l’époque du 1er Empire.
Chez lui, en bordure de la gare d’eau de Saint-Jean-de-Losne (Côte-d’Or), on peut ainsi acheter, vendre, louer, accastiller, faire réparer, rapatrier, aménager, transformer et amarrer un bateau (600 emplacements).
Côté courtage, il y en a pour tous les goûts et toutes bourses : de 20 000 € à plus d’un million. «Et on vient de partout dans le monde pour vendre son bateau chez H2O», assure son fils Max qui l’a rejoint en 2006 et s’occupe de l’activité courtage (**).
La clientèle s’est considérablement francisée et pèse aujourd’hui 60% des transactions. Elle a pris le pas sur les Américains, Australiens, Néo-zélandais, Suisses et Allemands qui représentaient, il y a encore cinq ans, le gros de la troupe.

«Dans ces pays, on est autorisé à prendre une année sabbatique et retrouver son job sans avoir perdu sa position professionnelle», explique Charles Gérard.
L’engouement de nos compatriotes pour le plaisir de naviguer au fil de l’eau (relire notre article : Eloge de la lenteur) s’explique par la densité et la qualité du réseau des canaux qui innerve encore toute la France.
Mais attention, il y a danger. À force de mettre des écluses automatiques un peu partout et de ne plus se donner les moyens d’entretenir un patrimoine fluvial parmi les plus beaux du monde, on créé des déserts et on laisse des vestiges.
La région Bourgogne a bien tenté de relever le défi, mais face à une facture astronomique et bien seule pour l’honorer, elle a dû jeter l’éponge en mettant fin à une expérimentation devant conduire à un transfert de domanialité de l’Etat à son profit.

Charles Gérard et ses co-gérants : Max, son neveu Philippe Gérard et Catherine Rault - l’homme a su assurer sa succession -, sont conscients du problème.
Aussi, n’hésitent-ils pas à se lancer dans une stratégie de grands travaux à la demande de collectivités territoriales. Comme première réalisation, H2O a livré en juin 2011 le port d’Auxonne (Côte-d’Or), sur la Saône.
Propriétaire et gestionnaire de l’équipement, l’entreprise a investi près de 2 millions dans l’opération et déplacé pas moins de 165 000 m3 de glaise.
«On nous demande d’en faire maintenant un peu partout en France», laisse entendre Max Gérard.
Mais au fait qu’est ce qui a bien pu pousser son emblématique géniteur à se lancer dans un métier alors qu’il s’était formé pour être hôtelier...
«J’ai vécu jeune homme un an sur une île de la mer du Nord et la traversée vers le continent me laisse des souvenirs émouvants, mais le déclic a été, un peu plus tard, celle de l’étang de Thau», confesse Charles Gérard.

(*) Avec 774 km de canaux et 1000 de voies navigables, la Bourgogne est l’une des premières destinations pour le tourisme fluvial qui génère 47 millions d’€ de retombées locales.
(**) 80 bateaux sont actuellement disponibles et H2O commercialise 1000 mètres linéaires de bateaux par an.
Crédit photo : H2O et Traces Ecrites
Effectivement, le patrimoine fluvial est un trésor qui reste peu ou mal mis en valeur. Il reste encore beaucoup à faire pour sensibiliser le grand public aux joies de la navigation fluviale. Malheureusement, nous allons vers une société de plus en plus fermée et protectrice, ce qui est un peu aux antipodes de l'idée de naviguer sur un bateau...