ÉNERGIE/CÔTE-D’OR et DOUBS. En l’espace de quinze ans, la marque suisse exploitée en France, côté Est par la société bourguigno-comtoise Thevenin Ducrot et, à l’Ouest par sa « cousine » de la Creuse Picoty, est devenue la seconde enseigne de stations service sur autoroute derrière l’incontournable Total.
Imaginatifs, les deux pétroliers indépendants font de leurs stations-services des mini-centres commerciaux. Avant d’en faire, demain sans doute, de vrais lieux de vie.
Pour Thevenin-Ducrot, Nicolas Ducrot, l’un des directeurs généraux, nous explique cette stratégie qu’il conduit en rangs familiaux très serrés.

Finie l’image un peu vieillotte des stations-service Avia, plantées au milieu de nul part entre deux bourgs ruraux ou reléguées en zones urbaines périphériques introuvables. Grâce aux sociétés Picoty, pour la moitié Ouest de la France, et Thevenin-Ducrot, côté Est, cette marque suisse créée en 1927 par de farouches indépendants se développe et devient même l’une des plus imaginatives de son secteur.
En témoigne sa présence sur autoroute. Partie de rien il y a quinze ans, Avia compte aujourd’hui 65 stations, soit le second parc derrière l’incontournable Total. La société Thevenin-Ducrot, implantée à Dijon et Pontarlier, dans le Doubs, en exploite à elle seule 46.
« Nous en faisons des sites multi-services, en accueillant de grandes enseignes de la distribution comme de la restauration », indique Nicolas Ducrot, l’un des deux directeurs généraux d’une entreprise qui pèse 2 milliards d'€ de chiffre d’affaires et emploie 460 personnes (**).
Monoprix a ainsi décliné en exclusivité pour Avia un magasin baptisé « Monop’ » que l’on trouvera prochainement sur l’aire de Portes-lès-Valence (autoroute A7). Des « Casino Express » verront aussi le jour, mettant en avant les produits régionaux des régions traversées.
Les enseignes mondiales de restauration : Paul, McDonald's, KFC et Subway travaillent déjà ou vont collaborer plus activement avec le pétrolier indépendant.
Très imaginatif, ce dernier s’offre même le luxe de monter sa propre enseigne de burgers. Dénommée Ted’s, on la trouve ou on trouvera bientôt à l’aérogare d’Orly et sur l’aire de Vidauban Sud (autoroute A8), près de Draguignan.
L’après-pétrole s’anticipe
« La distribution de carburant fossile n’est pas une fin en soi et demain, nous délivrerons, comme cela est déjà un peu le cas, de l’électricité, de l’hydrogène... Nos stations évolueront aussi en vrais lieux de vie, avec salle de spectacles, de remise ne forme… », dévoile sans aller plus loin le directeur général.
L’investissement dans cette stratégie représente une trentaine de millions d’€ chaque année. Il faut y rajouter pas moins de 10 millions sur le réseau des stations-service routières qui atteignent un parc de 430 unités.
« L’autoroute nous sert de laboratoire pour le reste de notre maillage territorial », ponctue Nicolas Ducrot. Demain, les sites routiers Avia pourraient intégrer des relais de poste comme des épiceries rurales.
Ces réalisations obéissent à des compétences particulières. En termes d’urbanisme, d’architecture et de gestion. Les exploitants des stations chez Thevenin-Ducrot sont ainsi des mandataires-gérants qui dirigent leur propre affaire et versent un loyer.
Seule la distribution de carburant demeure l’exclusivité du pétrolier bourguignon et franc-comtois, qui, de son côté, leur verse une commission.
(**) En intégrant l’activité les stations maritimes de Saint-Tropez et Antibes, rachetées à BP Marine.
Une enseigne européenne
Avia fédère aujourd’hui 82 sociétés européennes indépendantes réparties dans treize pays.
Le nom se veut simple et compréhensible dans toutes les langues avec clin d’oeil à l’aéronautique. Elle fait son apparition en France dans les années 50 et regroupe jusqu’à une douzaine de pétroliers indépendants qui versent une redevance à la marque suisse.
Le premier choc pétrolier au début des années 70 a raison de nombre d’entre eux. Ne restent plus aujourd’hui pour représenter Avia sur le territoire national que Thevenin-Ducrot et Picoty.
Les deux entreprises mènent leur barque séparément, mais témoignent d'une redoutable complicité lorsqu’il s’agit de négocier certains rachats. Cela a été le cas en 2003 avec une partie du réseau BP.
Leur stratégie de croissance commune s’est particulièrement révélée six ans plus tard lorsqu’elles ont repris, hors Corse, 163 stations-service à Shell pour un montant estimé à une trentaine de millions d’€. Du grand art dans la négociation commerciale, signée à l’époque par les deux patrons d’Avia en France : Jean-Michel Ducrot et son « cousin d’adoption », Michel Picoty.
Qui est Nicolas Ducrot ?

Diplômé de l’ESC Dijon, une tradition familiale assure-t-il, Nicolas Ducrot est déjà parti faire ses preuves dans un cabinet d’audit financier. L’expérience dure quatre ans et il travaille notamment - signe avant-coureur - à la consolidation du pétrolier Esso. « Il n’était pas concevable que je rejoindre Thevenin-Ducrot sans être allé faire mes preuves ailleurs », assure le dirigeant.
Il s’installe en 1998 à Pontarlier (Doubs), siège historique de l’entreprise et toujours celui de la holding. En 2010, lorsque son père Jean-Michel prend sa retraite, il pose ses valises à Dijon et s’occupe en tant que directeur général plus particulièrement de la direction régionale Nord-Ile-de-France-Bourgogne-Champagne. Son frère, son cousin et son neveu gérent les autres territoires de leur moitié de France.
Nicolas Ducrot, 46 ans, est par ailleurs président de Thevenin-Ducrot Autoroutes et des transports Uniroute. Il gère aussi, hors le groupe pétrolier, un spécialiste du stockage : Sofistock.
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