MÉTALLURGIE/BOURGOGNE. L’entreprise chalonnaise a inventé son métier : réaliser à grande échelle pour les tonneliers les cercles de métal qui maintiennent la paroi des tonneaux.
Depuis le 1er juillet, Girondor s'est installée dans un tout nouveau bâtiment de 2200 m2, situé sur la zone d’activités Saôneor, à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire).
L’investissement, équipements compris, dépasse les 3 millions d’€.
Ils sont les métalos d’un des plus vieux métiers du travail du bois : tonnelier. Car ils fabriquent le cerclage métallique qui maintient la paroi d’un tonneau. Philippe Lacour et son associé Christophe Sambin, fondateurs en 1999 de la société Girondor, à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), en ont fait une activité à part entière.
« Jadis, forgerons et charrons réalisaient ces pièces mais, après la seconde guerre mondiale, ils ont presque tous disparu et les tonneliers ont intégré ce savoir-faire », explique Philippe Lacour. Alors, pourquoi Girondor, contraction de gironnage - action de rouler, puis de cintrer une bande de métal - et de Côte-d’Or évoquant la côte des grands vins, est-elle née ?
Cela coïncide avec le renouveau de la tonnellerie dans le courant des années 90. Les volumes de production des tonneaux en chêne augmentant pour l’élevage des vins de qualité, les tonneliers ne suivaient plus et rencontraient par ailleurs des problèmes de qualité.
« Jacques Damy, qui présidaient alors le syndicat des tonneliers de Bourgogne, était de ceux-là et nous a mis le pied à l’étrier », évoque Christophe Sambin.
Restait à sortir de l’artisanat et maîtriser un process capable d’industrialiser à grande échelle la fabrication par tonneau de six cercles : les deux têtiers, les deux collets et les deux bouges. Du moins pour les contenances les plus courantes : 228 litres (le fût bourguignon) et 225 litres (la barrique bordelaise).
Plus de 3000 références
« Le métal fait partie intégrante de notre ADN, et après quelques études assez poussées, nous avons mis au point une machine spéciale qui déroule les bandes, les poinçonne, les développe, les gironne et les rivette, le tout en ligne », décrit Philippe Lacour.
L’automatisation des données de production est de surcroît nécessaire, chaque tonneau étant légèrement différent dans son tout dimensionnel.
Il faut voir débiter les différents cerclages sur les trois lignes dédiées dans le vaste (2200 m2) et tout neuf bâtiment de l’entreprise, rue de l’Argentique, sur la zone Saôneor, opérationnel depuis le 1er juillet. L’investissement s’élève à plus de 3 millions d’€, dont 1,9 million dans l’immobilier, et permet de traiter 3 000 tonnes de matière à l’année.
Girondor livre plus de 100 clients, réalise 4,5 millions d’€ de chiffre d’affaires avec 10 salariés et détient environ 30% de parts de marché en Europe. « Nous faisons gagner jusqu’à 15% de productivité », assure Christophe Sambin.
Un autre cerclage est aussi commercialisé par Girondor. Il imite celui en châtaigner qui sert à rouler les tonneaux et à leur calage en cave. Dans sa composition, il y a des sarments broyés, mélangés à une résine spéciale. Une innovation mise au point par Vitis Valorem pour fabriquer des piquets de vigne.
Qui sont Philippe Lacour et Christophe Sambin ?
Philippe, 55 ans, est titulaire d’un bac technique en électronique qu’il a complété par une formation en mathématique supérieure. Christophe (51 ans), pour sa part, est un autodidacte pur sucre, doté de l’art d’être un commerçant dans l’âme.
Les deux hommes se sont rencontrés chez Orbandal, spécialiste du découpage de métaux à Crissey, près de Chalon-sur-Saône. Christophe y est entré en 1996. Philippe était depuis un an l’un des 80 actionnaires de cette entreprise qui a été revendue en 2005.
Crédit des photos : Traces Ecrites