Précoces, les vendanges 2020 s’achèvent du vignoble de Bourgogne à l’Alsace, en passant par le Jura et la Champagne. Les conditions météorologiques ont fourni un raisin sain augurant un bon millésime et des volumes hétérogènes en fonction de la pluviométrie ou des règles de rendements dictées par les prévisions du marché.


• Une exceptionnelle précocité en Bourgogne


Même si les sécateurs s’activent encore en Mâconnais, foi de vignerons bourguignons, pour des vendanges aussi précoces il faut remonter à 2003. Dès le 12 août dans certains domaines, les cuveries recevaient déjà les premiers raisins. Le phénomène s’explique par des températures très hautes, bien au-delà de la normale, ce qui « favorise une évolution rapide de la floraison… », indique un communiqué du Bureau Interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB).
La canicule ne cessant pas et les précipitations se faisant rares et de manière très hétérogènes (déficit en eau de 77 à 87%), ces conditions bloquent parfois la maturation. Reste que l’état sanitaire du vignoble demeure excellent, à l’exception de parcelles très exposées où se font jour de la grillure et du flétrissement.
Alors, que conclure du millésime 2020 ? Parole de spécialistes : « assez satisfaisant, frais comme équilibré, parfois remarquable, de futurs vins élégants et fruités... » Louis-Fabrice Latour et François Labet, les deux co-présidents du BIVB rivalisent de qualificatifs pour conclure à quelque chose, au final, de prometteur.
Toutefois, les rendements sur les rouges peuvent parfois laisser à désirer pour certains terroirs, selon le bénéfice de la pluviométrie. Côté rendement, la récolte sera inférieure à 2018 (1,8 million d’hectolitres), mais supérieur à 2019 (1,2 million). En clair, autour d’1,5 million d’hectolitres cette année. D.H.

 

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• En Alsace, un millésime précoce contraint par les rendements

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© Dumoulin/CIVA


Les vendanges ont démarré tôt dans le vignoble alsacien : le 24 août pour les crémants et le 3 septembre pour les AOC. Des raisins sains laissent augurer un millésime de qualité. « La canicule n’a pas été aussi intense qu’en 2018. Les nuits sont restées assez fraîches, ce qui permet de conserver l’acidité et les arômes », observe Arnaud Froehly, responsable du pôle technique du Conseil interprofessionnel des vins d’Alsace (CIVA).
Certains secteurs comme celui de Scherwiller ont davantage souffert de la sécheresse. Globalement, la pluviométrie a été moindre dans le Bas-Rhin que dans le Haut-Rhin, mais cela ne devrait pas être préjudiciable en termes de qualité, assure le responsable technique.
Les vendanges tardives clôtureront la récolte courant octobre. Mais d’ici au 25 septembre, « une grande partie des raisins sera rentrée », annonce Arnaud Froehly, surtout que la météo repart sur un temps sec et assez chaud.

La question de la baisse des rendements, largement contestée, a finalement été tranchée le 18 août dernier lors de l’assemblée générale de l’Association des viticulteurs d’Alsace (AVA).
Les rendements ont été limités à 65 hectolitres par hectare pour chaque cépage (contre 80 hectolitres par hectare les années passées) avec un volume complémentaire individuel de 5 hl/ha et à 70 hl/ha pour les crémants. Ce vote a été validé par le CRINAO (Comité régional de l'Institut national de l'origine et de la qualité). J.G.

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• Le Jura retrouve un bon volume de récolte

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© CIVJ

Cette fin de semaine, il n’y aura plus de vendangeurs dans le vignoble du Jura et la récolte se présente assez généreuse et d’une belle qualité. Le volume devrait atteindre la moyenne des cinq dernières années, environ 90.000 hl, une respiration pour les vignerons jurassiens après la petite récolte de 2019 (53.000 hl).
Un bémol cependant pour les rouges qui, par endroits, ont desséché à cause de la canicule. La qualité, » très bonne » selon la Société de Viticulture du Jura, présente toutefois une hétérogénéité.
Le manque d’eau et la canicule ont poussé la profession à demander à l’INAO (institut National des Appellations d’Origine) le droit d’acidifier  (en ajoutant de l’acide tartrique) et de chaptaliser (en ajoutant du sucre pour remonter le degré d’alcool) la vendange de certaines parcelles.
Le Jura aura donc à nouveau du vin à vendre dans un an, lui qui perd des parts de marché (moins 26%) depuis une décennie, sans doute pour des raisons marketing mais aussi à cause d’un niveau de récolte fluctuant d’une année à l’autre pouvant aller du simple au double (45.000 hl en 2017, 124.000 en 2018).  Pour l’heure, la mévente pendant le confinement a été suivie d’un marché dynamique cet été grâce aux touristes qui ont été nombreux dans le Jura. C.P.

 

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 • En Champagne, une petite splendide vendange

 

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Vendanges d’une parcelle de pinot noir à Cumières dans la Marne. © JC Gutner Coll CIVC


Le Comité Champagne ne mâche pas ses mots. C’est une « splendide vendange » qui s’est achevée la première semaine de septembre. Commencée très tôt, dès le 17 août dans certains vignobles, c’est la vendange la plus précoce de l’histoire de la Champagne. Les conditions météorologiques ont offert une récolte « de très grande qualité (…) avec des moûts équilibrés, fruités, d’une grande expression aromatique et un degré alcoolique entre 10 et 0,5% vol ».
Comme dans beaucoup de vignobles, la quantité récoltée est moindre. « On aurait pu récolter plus, on a laissé des raisins sur les ceps », commente le comité Champagne. Mais les professionnels en avait décidé autrement, avant vendanges, en fixant un rendement maximum à 8.000 kg/ha (soit 130 millions de bouteilles à comparer avec une moyenne annuelle de 300 millions de bouteilles vendues), bien en-dessous du rendement moyen annuel de 10.000 kg.
Deux raisons à cela, les stocks sont suffisants, équivalents à quatre récoltes (sachant qu’un champagne reste en cave trois à cinq ans avant de pouvoir être commercialisé) et des prévisions de vente. Bien leur a pris, car les ventes se sont écroulées depuis le confinement, moins 26% en France et moins 31% à l’export.
La fermeture des restaurants, des palaces, l’empêchement des mariages et des réceptions a quasiment stoppé les ventes pendant deux mois. S’il est peu probable que le retard soit rattrapé, le pessimisme n’est pas encore d’actualité car la moitié des ventes de champagne se réalise les quatre derniers mois de l’année. C.P.

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