SPIRITUEUX. Le liquoriste dijonnais, exploité par la famille Battault, mise sur une croissance de près de 17% en deux ans.
Cette progression s’explique par une forte stratégie de diversification dans les alcools et les bases alimentaires, doublée d’une internationalisation très poussée des ventes (65% de l’activité dans 72 pays).
A sa tête, un homme de 63 ans : Jean Battault, hédoniste devant l’Eternel et globe-trotter émérite.
Mais qu’est ce qui fait courir autant Jean Battault, président du directoire de Boudier, liquoriste dijonnais fondé en 1874 ?
Vous rencontrez le dirigeant à Porto et deux jours plus tard, il se trouve à Düsseldorf (Allemagne). Vous le croisez à Moscou, il est déjà en partance pour Stockholm…
« Je ne suis pas loin de faire mon tour du monde chaque année pour stimuler mes importateurs et agents, mais aussi rencontrer mes clients autour d’une bonne table », glisse cet infatigable globe-trotter et fin gourmet qui préside aussi Dijon Congrexpo, le parc des expositions et congrès de la capitale bourguignonne, organisateur chaque année de la foire internationale et gastronomique.
Ce régime soutenu de kilomètres parcourus et de calories englouties porte ses fruits.
L’entreprise familiale - ses deux frères François et Yves le secondent et sa fille Claire assure le back office commercial et la direction du marketing - réalise 65% de son activité à l’international dans 72 pays.
« Nous devrions avec nos 58 collaborateurs dépasser les 14 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2015, soit une croissance à deux chiffres de près de 17% », indique Jean Battault.

Le crème de cassis Boudier : meilleur alcool du monde
Ce développement attendu résulte d’une triple segmentation des productions.
Chez Boudier, la gamme d'alcools maison (40 références), dont la célèbre crème de cassis de Dijon, titulaire d’une identification géographique et distinguée pour la seconde année consécutive à Londres par l’International Spirits Challenge comme meilleur spiritueux du monde, sert de vitrine à d'autres savoir-faire.
Elle ne pèsent plus qu'un tiers des ventes. Les deux autres tiers se répartissent entre les alcools faits à façon selon autant de recettes propres et la fourniture de bases à l’industrie aromatique naturelle.
« Nous livrons ainsi des gins, des rhums, des vodkas et bien sûr des liqueurs à tous les plus grands fabricants de spiritueux, comme nous fournissons des compositions aromatiques qui entrent dans les chocolats, les gâteaux et servent aussi à l’industrie pharmaceutique », explique le liquoriste, bardé de toutes les normes internationales en vigueur et de tous les systèmes qualité spécifiques à chacun de ses différents clients (*).
Deux ingénieurs du service R&D et Jean Battault lui-même concoctent les précieux breuvages. « Mon palais, c’est mon outil de travail », aime-t-il à rappeler.
Au point d’avoir voulu traduire dans un lexique universel et du bon usage les goûts, les senteurs et les saveurs d’un nombre incalculable de produits. « Car allez intégrer la note particulière de citronnelle que souhaite retrouver un client coréen ».
Plus high-tech, le liquoriste participe également à un programme de recherche portant sur l'extraction des arômes assistée par ultrasons.
Pour mieux faire face à ces changements continus de fabrication, l’entreprise va engager une enveloppe de 1,6 million d’€ pour étendre son site industriel de 1 500 m2.
Ce qui lui permettra d’améliorer les différents flux et d’accroître sensiblement ses capacités.
(*) Au point d’avoir à supporter trois audits différents chaque mois.
Photos fournies par l'entreprise Boudier.