L’arrêt de la version thermique de la Smart, le 21 juin prochain, dont la production partira en Chine, marquera une première étape dans la transition de la plateforme d’assemblage « Smartville » à Hambach (Moselle). Le site de 1.400 personnes, ne fabriquera plus que les modèles électriques qui représentent à peine 20% de la production actuelle en attendant, à partir de fin 2020, le remplacement de la mini citadine par un SUV électrique Mercedes.
Un peu plus de vingt ans après la sortie d’usine de la première Smart, son site d’assemblage lorrain à Hambach (Moselle) s’apprête à négocier un virage industriel inédit. Sa maison-mère, Daimler, a annoncé le 27 mars dernier l’arrêt de la production de la mini citadine en Lorraine à l’horizon 2022-2024. Le véhicule sera produit d’ici trois ans en Chine dans le cadre d’une nouvelle joint-venture avec le constructeur Geely.
Cette déclaration a fait l’effet d’une bombe. Elle a cependant le mérite de clarifier l’avenir du site lorrain. Née d’une collaboration entre Daimler et l’horloger Swatch, la marque n’est en effet jamais parvenue à franchir le seuil de la rentabilité. Le lancement d’une version électrique et d’une version quatre places assemblée en République tchèque, n’y ont rien changé. Le coût du travail en France a par ailleurs rendu la production de petits modèles de plus en plus complexe ces dernières années.
Le constructeur allemand avait préparé le terrain. En mai 2018, Daimler a promis l’assemblage d’un SUV électrique Mercedes à Smartville (le nom du complexe industriel de Hambach) et annoncé un investissement de 500 millions d’€. La partie la plus spectaculaire des travaux a été engagée début 2019. Elle conduira à doubler la superficie du site lorrain. Concrètement, un nouvel atelier de peinture de 26.000 m2, ainsi qu’un nouvel atelier de ferrage de 33.000 m2 va être construit. Un convoyeur sera également installé pour transporter les carrosseries vers le paintshop (atelier de peinture).
Chute de la production de 500 à 80 véhicules par jour fin juin

© Smart France
Certaines organisations syndicales, à l’image de la CFE-CGC estiment que les efforts consentis par les salariés en 2015 dans le cadre du Pacte 2020, ne sont pas étrangers à cette reconversion industrielle. Alors que les rumeurs de délocalisation allaient bon train, les salariés avaient accepté par référendum de passer aux 39 heures hebdomadaires de travail, avant un retour aux 37 heures en 2019, puis aux 35 heures en 2020.
L’enjeu pour Daimler consiste maintenant à négocier la transition entre la Smart et le SUV Mercedes sur le double volet industriel et social. Un challenge dans la mesure où Smartville emploie 1.400 personnes, hors intérimaires, répartis pour moitié chez Smart et pour moitié chez ses sous-traitants.
La fabrication de la version thermique de la Smart va s’arrêter le 21 juin. Seule la version électrique continuera d’être produite. Ce virage va s’accompagner d’une importante baisse de cadence, puisque la production devrait instantanément chuter de 500 à 80 véhicules par jour pour ne pas dépasser 150 unités en vitesse de croisière a-t-on appris de source syndicale.
Parallèlement, l’usine lorraine devrait démarrer l’assemblage de la version électrique d’un SUV de Mercedes à partir de fin 2020. Elle devrait stopper définitivement sa production de Smart entre 2022 et 2024.
PSE enclenché chez Faurecia et Magna Uniport

Sur le plan social, Serge Siebert, PDG de Smart France, s’est engagé à maintenir les emplois chez Smart. La situation est plus complexe pour ses cinq sous-traitants industriels installés à Smartville : SAS Automotive, ThyssenKrupp Automotive System, Magna Uniport, Magna Châssis, Faurecia.
Leur regroupement au sein d’un village de partenaires à proximité des chaînes d’assemblage constituait à l’époque un atout. Il se mue aujourd’hui en handicap, dans la mesure où les sous-traitants ne devraient pas hériter des pièces du futur SUV.
Smart France a ouvert une bourse à l’emploi pour permettre leur reclassement au sein de l’usine. En effet, la production du futur SUV devrait requérir une main d’œuvre supplémentaire. « Sur un total de 240 postes à pourvoir dans le cadre de la production du futur SUV, nous avons déjà pourvu 150 postes. Parmi eux, une centaine est occupée par des candidats en provenance de nos sous-traitants partenaires », indiquait Smart France début mai. Le 16 mai, Smart France s’est engagé à proposer par écrit aux salariés de sous-traitants deux postes équivalents à celui qu’ils occupent actuellement chez leur employeur.
Ces propositions ne font pas l’unanimité au sein des organisations syndicales qui leur préfèrent un reclassement dans le cadre règlementaire d’un PSE (plan de sauvegarde de l’emploi). Sous leur pression, Faurecia (pièces plastiques de la carrosserie), Magna Uniport (montage des portes) et SAS Automotive (montage des tableaux de bord) ont enclenché en avril-mai des PSE représentant un total de 138 postes.