EVASION. Ces prochains week-ends sont les tous derniers de la saison touristique fluviale. Naviguer au fil de l'eau est une invitation à la lenteur, parenthèse bénéfique ne serait-ce que le temps d'un week-end. Impressions d'une balade de 8 jours sur la Seille et la Saône, en Bourgogne.

Au  fil de l'eau, il y a souvent des rencontres inattendues. A l'écluse d'Ecuelle, l'une des premières à gros gabarit sur la Saône, près de Verdun-sur-le-Doubs (Saône-et-Loire), un zodiac semble bien menu à côté des 9 mètres de notre Tarpon 32, et plus encore, en comparaison avec la péniche chargée de conteneurs. Nous prenons celui que nous avons baptisé "Le capitaine" pour un pêcheur, habitué à franchir les écluses pour trouver le meilleur coin.

En fait, c'est un voyageur qui force l'admiration. A 76 ans, ce Mâconnais de souche raconte son périple : il remonte la Saône jusqu'à Corre (Haute-Saône), le dernier port navigable de la Saône avant sa source au pied des Vosges, avec pour seul bagage, un baluchon étanche qu'il vide tous le soirs à l'hôtel.

Aux écluses aussi, des vies se racontent, en attendant de remplir le bassin. Sur la Seille, les deux écluses laissées à la manipulation des plaisanciers, sont le passe-temps estival de deux jeunes gens, dans l'espoir d'un pourboire. «ça occupe», lancent-ils encore tous mouillés du bain qu'ils viennent de prendre dans l'écluse, entre  deux passages de bateaux.

Voies Navigables de France qui gère les rivières et canaux, ferme les yeux, tout en insistant sur le fait que ces éclusiers occasionnels ne font pas partie du personnel.

Il y a aussi les navigateurs amateurs, qui n'envisagent pas leurs vacances ailleurs et sont fiers de livrer quelques ficelles aux néophytes que nous sommes.

Ceux dont la vie sur l'eau est devenue une philosophie, ont vendu maison et meubles pour s'offrir un petit paradis : une ancienne péniche Freycinet.

Et puis, il y a les autres vacanciers que l'on retrouve à chaque port pour passer une nuit au calme et ravitailler le bateau. On s'échange ses impressions, ses découvertes heureuses et ses déconvenues, avant de se dire «A demain, peut-être».

Invitation à la lenteur (la vitesse n'excède pas les 10 km/h), la navigation fluviale est une lente initiation à l'observation. A portée de main sur la Seille, le rivage dévoile là un martin-pêcheur, ailleurs une aigrette.

En famille ou solitaires, les pêcheurs font aussi partie du décor quotidien. Le fair play consiste à ralentir le bateau pour que les plaisanciers ne perturbent pas trop leur paisible passe-temps.

Sur la Seille, de curieux filets carrés signalent la présence de pêcheurs professionnels qui approvisionnent les restaurants alentour.

La liberté de s'amarrer où bon nous nous semble le temps du déjeuner et d'une sieste, n'exclut pas quelques règles de tolérance.

S'il ne faut surtout ne pas se laisser impressionner par les riverains qui se sont accaparés un morceau de rivage avec des panneaux "propriété privée", il est de bon ton de ne pas trop approcher des habitations. Il faut savoir cependant que le rivage est accessible à tout le monde, mais comme le propriétaire riverain doit en faire l'entretien, respectez la propreté du lieu.

La Seille offre des occasions d'arrimages sauvages. Sur la Saône, plus réglementée, il faut se satisfaire des pontons à cause de la navigation de commerce. Ce peut être l'occasion de belles parties de pêche, les pieds dans l'eau ou de promenades à vélo, indispensable moyen de locomotion pour faire ses provisions.

Suggestion d'itinéraire : Louhans (71) - Pontailler-sur-Saône (Côte-d'Or) par la Seille (39 km) jusqu'à La Truchère, puis la Saône, est facilement  réalisable en 8 jours en prenant son temps. Variante d'une journée, un aller-retour de 2 heures sur le Doubs, à partir de Verdun-sur-le-Doubs.

- La Truchère :  Le couple de Hollandais qui a posé là ses valises et gère le port communal, taille volontiers une bavette. Les deux restaurants, La Grenouillère et L'Escale proposent des grenouilles, plat typique de ce coin de Bresse, mais il faut savoir qu'elles viennent d'Indonésie. «Il n'y a presque plus de pêcheurs professionnels et les volumes ne satisfont pas la demande», explique un restaurateur.

- Tournus : ses couleurs et ses tuiles romaines rappellent la proximité de Lyon.

- L'écluse de l'Orme : la 1ère écluse sur la Saône après avoir quitté La Truchère, impressionne par ses dimensions.

- Verdun-sur-Le-Doubs : pour sa spécialité de pôchouse, matelote faite avec 2 poissons à chair maigre : le brochet et la perche, et 2 à chair grasse : l'anguille et la tanche. Agréable promenade sur l'île du château récemment aménagée.

- Saint-Jean-de-Losne : premier port fluvial de plaisance de France, haut-lieu de la batellerie en France avec le "Pardon des mariniers" chaque 3ème dimanche de juin.

- Auxonne : la petite ville s'anime les jours de marché, installé sur la place principale et dans l'ancien arsenal d'artillerie bâti par Vauban, aujourd'hui transformé en halles.

Informations pratiques :

- Une nuit dans un port revient à 8 à 15 euros la nuit, un peu plus cher à Chalon-sur-Saône, doté de douches.

- Exception faite du pain, il n'est pas évident de faire des provisions dans les villages le long de la Saône, sauf dans les plus grands ports. Il est également regrettable de ne pas trouver facilement des produits régionaux qui font tant plaisir aux touristes.

Pour bâtir son itinéraire :

www.bourgogne-tourisme.com, /ou www.cotedor-tourisme.com

Une carte La Bourgogne au fil de l'eau est éditée par le comité régional de tourisme de Bourgogne, tél. 03.80.280.280.

Ou documentation@crt-bourgogne.fr

Loueur de bateaux : www.canalous-plaisance.fr/. Tél. : 03.85.53.76.74.

Relire : https://www.tracesecritesnews.fr/actualite/les-canalous-de-sacres-marins-d%E2%80%99eau-douce-10036

Lire aussi : "Le Tour de Bourgogne à vélo/en bateau" , hors-série de Bourgogne Magazine, 35 étapes et 500 bonnes adresses au fil des canaux en Bourgogne.

Crédit photos : Traces Écrites.

Remerciements : Les Canalous, le comité départemental de tourisme,  Côte-d'Or Tourisme, et le comité régional de tourisme, Bourgogne Tourisme.

2 commentaire(s) pour cet article
  1. CHOLLETdit :

    ...qui me raconte sa vie, m'écluse et me dit de prendre le tunnel, il y a un port après. Ainsi fais-je, casse-croute au port, commande de taxi pour Dijon. Entretemps, un plaisancier embarrassé de son véhicule me propose de prendre sa voiture à déposer à Dijon-Gare. Décommande du taxi. Et puis me dit-il: "vous allez à Mâcon; il y a la Saône et des trains". Allez-y avec ma voiture que je reprendrai. Ainsi fut fait et 1 semaine après, fou d'être tombé encore en panne, lui aussi à Savoyeux, puis à Montélimar, reprenait son auto dans mon jardin. C'est beau la confiance et la plaisance. A noter que ce Monsieur ayant acheté son bateau à Savoyeux, a du faire 1200 km par Saône, Rhône, Canaux du Midi et Latéral à la Garonne pour arriver à Bordeaux. C'est beau la plaisance et la confiance. A noter que ce Monsieur avait acheté son bateau pour l'amener 1200 km après à Bordeaux par Saône, Rhône, Canal du Midi, Canal latéral à la Garonne.

  2. CHOLLETdit :

    Bonjour, c'est le vieux fou de 76 balais, sur terre pour mois. La fin de l'histoire: un peu après Gray, je suis tombé en panne en pleine campagne et en pleine eau, of course. Panique. Une chance: mon moteur entrainait l'esquif à 2 km/heure. Arrivé à l'écluse de Savoyeux, un appel par le bouton rouge de l'écluse me permet de voir arriver un éclusier sympa...

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