Le droit de réponse est de droit, l’article 13 de la Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse dispose que : « le directeur de la publication sera tenu d’insérer dans les trois jours de leur réception, les réponses de toute personne nommée ou désignée dans le journal ou écrit périodique sous peine de 3750 euros d’amende sans préjudice des autres peines et dommages-intérêts auxquels l’article pourrait donner lieu [en application de cette disposition, la demande de droit de réponse doit être adressée au « directeur de publication » à défaut de quoi la rédaction est recevable à la refuser » : [Cass.civ. 29 avril 1998 94-14139]. En tant que directeur de la publication du site Traces Ecrites News et pour avoir suscité ce droit de réponse, après réception d’un courriel du directeur marketing du Conseil Interprofessionnel des Vins d'Alsace (CIVA) exprimant son mécontentement, il ne m’appartient de le commenter en aucune façon. Le droit de réponse procure une respiration salutaire à la presse française en ce qu’il offre à la possibilité à toute personne physique comme morale de réagir à un article qui la cite et lui déplaît. Qu’il me soit juste permis d’affirmer que depuis 10 ans qu’il publie, notre media en ligne ne s’amuse pas à « véhiculer des mensonges ». Sa crédibilité, largement reconnue par ses 65.000 visiteurs uniques mensuels, en fait au contraire un titre de presse plutôt apprécié pour la véracité et la pertinence de ses informations. Qu’il me soit aussi autorisé d’affirmer que la publication le 16 mars au début du confinement sanitaire, est totalement involontaire. Si elle a pu ajouter de la « déprime » dans le vignoble alsacien, je le regrette sincèrement. Didier Hugue

 

Ce droit de réponse fait suite à la publication le 16 mars dernier de votre article intitulé « Effondrement des cours du vrac, surstock, baisse de la consommation, le vignoble alsacien à un tournant de son histoire. »


Le 16 janvier, la journaliste qui a rédigé cet article rencontrait au Conseil Interprofessionnel des Vins d'Alsace (CIVA) notre directeur marketing. Il lui présentait, en synthèse, le mouvement inédit, historique, total et profondément stratégique qu’a initié l’ensemble du vignoble alsacien pour retrouver la place qu’il mérite. Cette dynamique, hors du commun, positionne tout le vignoble dans une posture offensive telle qu’il en a rarement connue dans le passé.
Loin de moi l’idée de dire que tout va bien, ni sur les problématiques en amont ni sur celles en aval. Mais votre article n’y fait nullement référence. La vivacité de cette dynamique vise à relancer une machine. Et cette machine montre des premiers signaux positifs, comme par exemple en ayant enregistré en 2019 la plus forte croissance volumes de ces 20 dernières années et avec plus de la moitié des entreprises qui ont fait de la croissance par rapport à 2018, ce qui est encourageant. Juste encourageant, rien de plus, mais rien de moins non plus.
Je déplore très vivement que votre rédaction, à travers cet article, ait pris le parti de mettre une emphase si négative, si peu constructive et à vrai dire si délétère sur la filière viticole alsacienne. Tourner votre article en focalisant sur l’anonymat des témoignages semble vouloir donner une image pitoyable de notre vignoble dans lequel la parole est évidemment libre, il y a de l’écoute, bien plus que vous ne pensez et tout le monde fait des efforts pour comprendre la position de l’autre.
Oui tout n’est pas parfait.
Et oui la presse est libre.
Par contre, la presse n’a pas le droit de véhiculer des mensonges : vous faîtes croire au lecteur que tous les cours du vrac en Alsace sont en-dessous du prix du revient. Ce n’est pas parce qu’une partie de contrats se sont établis à des prix très bas qu’il faut en faire une généralité.
Mais au regard de l’autre réalité (celle beaucoup plus positive mais qui ne semble pas vous avoir parlé), au regard des pressions exceptionnelles liées au Brexit, aux surtaxes américaines, …. et surtout au regard de ce que l’actuelle crise sanitaire amène comme nouvelles tensions extraordinaires (et qui je crois était plutôt bien connue, au 16 mars, date de la publication de cet article), je ne peux être que profondément choqué de cet angle rédactionnel.
Il aurait certainement été de meilleur ton, plus solidaire, plus citoyen, plus responsable, mais également plus fidèle à l’ensemble de la réalité d’approfondir la manière dont le vignoble recherche des solutions pour l’avenir proche et sur le long terme. Vous avez préféré remettre une pièce dans le juke-box de la torpeur quitte à précipiter encore quelques vignerons-lecteurs dans une déprime supplémentaire. C’est déplorable. Mais c’est votre vision des choses, je la respecte, mais n’en suis solidaire d’aucune manière.
Je tenais à vous le faire savoir, car si la parole de la presse est libre, la mienne, au nom de la filière viticole alsacienne, l’est aussi.
Didier Pettermann, président du CIVA

Réponse de Julie Giorgi, auteure de l'article objet du droit de réponse

Monsieur Pettermann,
Lorsque j'ai rencontré le 16 janvier le directeur marketing du CIVA, je n'avais pas encore bien arrêté l'angle que je souhaitais donner à mon article. Mon idée était de dresser un état des lieux économique de la filière viticole alsacienne et il était impossible de traiter ce sujet sans parler du problème des prix du vrac et des rendements.
Au fur et à mesure de mes recherches, de mes appels téléphoniques, de mes demandes d'interview envoyées par mail, je me suis aperçue qu'il existait un réel malaise dans la profession sur ce sujet. Si les témoignages de mon article sont anonymes c'est parce que c'était une demande expresse de mes interlocuteurs. Et j'étais contente de trouver des acteurs qui veuillent bien me parler sous couvert d'anonymat car j'ai essuyé de nombreux refus. Il n'y a aucun faux témoignage ni chiffre erroné dans mon article. Tous les chiffres cités proviennent de sources fiables : Synvira, CIVA, OIV.
J'ai fait sérieusement mon travail pour dépeindre une situation au plus proche de la réalité. Je ne nie pas qu'il y a de l'écoute et que des efforts sont faits dans chacune des familles (coopératives, indépendants, négociants). Je l'évoque d'ailleurs dans l'article en parlant des compromis possibles sur la question des rendements et du dialogue constructif entre Pierre-Olivier Baffrey et Francis Backert.
J'évoque également la création du comité du pilotage Alsace 2030, preuve s'il en est que la profession souhaite aller de l'avant et est engagée dans un mouvement constructif pour chercher des solutions à moyen et long terme.
Certes, je n'ai pas mentionné les chiffres que m'avait communiqués votre directeur marketing car ils ne concernaient que les ventes en GMS, ce que ne représente qu'une partie des ventes de vins d'Alsace. Mais je reconnais que le CIVA a construit une stratégie pertinente et dynamique pour toute la filière. Cela pourra faire l'objet d'un autre article. Celui-ci est déjà très long et complet. Concernant la date de parution, le 16 mars, en pleine crise du Covid 19, je ne maîtrise pas le calendrier de publication.
J'ai rendu mon article le 28 février, mais je ne suis pas la seule journaliste à collaborer pour le site de Traces Ecrites News, et ce site ne traite pas que de sujets alsaciens... Et oui : vive la presse libre !
Julie Giorgi, journaliste

riquewhir
Coteau de vignes en surplomb de Riquewhir (Haut-Rhin). © Traces Ecrites
2 commentaire(s) pour cet article
  1. Jean-Claude goudotdit :

    Bonjour, Etant très extérieur à tout cela et habitant la Franche-Comté, je pense que cette journaliste (que je ne connais pas) a fait son travail correctement. Il y en a marre de cette langue de bois comme celle du Président du CIVA qui s'obstine à nier la réalité qui pourtant le fait encore vivre. Et toute ressemblance avec la pandémie que nous connaissons, quant à la langue de bois, ne saurait être...que pure coïncidence.....

  2. Un commentaire anonymedit :

    J’ai lu avec attention votre réponse faite au CIVA. Je vous remercie de la franchise dons vous avez faite preuve et également le fait qu’un journaliste a finalement pris le temps de démontrer qu’il y a belle et bien un problème dans la filière. Étant moi même producteur j’ai l’impression de regarder un mur de personnes persistants a dire que tout va bien. Je fait malheureusement ce remerciement de manière anonyme au risque de me voir gonfler les statistiques (qui n’existe officiellement pas) des prix de vente en dessous des prix de productions.

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