Grosse opération de communication hier 11 avril à Dijon avec l’inauguration, en présence de plusieurs centaines de personnes, du poste de pilotage à distance des services municipaux qui préfigure ce que pourrait être une ville intelligente (« smart city »). Un consortium piloté par Bouygues Énergies & Services accompagne la métropole pendant douze ans.

Baptisé OnDijon, le projet de ville intelligente (« smart city ») est mis en oeuvre par un consortium d’entreprises piloté par Bouygues Énergies & Services, mandataire d’un marché de conception, réalisation, exploitation et maintenance, avec Citelum (groupe EDF), Suez et Capgemini. Son déploiement sur les 23 communes de l’agglomération (250.000 habitants) lui vaut selon leurs promoteurs, un caractère « inédit ».
Pour montrer l’ampleur de l’événement, leurs patrons s’étaient tous déplacés à Dijon ce jeudi 11 avril  : Martin Bouygues, PDG de Bouygues, Jean-Bernard Lévy, PDG d’EDF, Carmen Mulioz, directrice générale de Citelum, Jean-Louis Chaussade, directeur général de Suez et Jérôme Siméon, président de Capgemini France. Tous se sont félicités de porter Dijon sur le podium des futures villes connectées, privilégiant le discours politique au détriment d’explications concrètes sur ce qui ressemblera à la vie quotidienne d'une ville connectée. Mais ils ont douze ans pour y parvenir, la durée du contrat.

 LCRDijon


La première marche est constituée par le regroupement dans un même lieu, des cinq postes de pilotage qui géraient les principales fonctions urbaines en un centre de supervision unique : la police municipale, la sécurité, la circulation, le service d’information aux habitants Allo Mairie, le service de déneigement.
Située quai Nicolas Rolin au bord du canal de Bourgogne, la plateforme de gestion de l’espace public côtoie la police municipale sur le même niveau, Allo Mairie à l’étage et en octobre, les rejoindra le PC Mobilités qu’exploite Keolis pour le tramway, les bus, le vélos et les parkings couverts. 


Ce sont des employés du groupement d’entreprises, au nombre de 45, qui gèrent au quotidien le PC et la mise en relation avec les agents municipaux présents sur le terrain. La police municipale et le délégataire des  transports en commun conservent leurs prérogatives, mais « la proximité fera que nous seront plus efficaces. »

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Dévoilement de la plaque du poste de pilotage à distance des services de gestion de l'espace urbain de Dijon (Au centre, Marie-Guite Dufay, présidente du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, co-financeur et à l'arrière plan, François Rebsamen, présidet de Dijon Métropole). © Jean-Christophe Tardivon.

Le support informatique est la plateforme de gestion de la maintenance assistée par ordinateur, Muse® de Citelum. Elle recense tous les équipements publics, permet de suivre leur état de fonctionnement en temps réel et de piloter les interventions de maintenance. L’éclairage public, le métier de Citelum, constitue d’ailleurs une grosse part de ce contrat et des objectifs d’efficience négociés : 65% d’économies d’énergie.
En plus du remplacement des points lumineux par des Led au rythme de 1.500 luminaires par an (500 l’ont déjà été en 2018, 34.000 d’ici la fin du contrat), le gestionnaire va mettre en place un réglage variable, rue par rue, selon les usages : modulation de la puissance d’éclairement ou extinction avec capteurs de mouvements dans les quartiers résidentiels par exemple.
Le modèle économique du projet chiffré à 105,360 millions d’€ hors taxes, dont 53 millions d’€ d'investissements, repose sur les économies réalisées. « L’investissement aurait de toute façon du être fait par la collectivité et ce sont les économies qui vont le financer [ avec l’aide de la Région Bourgogne-Franche-Comté et de l’Europe, ndlr ] », assure François Rebsamen, maire de Dijon et président de la Métropole.

Batifrancdeux


La ville connectée suppose que tous les équipements municipaux le soient. Le parc de 209 caméras de vidéosurveillance l’est déjà et doit être renouvelé et complété au rythme d’une dizaine par an. Les feux tricolores le sont partiellement pour suivre le trafic en temps réel dans le but de le fluidifier. Les bornes d’accès aux zones piétonnes sont dotées de capteurs.
A la rentrée 2019, les  bus des principales lignes du réseau seront équipés d’un système de priorité aux feux. Il est également prévu d’installer des capteurs sur les aires de livraison et les stationnements minute de l’hypercentre pour éviter le stationnement abusif. Et de géolocaliser les véhicules d’intervention des agents municipaux afin d’accélérer les interventions, qu’il s’agisse de problèmes d’encombrement de la voirie ou de réparations urgentes, par exemple sur une borne bloquée ou vandalisée.
« Jusqu’ici, nous devions appeler les équipes pour vérifier où elles se trouvaient. Désormais, elles seront géolocalisées et pourront intervenir immédiatement. » Petit à petit, 180 bâtiments publics de l'agglomération (l’Hôtel de Vogüe en 2019, la bibliothèque municipale et la patinoire l'an dernier) seront équipés de systèmes de détection incendie et intrusion.

Activer les cellules grises des « start-upeurs »

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François Rebsamen, au centre, président de Dijon Métropole avec Martin Bouygues (à gauche), PDG du groupe qui porte son nom et Jean-Louis Chaussade (à droite), directeur général de Suez. © Jean-Christophe Tardivon.

Le futur reste à écrire et la collectivité reste floue sur l’utilisation des données collectées, tout en assurant une protection conformément à la RGDP (règlement européen sur la protection des données) et une interopérabilité pour assurer la pérennité des choix technologiques à l’issue des douze années du contrat.
Mises à disposition ou vendues, elles sont sensées activer les cellules grises des « start-upeurs », des projets de services à la population. Par exemple, une application de gestion des événements pour informer, un jour de match de football, les citoyens via les réseaux sociaux sur les conditions de circulation et de stationnement. Un appel à idées sera lancé en mai de façon à procéder à un choix de servcies à développer d'ici la fin de l'année. Le consortium mené par Bouyges participera au financement de ces développements.

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Le bâtiment où est hébergé le centre de pilotage des espaces urbains de Dijon Métropole, plus connu localement sous le nom de Teletech, le centre d'appel qui devait entièrement l'occuper et qui emploie environ 70 personnes aujourd'hui. 180 agents de la SNCF devraient également s'y installer. © Jean-Christophe Tardivon.

La première sera une application d'alertes d'incidents sur l'espace public (chute d'arbres, encombrants non ramassés etc.. Via le réseau 4G de la téléphonie mobile, toute personne pourra signaler un problème, en l'authentifiant par une photographie et, en option, une géolocalisation (que l’utilisateur pourra refuser). Le centre de supervision urbain transmettra l'information au service municipal compétent qui avisera de l’urgence à traiter le problème.
L'application sera probalement hébergée sur le même serveur que  MyDijon (le service de gestion en ligne des services aux habitants, comme la cantine scolaire ou les garderies). Capgemini planche sur le sujet.

Les étudiants des écoles attendues sur le territoire aux rentrées 2019-2020 pourraient y trouver des sujets d’études.  « OnDijon a débouché sur la création d’une chaire universitaire dédiée à la gouvernance de la donnée, une formation spécialisée d’ingénieurs en informatique et en numérique du Centre d’Études Supérieures Industrielles qui ouvrira à la rentrée 2019 et l’arrivée deux nouvelles écoles d’ingénieurs, l’École Spéciale des Travaux Publics et l’École d’Ingénieurs en Informatique et électronique ESEO », énumère François Rebsamen.
Son opposition, principalement incarnée par le conseiller municipal Emmanuel Bichot, s'interroge sur « le coût très élevé » du projet et « la pertinence d'un choix technologique aussi lourd ». L'avenir le dira.

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Keolis qui gère le tramway, les bus, les vélos en libre-service et les parkings souterrains rejoindra le PC central le 27 octobre 2019. Sa gestion sera autonome, mais la proximité avec le service de gestion de la circulation facilitera la résolution des problèmes, estime le délégataire des transports en commun. © Jean-Christophe Tardivon.

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