FICTION/DIJON. Ville intelligente, smart city, gestion connectée de l’espace public : le contrat baptisé OnDijon, confié par Dijon Métropole à un groupement d’entreprises mené par Bouygues Énergies Services, peut sembler abstrait.

Comment va t-il se traduire dans la réalité ? La rédaction de Traces Écrites News est passée de l'actualité à la fiction en imaginant la vie quotidienne dans l’agglomération en 2030, au terme du contrat de douze ans.

 

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Visionnage d'un carrefour sur plan et en temps réel avec les caméras de vidéoprotection. © Traces Écrites.

 

18h, la rocade de Dijon est déjà chargée ; les automobilistes rejoignent leur domicile. A hauteur du parc Valmy, le ralentissement habituel se transforme en bouchon. Corinne reçoit un SMS sur son portable : un accrochage sérieux a nécessité l’intervention des pompiers ; le temps de dégager la voie, le message lui conseille de prendre la première sortie. Déjà tout juste à l’heure pour la fermeture de la garderie, là voilà en retard.

 

Heureusement, le week-end dernier, elle a pris le temps de télécharger l’application OnDijon dédié au service de la petite enfance. Au tableau de bord connecté de sa voiture, elle dicte un message pour prévenir le personnel.

 

Pendant ce temps, Arthur quitte son bureau du centre-ville. Ce matin, il a pris sa voiture. Franchement déjà pas une bonne idée un jour normal, alors ce soir avec cette rupture de canalisation de gaz, c’est carrément une mauvaise idée ! En allant chercher son véhicule sur la place de parking qu’il avait repérée le matin via son smartphone, il a lu le message sur le panneau électronique de la rue.

 

Son dernier rendez-vous de la journée est à 18h30 à Chenôve. Pour être à l’heure, il n’a pas d’autre solution que de prendre le tram ou le bus. Un coup d’oeil sur l’application mobilités avec le Wifi urbain gratuit, désormais disponible partout et rapide comme l’éclair grâce à la fibre optique déployée sur 140 km, et son trajet se dessine : le plus rapide, 24 minutes en tout, lui propose de descendre à la troisième station, puis de faire un petit trajet en bus, enfin de parcourir les 200 derniers mètres à pied. Ca existait déjà en 2018, mais franchement, ça fonctionnait mal.

 

 

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Qu’ils sont appréciables ces feux qui virent au vert au passage du bus quand on est pas dans sa voiture !, pense Arthur. Depuis les premiers véhicules équipés d’une antenne radio à l’automne 2018, ce sont maintenant 180 bus du réseau métropolitain qui ont la priorité sur la circulation automobile à l’approche de 113 carrefours dont les feux de circulation sont dotés d’un capteur.


En 2018, la technique de la radio fréquence avait été choisie. « Une solution éprouvée plus fiable que le GPS », nous précisait Magali Le Coze, chef de projet chez Bouygues Énergies Services, en insistant sur le fait que le projet de Dijon, était à l’époque qualifié de « visionnaire » parce que l’innovation ne portait pas sur les dernières technologies mais sur les usages que l’infrastructure pouvait apporter aux citoyens.


A quelques centaines de mètres à vol d’oiseau du bureau d’Arthur, rue Saint-Anne, le PC de commandement de Dijon Métropole est en effervescence. Un autre accident vient d’avoir lieu du côté du lac Kir. Depuis le printemps 2019, un poste de commandement unique remplace les six postes de contrôle du temps jadis (PC Sécurité, Police municipale, Centre de supervision urbaine, PC Circulation, Allô mairie et PC Neige) et a l’oeil sur les 24 communes de l’agglomération.


Tous les services de gestion des délégataires des services publics de l’agglomération ont rejoint les agents des services municipaux : bus, eau, gaz etc. « Nous gardons cependant, à chaque instant, le contrôle des opérations puisque la supervision du poste de pilotage sera assurée par la police municipale », avait indiqué le maire François Rebsamen.

 

 

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Exemple de message diffusé sur les outils de communication de l'espace public et aux abonnés des applications OnDijon sur smartphone. © Bouygues Energies Services.

 

Après avoir prévenu les secours et vérifié qu’ils étaient en route, un agent du PC rédige le message « Trafic routier perturbé, privilégiez le tram » qui s’affichera immédiatement sur tous panneaux électroniques d’information du secteur et les applications smartphone dédiées.


Trois heures plus tard, c’est au tour de Sidonie de quitter son travail au CHU, entre chien et loup. Son moyen de locomotion, c’est la bicyclette. Facile pour elle, de suivre la piste cyclable le long du tram. Au moment où elle débouche sur les faubourgs, il fait nuit noire. Au fur et à mesure de son avancée, l’éclairage des lampadaires des rues de son quartier exempt de pistes cyclables monte en intensité. L’impasse où elle habite s’éclaire à son arrivée : la lumière s’étendra lorsque plus aucun mouvement ne sera détecté.


Les ampoules de 34.000 points lumineux, soit 93 % de l’ensemble du parc d’équipements de Dijon Métropole ont été progressivement remplacées par des Led depuis 2018. Cette année-là, on en comptait guère plus de 1.500, et c’était le poste d’économies le plus attendu : « Plus de 65% d’économies d’énergie sur 12 ans, ce qui est considérable à l’échelle de Dijon Métropole », commentaient les acteurs du projet. L’accès au data promis dans le contrat permettra de le vérifier rapidement.

 

L’installation de boîtiers de télégestion dans les lampadaires relève de la dentelle. Le niveau d’intensité lumineuse a été déterminé zone par zone, et rue par rue, en fonction de la densité et de la fréquence de passage des piétons ou des cyclistes.


Applications smartphone pour le commerce, les transports…

 

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Le schéma de fonctionnement du dispositif de ville intelligente. © Dijon Métropole. Cliquez sur l'image pour l'agrandir.

 

Aujourd’hui, c’est dimanche. Il y a tellement de monde dans les rues piétonnes commerçantes de Dijon depuis que des cars entiers déversent des touristes à la cité de la gastronomie et que la Zone touristique Internationale (actuellement suspendue par la justice) autorise l’ouverture des magasins toute la journée, que l’intervention des services de dégâts des eaux se fait en toute discrétion depuis le PC de commandement. Les caméras intégrées dans les 26 bornes d’accès aux zones piétonnes permettent aux agents, depuis leur écran, d’ouvrir le passage du véhicule d’intervention à distance dans un bref délai.


Malgré la foule, Katia profite de son temps libre pour essayer de dénicher la paire de chaussures qui ira avec la robe de cocktail qu’elle a acheté en soldes l’autre jour. Rue de la Liberté, l’association de commerçants s’est accordée pour utiliser une application smartphone unique sur laquelle ses adhérents font connaître leurs opérations commerciales.

 

Katia ne tarde pas à repérer les chaussures à son goût et, étant du genre à ne pas laisser passer une bonne affaire, elle fera un détour par le musée des Beaux-Arts en attendant l'alerte de la promotion promise pour tout à l'heure. En passant devant le musée, une notification sur son smartphone lui apprend l’ouverture d’une nouvelle exposition temporaire : juste le temps qu’il faut pour laisser passer l’heure d’affluence dans le magasin au terme duquel le commerçant va pratiquer une remise exceptionnelle sur le prix affiché.


Reproductibilité de l’expérience dijonnaise

 

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Exemple d'informations sur les panneaux indicateurs des parkings à l'occasion d'un événement. © Dijon Métropole.

 

Pendant ce temps, sa soeur a préféré enfourcher son vélo et parcourir la piste cyclable le long du cana de Bourgogne. Avant, elle a vérifié sur son smartphone auprès d’Atmosf’air Bourgogne, le bulletin pollinique de la semaine (elle est allergique au plantain) et le niveau de pollution en ces temps de forte chaleur. Des capteurs via le réseau bas débit sans fil transmettent en permanence les données de la qualité de l’air.


Pas d’encombre sur le chemin de la cycliste, si ce n’est un reste de pique-nique nocturne. Smartphone en main, elle prend une photo en prenant soin d’avoir activé la fonction « géolocalisation » et l’envoie via l’une des applications citoyennes qu’ont mis au point des start-upeurs, à l’issue des nombreux appels à projets lancés au fil des années par Dijon Métropole.

 

Le PC reçoit l’information en temps réel et le signale au service propreté en vadrouille dans le quartier. Comme ils ne sont pas encore très nombreux à travailler le dimanche, l’équipe du lundi matin fera le nécessaire.

 

Des applications de service comme celles-ci, il y en a à revendre. La moins "gadget" permet au témoin d'un accident d'alerter le PC en quelques secondes. La moins sympa, de prévenir la police municipale d'un tapage nocturne en un clic.

 

En ouvrant l’open data de la gestion des services publics, Dijon Métropole a aiguisé l’imagination de jeunes informaticiens et marketeurs dont on ne connait plus le nombre aux Docks Numériques et au Village by CA qui a déménagé à la Cité de la gastronomie.

 

Les derniers arrivés, aidés financièrement dans leur projet par Dijon Métropole comme tous les précédents, s’intéressent à la reproductibilité de l’expérience dijonnaise en réfléchissant au postulat qu’avait posé le maire au moment de son lancement : « Le modèle contractuel que nous développons repose sur l’idée simple mais efficace qu’en générant des économies, nous allons pouvoir investir dans de nouveaux services. »

 

 

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OnDijon en chiffres

 

• Équipe de mise en oeuvre : Bouygues Énergies Service, mandataire d’un groupement d’entreprise avec Citelum (groupe EDF), Suez et Capgemini suite à un appel d’offres en 2015 pour la conception, la réalisation, l’exploitation et la maintenance (CREM) du poste de pilotage connecté.

• Un contrat de 12 ans, de 105 millions d’€ dont 53 millions d’investissements.

• Rénovation de plus de 34.000 points lumineux - 100% LED.

• Objectif 65% d’économies d’énergie au terme du contrat.

• 205 véhicules municipaux (police, agents de voierie) géolocalisés et 130 équipés de radio.

• 113 carrefours et 180 bus équipés de la priorité bus.

• Renouvellement de 269 caméras.

• Renouvellement de 26 sites de bornes d’accès. 180 bâtiments exploités en sûreté et sécurité dont 13 bâtiments rénovés écoles, gymanses etc.), l’ensemble connecté au PPC.

• Plus de 140 km de fibre optique déployés.

 

Pour en savoir plus sur l'économie à Dijon, consulter le site de Invest in Côte-d'Or

 

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1 commentaire(s) pour cet article
  1. BERLANDdit :

    Circulation : la communication est une chose, mais l'engorgement de la LINO et de la périphérie de DIJON est devenu insupportable le matin et en fin de journée. Beaucoup n'ont pas d'alternative à la voiture, et les parkings relais ne sont pas attractifs. Donc d'accord pour favoriser les modes alternatifs à la voiture, mais pas d'accord avec cette politique de dissuasion par les bouchons sciemment organisés !

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