USINAGE/DOUBS. Le sous-traitant industriel spécialisé en fraisage, présent ces jours-ci au salon international de l’aéronautique du Bourget, ajoute à son savoir-faire l’expertise et le dynamisme d’un petit décolleteur voisin, qu’il vient de reprendre.
Avec le rachat de Gillet Décolletage et la poursuite de son plan d’investissement en machines, pour 1,5 million d’€ au total, le dirigeant de STSI estime avoir une offre suffisamment sérieuse pour faire décoller sa société et concrétiser les contrats en cours dans le nucléaire, l’aéronautique ou le médical.

« Il faut que ça décolle, c’est pour ça qu’on a investi et pris tous ces risques », dit calmement Dimitri Fournier, le dirigeant de STSI qui vient de racheter Gillet Décolletage à Besançon.
Depuis 2009, pour bien montrer à ses clients équipementiers ou sous-traitants de rang 1 des marchés automobile, médical, aéronautique, de la défense et du nucléaire qu’elle n’entend pas se contenter des miettes, la société spécialisée dans la conception, la réalisation et la métrologie 3D de sous-ensembles mécaniques investit chaque année ou presque dans un nouveau centre d’usinage.
Cette année 2009 avait d’ailleurs marqué un premier tournant dans sa jeune histoire, avec la création du site actuel de Chemaudin, dans le Grand Besançon, d’une surface de production de 2.000m2.
« C’est à ce moment-là qu’on a commencé à faire de l’usinage en interne avec des investissements industriels relativement lourds dans le fraisage trois et cinq axes », se souvient-il.
« Le fraisage cinq axes, c’est un moyen de se différencier, tout le monde n’en fait pas. Avant, nous étions plus concentrés sur le bureau d’études et la métrologie, dans laquelle nous avons toujours eu un vrai savoir-faire. Aujourd’hui, nos clients veulent nous voir évoluer sur la partie fraisage, d’où l’arrivée, ici, d’un centre d’usinage cinq axes de grande dimension, pour des pièces d’un mètre. Parallèlement, une partie de ces clients ont besoin de décolletage, besoin que l’on satisfait avec la reprise de Gillet. »

Arrivé dans l’entreprise en 1999, le fils du fondateur (lire son portrait ci-dessous) imprime sa marque. L’activité historique de conception et d’outillage de contrôle concerne toujours essentiellement le marché automobile (26%, outillage et métrologie), mais le médical représente aujourd’hui environ 45% d’un chiffre d’affaires de 4 millions d’€, dont 22% à l’export, et pourrait encore se développer.
De ses ateliers sortent des composants de robots de diagnostic médical, par exemple, ou encore des pièces de structure supportant des roulements pour le secteur aéronautique.
Première opération de croissance externe
Au pilotage depuis 2004, Dimitri Fournier a fait passer l’équipe de 7 à 28 salariés et vient donc de réaliser sa première opération de croissance externe et de diversification en reprenant Gillet Décolletage.

« L’idée, c’est de prendre position pour être plus en adéquation avec nos clients, avec un chiffre d’affaires de 4 à 5 millions d’€. J’étais à la recherche d’opportunités et je visais les sociétés dont les dirigeants partaient en retraite et dont l’activité pouvait être complémentaire à la nôtre, c’est comme ça que je suis tombée sur Gillet Décolletage. »
La reprise est effective depuis avril 2017. Dimitri Fournier a déjà procédé à une embauche, un technicien chargé du pilotage de l’équipe. La gestion de l’entreprise, les RH et le développement commercial sont assurés par STSI, depuis Chemaudin, mais l’activité décolletage reste à Besançon, en tout cas pour l’instant.
Le renfort de Gillet Décolletage est bienvenu : l’entreprise emploie six personnes et dispose de neuf tours à commande numérique. Elle apporte de nouveaux marchés à STSI, notamment ceux de la billettique et de la tôlerie, plutôt en rang 2, « mais avec une forte réactivité puisqu’elle fait des petites et des moyennes séries, ce qui est plus rare chez les décolleteurs », ajoute le dirigeant.
« Il y a un vrai savoir-faire avec une équipe jeune, nous allons essayer de lui donner un nouvel élan tout en conservant la culture de l’entreprise », poursuit-il.
Les synergies sont évidentes et, déjà, STSI travaille avec des clients de Gillet. Dimitri Fournier envisage aussi de faire de l’assemblage de micro-composants Gillet sur des pièces de plus grande dimension fraisées par STSI.
Dans le domaine médical, les clients devraient eux aussi apprécier cette double compétence sécurisée par les certifications qualité de l’entreprise de Chemaudin.
Qui est Dimitri Fournier ?
Michel Fournier, son père, a créé la société en 1996. Dimitri Fournier y est arrivé en 1999, suivi de sa sœur Floriane, en 2000, qui, elle, assure désormais la partie administrative et financière.
Son DUT de génie mécanique en poche, le jeune diplômé a intégré une école de commerce, à Mulhouse, option « production et services industriels », puis travaillé quelques années à Paris dans des groupes industriels, et notamment dans l’énergie.
« Cette expérience m’aide aujourd’hui à mieux comprendre le fonctionnement de nos clients. Mais j’avais déjà dans l’idée de reprendre l’entreprise familiale. Ma maman était impliquée aussi et avec ma sœur, nous sommes dans le bain depuis tout petits, un peu comme Obélix et la potion magique. »
Dimitri Fournier est un homme de réseau. Il fait partie du CJD depuis plus de dix ans et est président de Scout Médical, un petit cluster de 12 PME impliquées dans la filière médicale qui, depuis six ans, échangent autour des problématiques et des pratiques.
« Je pense que l’union fait la force et que nos PME doivent se regrouper pour s’en sortir face à la concurrence mondiale. (…) Il faut rompre l’isolement du chef d’entreprise. Le réseau, ça ne fait pas tout mais c’est important, j’ai eu maintes fois l’occasion de le vérifier. »
Il a aussi inscrit STSI dans le cluster Aeromicrotec initié par le pôle Microtechniques. Aujourd’hui, à 43 ans, il estime qu’il est temps pour lui de donner un coup d’accélérateur à STSI, d’où cette opération de croissance externe. Son père, toujours dans les parages, semble approuver sa stratégie.