L’entreprise de micromécanique de Besançon intègre une activité de décoration des masses oscillantes des montres et ajoute un robot vision à ses bols vibrants. Historiquement fabricant d’outillages, Roland Bailly s’appuie sur ce savoir-faire pour développer son activité d’injection plastique.
En ce début d’année 2022, Roland Bailly s’apprête à acquérir deux machines d’établi qui ajoutent l’usinage de précision aux nombreux métiers de l’entreprise de Besançon, bien connue dans le milieu des microtechniques.
Sa participation à l’aventure de l’horloger bisontin Reparalux qui fabrique le mouvement du suisse La Joux-Perret, dans ses ateliers tous proches de ceux de Roland Bailly situés dans la zone des Tilleroyes à Besançon, l’engage vers une nouvelle voie : la décoration des masses oscillantes des calibres de montres.

Ajourées, perlées, ciselées, ornées de motifs, elles participent chez l’horloger à l’esthétisme et à la singularité d’une montre. Les essais, concluants, débouchent sur un investissement de 100.000 €. « Ce nouveau métier reste dans notre culture, la micromécanique », expose Thierry Bailly, président de la SAS.
Le dirigeant connaît bien le milieu de l’horlogerie. L’activité d’injection plastique, abritée dans le département maison baptisé « Microplast » génère 30% de son chiffre d’affaires dans ce secteur. Elle découle des premières heures de l’entreprise. Son père, Roland, avait démarré en 1964 en fabriquant des outillages et dix ans plus tard, les premiers moules d’injection plastique pour l’industrie horlogère.
Aujourd’hui, l’un ne va pas sans l’autre. Réorientée en 2006 vers le haut gamme, lorsque la mode des montres Swatch – un fidèle client –, s’est estompée, l’entreprise bisontine a assis sa singularité sur la conception des moules toujours associée à la production de pièces en injection plastique. « Une force vis-à-vis des concurrents », commente Thierry Bailly.
Une presse hybride, plus précise et moins énergivore

L’atelier de Microplast qui fournit 40% d'un chiffre d’affaires de 4 millions d’€ en 2021, tourne à plein régime. Des sept machines à injection plastique sortent des pièces souvent de quelques millimètres d’épaisseur en petites et grandes séries. La dernière, acquise en 2020, est une presse hybride – hydraulique et électrique – de 35 tonnes, plus précise et moins énergivore. En plus de l’horlogerie pour de grandes marques que la confidentialité empêche de nommer, Roland Bailly trouve ses marchés dans des secteurs de précision, le médical, l’ophtalmologie et la connectique spatiale.
La fabrication des moules de production se déroule dans un bâtiment séparé. Là on change d’univers. C’est la main – et la patience – de l’homme qui façonne le moule dans lequel sera injecté le plastique pour fabriquer une pièce en de nombreux exemplaires. « Un métier délicat. »
L’autre division de l’entreprise, les ensembles de distribution, est surtout connue pour les bols vibrants. Très utilisé dans l’industrie, ce dispositif d’alimentation des lignes d’assemblage qui amène les pièces en vrac jusqu’au poste de travail, dans une position et une fréquence définies, se met à l’heure de l’industrie 4.0. Un robot jumelé avec un système de vision industrielle dépose les pièces dans une position et une orientation choisies. « Cela apporte plus de flexibilité et permet des changements de séries plus fréquents. »
L’évolution des métiers conduit le dirigeant à toujours accueillir des alternants dans son effectif de 35 personnes. Actuellement deux étudiants en bac pro mécanique et BTS usinage. L’alternance relève d’une culture maison qui accorde une importance à la polyvalence. C’est, selon le dirigeant, la meilleure façon d’adapter l'activité aux fluctuations du marché.


Qui est Thierry Bailly ?
Lorsqu’il succède à ses parents en 2003, Thierry Bailly connaissait déjà bien toutes les arcanes de l’entreprise familiale pour avoir occupé plusieurs fonctions depuis la fin de ses études de commerce international en 1987. Il demeure le premier VRP de l’entreprise, souvent sur le terrain, chez ses clients grâce à une maîtrise de trois langues étrangères, l’anglais, l’allemand et l’italien.
L’entreprise s’affiche aussi volontiers dans les salons. Elle est la plus ancienne exposante de Micronora, le salon des microtechniques de Besançon qui se tiendra cette année du 27 au 30 septembre. « Depuis 1972 nous n’avons jamais failli à une seule édition », rappelle t-il.
Dans ses moments de temps libre, c’est le grand air qui l’attire. En particulier, la montagne du côté de Chamonix qu’il arpenta d’abord comme randonneur pédestre et à ski et dont il s’emploie aujourd’hui à gravir les plus hauts sommets (pas moins de 4.000 mètres) par l’alpinisme. « C’est bon pour la persévérance », dit-il.
