Cette plate-forme digitale, imaginée par Pierre-Emmanuel Baud, comble un trou dans la raquette des déplacements partagés. Ici, pas de longues distances, mais des trajets jusqu’à une vingtaine de km en ciblant des regroupements d’entreprises installées sur des zones d’activités en périphérie des villes moyennes et des gros bourgs. Et dont bien souvent une partie des salariés réside en zone rurale.

 

Lauréat 2021 du Réseau Entreprendre Franche-Comté, Pierre Emmanuel Baud, fondateur en fin d’année 2021 de Colleag - prononcez Colig - à Besançon, bouscule le covoiturage classique. Le CES de la Vegas l’a bien compris et y est aussi allé de sa distinction par la remise d’un award dans la catégorie Lutte contre le réchauffement climatique.


Le logiciel de la plateforme a été conçu et mis au point au laboratoire CIAD, pour Connaissance et Intelligence Artificielle Distribuées, placé sous la double tutelle de l'Université de Bourgogne et de l’Université de Technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM).

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Avec cette formule, pas de longues distances mais une offre de trajets partagés entre le domicile et le lieu de travail, d’une vingtaine de kilomètres maximum par trajet. Et pas de couverture nationale non plus. « J’ai choisis la grande région Bourgogne-Franche-Comté et la Suisse limitrophe, pour prendre en compte la situation des frontaliers, car pour l’heure, aucune concurrence n’existe mais j’avoue que les négociations progressent lentement », indique le dirigeant.

L’explication tient, outre la pandémie, à ce que la formule repose sur la participation financière des entreprises, en ciblant tout spécialement celles installées dans les zones d’activités en périphérie des villes de taille moyenne comme des gros bourgs. « Pour que notre système de covoiturage fonctionne à plein, il faut un potentiel de 200 à 400 salariés regroupés sur un périmètre assez restreint », explique Pierre Emmanuel Baud.

 

Une aide précieuse au recrutement

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Les temps de transport trop long fatigue les salariés, alors que partagés via le covoiturage, ils évitent stress et fatigue. © Shutterstock

 

L’entreprise acquitte un abonnement en fonction de sa taille et finance les trajets à hauteur de 2,50 € par passager et par covoiturage. Colleag reverse ensuite 2 € au conducteur, toujours par passager. Après inscription sur la plateforme, il suffit à l’utilisateur passager, pour réserver, de renseigner sa fiche sur ses habitudes de déplacement, ses horaires et même des choix plus personnels, comme par exemple, de prendre tel jour ses enfants à la sortie de l’école ou encore de se rendre, tel autre, à son club sportif.


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Il accède alors à un calendrier qui lui donne une liste de conducteurs respectant ses contraintes. En cas d’horaires fixes, comme c’est le cas pour les salariés de l’industrie postés, des semaines type peuvent être enregistrées à l’avance. Les employeurs en retireront des avantages considérables : gommer les difficultés de stationnement, éviter fatigue et stress de la route, économiser sur le coût du carburant, attirer des compétences éloignées du lieu de l’entreprise et réduire l’empreinte carbone.

Colleag, installée sur Temis Innovation, à Besançon, emploie quatre personnes, dont deux alternants. L’entreprise vise d’ici à 2024 les 680.000 € d’activité avec une cinquantaine de clients.

Qui est Pierre Emmanuel Baud ?

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Pierre Emmanuel Baud lors de la remise de son trophée Réseau Entreprendre Franche-Comté le 28 février 2022. Tout à gauche son parrain, David Hériban de Percipio Robotics. © © Matis Viot/ Coeur de Prod

Passionné, attentif et motivé, cet homme de 40 ans tout juste distille un fort dynamisme. Après des études à l’IMEA, l’école de commerce de la CCI Saône-Doubs, option affaires internationales - formation aujourd’hui arrêtée -, il rejoint à 23 ans Nike France au poste de merchandiser, puis devient chef de secteur.
Polyglotte (quatre langues), il s’installe en juin 2014 à Los Angeles pour faire du négoce de Combis Volkswagen que son associé rénovent en France pour les revendre. C’est à cette époque qu’il voyage en covoiturage. Un stage de trois mois à l’incubateur du MIT de Boston le convainc de monter sa propre structure de covoiturage, baptisée Ride SVP.
Quelques mois après son lancement, la sollicitation de grands groupes américains lui précisent d’impérieux besoins. « Ils m’indiquent tous avoir des problèmes de stationnement pour leur employés, des conséquences négatives sur le recrutement en raison des trajets pour certains et un besoin d’alléger leur empreinte carbone », raconte Pierre Emmanuel Baud. Un retour pour raisons privées  en France lui fait reprendre le bébé avec cette fois comme nouveau nom de société Colleag et un positionnement strictement domicile-travail.

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