Le Grand Chalon se tient prêt pour soutenir la concurrence exacerbée des territoires en raison de la crise économique. L’agglomération vient de rendre publique sa nouvelle feuille de route et mène une campagne pour attirer des cadres éprouvés par le confinement, sans pour autant mettre leur carrière en sommeil. Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, et Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'Etat à l’industrie, sont attendues ce lundi 20 juillet à Chalon-sur-Saône.
Sitôt réélu président de la communauté d’agglomération du Grand Chalon, Sébastien Martin dresse une nouvelle feuille de route pour attirer les entreprises sur ce territoire de Saône-et-Loire, fort de 9.400 emplois industriels selon l’Insee. La pandémie du coronavirus et le confinement qui l’a accompagné a déplacé les curseurs de l’attractivité des territoires vers des bassins d’emplois moins urbains.
Et contrairement à ce que l’on pouvait imaginer, les projets industriels n’ont pas disparu avec la crise économique, a révélé une étude du cabinet conseil Ancoris. « Les projets mûrs avant la crise ont pour beaucoup été maintenus et de nouveaux sont apparus [ voir schéma en fin d'article ] », relate Sébastien Martin. Le Grand Chalon veut aussi se tenir prêt à la relocalisation d’activités industrielles en Europe, l’un des principaux enseignements post-Covid-19.
Devançant la concurrence entre territoires qui sera sans doute encore plus exacerbée, le président du Grand Chalon et son service de développement économique ont revu leur stratégie. Basée jusqu’alors sur trois filières, la mécanique-métallurgie (un tiers des emplois industriels), la logistique et le numérique, la prospection commerciale s’enrichit de trois autres secteurs potentiellement porteurs. Le nucléaire et le démantèlement sont déjà un pilier de l’économie locale avec la présence de Framatome qui fabrique des composants pour les centrales nucléaires à Saint-Marcel.
L’électronique est perçue comme une voie plausible en raison de la présence d'importants donneurs d’ordre sur le territoire comme Schneider Electrique et Air Liquide. Enfin, l’emballage présent avec des industries historiques comme Veralia (ex Saint-Gobain, bouteilles en verre pour le vin), Emballages Laurent (carton) et l’une des dernières implantations, fin 2019, le plasturgiste SGT (préformes en PET pour les boissons) est vu dans le prisme du recyclage.
Une zone d'actviité libérée de toutes les démarches administratives, anticipées

« Nous avons le champ libre pour prospecter à grande échelle car nous disposons de foncier immédiatement disponible, 65 hectares sur la zone SaôneOr dont toutes les démarches administratives et études d’urbanisme et d’environnement ont été réalisées », commente le président. En terme d’immobilier, le Grand Chalon dispose aussi de 4 à 5.000 m2 de bureaux avec l’Espace Entreprises (d’anciens locaux de Kodak rénovés) sur la même zone d’activité. Classée zone d’intérêt régional, SaôneOr bénéficie d’aides régionales pour le développement ou l’implantation d’entreprises. Labellisée par l’Etat Territoire d’Industrie, l’agglomération peut aussi se prévaloir du soutien de la Banque des Territoires et de Bpifrance.
Cette stratégie de prospection s’accompagne d’un renforcement de l’animation du tissu local. Pendant le précédent mandat, un club d’entreprises a été créé ainsi que les journées Grand Chalon Business Dating, point d’étape annuel sur les grands projets de l’agglomération partagé avec les industriels. « Je vais m’impliquer personnellement encore davantage, affirme Sébastien Martin, en animant des petits groupes d’entrepreneurs montrant ainsi aux investisseurs qu’à Chalon, l’esprit d’entreprise est bien réel. »
Les réseaux numériques sont également appelés à rescousse. A l’image de la campagne « Osez Le Grand Chalon » qui se déroule pendant trois semaines en ce début d’été sur LinkedIn et d'autres réseaux sociaux pour attirer les cadres de Paris, Lyon et Toulouse qui aspireraient à prendre l’air sans négliger leur carrière professionnelle. « Il y a ici plusieurs grands groupes et de grosses PME qui sont toujours à la recherche de cadres et peuvent leur offrir une visibilité sur leur avenir. »
Le premier focus sur les nouvelles ambitions du Grand Chalon aura lieu ce lundi 20 juillet avec la visite de Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, et d’Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'Etat à l’industrie.
Avec au menu la présentation de SaôneOr (en plus de la visite d’Alfa Laval, de SGT et de la Cité du Numérique), les élus locaux attendent l’annonce de l’inscription de cette zone d’activité sur la carte de France des sites industriels "clés en main", sélectionnés pour être mis en avant auprès des investisseurs car libérés des déclarations administratives, toutes anticipées avant leur mise sur le marché.
