Dans quelques années, il est probable qu'on ne fasse plus d'injection de médicaments avec une seringue classique... du moins, les phobiques aux aiguilles se verront proposer la « seringue sans aiguille » qu'a mis au point la medtech dijonnaise Crossject. 2019 voit la récompense de 20 années de recherches et démarches administratives avec le statut d’établissement pharmaceutique. Ce qui lui autorise le dépôt d'autorisations de mise sur le marché (AMM) pour huit médicaments. Patrick Alexandre, son dirigeant, qui ne possède plus que quelques pourcents de sa société, à force de levées de fonds, prépare la phase industrielle avec une unité de production à Gray, en Haute-Saône.
Article publié le 25 février 2019.
L’entreprise aux 400 brevets pour son dispositif d’injection de médicaments sans aiguille, baptisé Zeneo®, décroche auprès de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) le statut d’établissement pharmaceutique, catégorie fabricant. Cette obtention permet à Patrick Alexandre, fondateur de Crossject, d’entrevoir le bout du tunnel, « car cela nous autorise à certifier les lots cliniques et procéder en interne aux contrôles de qualité sur le produit fini à usage humain », explique-t-il.
L’étape est en effet décisive après vingt années à batailler bec et ongles sur tous les fronts, avoir investi 100 millions d’euros et levé 30 millions en bourse depuis son introduction en 2014. Le dirigeant ne possède plus à présent que quelques pourcents de sa société mais c’est hélas le lot commun dans ce secteur de la santé très capitalistique.
Grâce à ce statut de laboratoire, et selon un calendrier de plus en plus précis, le dépôt des autorisations de mise sur le marché (AMM) doivent être effectuées l’an prochain et les premières commercialisations débuter aux États-Unis et en Allemagne en 2021. « Pour la France, ce ne sera sans doute pas avant 2022 », précise Patrick Alexandre.
Développement des capacités productives

Crossject dispose d’un portefeuille de huit médicaments, principalement d’urgence et d’urgence absolue, pour lutter notamment contre la crise d’asthme sévère, la surdose d’opiacés, le choc allergique ou encore la crise d’épilepsie. Le laboratoire s’adresse directement à un quart de la population mondiale hostile aux aiguilles, dont plus de 5% y sont totalement phobiques. « Mais pas seulement car notre actionneur Zeneo®, se révèle souvent plus simple et rapide d’utilisation que les seringues classiques », assure le dirigeant.
Pour satisfaire ce futur marché gigantesque, l’entreprise s’étoffe et investit en équipements nouveaux. Trois ateliers à Gray, en Haute-Saône, complètent le bâtiment dijonnais de 1.800 m2, datant de 2017, où sont pré-conditionnés les tubes contenant le médicament dans des kits prêts à remplir.
« C’est, en revanche, à Gray que sont fabriqués les générateurs de gaz, assemblés les actionneurs et que nous disposons d’un centre de métrologie », détaille Patrick Alexandre qui vient de récupérer 1.000 m2 supplémentaires pour produire à terme 6 millions d’unités après un investissement complémentaire en matériel de 2 à 3 millions d’€.
Le laboratoire Crossject emploie 73 personnes et table sur un premier chiffre d’affaires significatif supérieur à 5 millions en 2019 provenant de la vente de licences. Dans un avenir pas si lointain, une nouvelle unité, capable de sortir 15 millions d’unités annuelles, devrait voir le jour par module, toujours à Gray. L’investissement dans les seuls murs est envisagé entre 5 et 7 millions d’€ et sera de nature à gonfler l'effectif d'une centaine de personnes.

Ce dernier porte sur l’auto-injecteur Midazolam, adapté aux crises d’épilepsie. « Il y a un intérêt commun évident dans la protection des troupes contre les attaques réalisées avec des agents neurotoxiques. La Food and Drug Administration (FDA) et le DOD harmonisent leurs efforts pour favoriser le développement et l'utilisation de certains produits pharmaceutiques spécifiques, comme le nôtre », se félicite Patrick Alexandre, président du directoire de Crossject. A la fin de ce mois de décembre, le laboratoire complète son financement par une émission d'obligations convertibles de 5,7 millions d'€.
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Une extraordinaire aventure que Crossject! L'innovation en santé est longue et risquée, humainement comme financièrement, et l'équipe dirigeante a su piloter cela tout au long de ces années... le master Management et Innovation en Biotechnologies de l’Université de Bourgogne est très heureux d'avoir fourni des stagiaires de qualité et des collaborateurs remarquables pour participer au développement de cette entreprise!