Huawei choisit l’Alsace pour sa première usine de production en Europe. Les charcuteries Herta modernisent leur usine d’Illkirch pour 25 millions d’€. Afyren construit sa bioraffinerie à Carling-Saint-Avold en Moselle. Altuglas International passe sous pavillon américain. PSA Mulhouse : objectif plus de 100.000 véhicules l’an prochain. Hager base sa logistique mondiale à Reichstett. Les ports de Mulhouse vont prendre l’accent suisse. Focale détecte les compétences cachées dans les quartiers à Strasbourg. La rénovation urbaine entame son second tour dans l’agglomération de Mulhouse. Le Grand Est se dote d’un outil prédictif de la Covid-19. Le collège « Pailleron » de Fontoy en Moselle fait peau neuve. Moustache Bikes salué par un trophée de l’INPI.
On se retrouve le 4 janvier 2021, année où nous aurons la même envie de vous raconter toutes ces initiatives, de vous expliquer ces savoir-faire, de vous camper ces femmes et ces hommes qui font l’économie dans l’Est. Mais pour l’heure posons-nous, oublions autant que faire se peut, cette année très particulière. Oui, oublions, mais restons, prudent vigilant, attentif, empathique, bref humain.
• Le Chinois Huawei choisit l’Alsace pour sa première usine de production en Europe
Huawei a officialisé jeudi dernier le choix de l’Alsace pour la création de sa première unité de production en Europe. Après près d’un an de partie de cache-cache, le géant chinois des télécom a confirmé qu’il jetait bien son dévolu sur ce territoire qui l’a séduit par sa position franco-allemande et son esprit d’innovation. L’usine concernée créera 300 emplois à sa mise en service prévue début 2023, et 500 à terme, pour un investissement de 200 millions d’€. Elle fabriquera des composants pour les réseaux téléphoniques, « des solutions technologiques de réseaux mobiles pour nos clients européens », selon la terminologie de Huawei, représentant « 1 milliard d’€ de valeur de production par an », poursuit son communiqué commun avec la région Grand Est et la communauté d’agglomération de Haguenau (Bas-Rhin).
C’est en effet sur le territoire de cette intercommunalité que l’usine s’implantera, sur la plate-forme d’activités de Brumath. Cette zone était en concurrence avec le Parc d’innovation d’Illkirch près de Strasbourg et à un degré moindre avec Erstein, plus au sud de l’agglomération. Au début de l’année, la zone d’activités « Axioparc » en cours de création à Drusenheim (Bas-Rhin) sur une ancienne raffinerie Total tenait la corde, mais sa localisation jugée trop éloignée de Strasbourg et son voisinage de l’usine agrochimique Dow-Corteva classée Seveso 2 avaient fait reculer le groupe chinois.
Brumath, lui, est plus proche de la capitale alsacienne et son Business Parc « a été retenu à la faveur de son emplacement, sa superficie et extensibilité, ses infrastructures, son environnement alentour et sa disponibilité foncière. ». En outre, la venue de Huawei a fait l’objet d’un large consensus politique sur place, alors que la réticence au sein de l’exécutif de l’Eurométropole de Strasbourg vis-à-vis de la 5G a peut-être joué en défaveur de l’option Illkirch. M.N.
Les charcuteries Herta modernisent leur usine d’Illkirch pour 25 millions d’€
Herta va consacrer un investissement de 25 millions d’€ à son usine d’Illkirch (Bas-Rhin), où il emploie 350 salariés. Le groupe de produits de charcuterie va étendre son laboratoire qualité sur place et moderniser les installations pour « permettre une meilleure maîtrise des process de production », se traduisant par une réduction des taux de perte de matière et ainsi, mécaniquement, augmenter les volumes fabriqués. Une partie de l’enveloppe sera dédiée à la réduction de la pénibilité des tâches de manutention, comprenant la mise en place d’exosquelettes.
A Illkirch, Herta produit 17.000 tonnes annuelles, notamment les jambons Tendre Noix et Le Bon Paris, ainsi que la saucisse Knacki Végétale. L’investissement en Alsace s’inscrit dans un programme de 85 millions d’€ pour les sites français. Depuis juillet dernier, l’actionnariat d’Herta se répartit entre l’espagnol Casa Tarradellas (60 %) et Nestlé (40 %). M.N.
• La biotech Afyren construit sa bioraffinerie à Carling-Saint-Avold en Moselle

La société de biotechnologie clermontoise Afyren a annoncé le 10 décembre le démarrage du chantier de sa bioraffinerie sur la plateforme pétrochimique de Carling-Saint-Avold, en Moselle. La biotech de 23 personnes a mobilisé 80 millions d’€ pour y produire sept acides organiques à partir des résidus de l’industrie betteravière. A sa mise en service début 2022, le site emploiera 60 personnes en vue d’alimenter un marché mondial estimé par Afyren à plus de 10 milliards d’€ (agroalimentaire, alimentation animale, cosmétique, parfums et chimie fine).
Le projet est porté en partenariat avec le fonds d’investissement SPI (Sociétés de projets industriels) géré par Bpifrance. A ce titre, le fonds a acquis 49% du capital de la filiale en charge du projet, les 51% restants étant détenus par Afyren. Le pôle de compétitivité industries et agro-ressources (IAR), à cheval sur les régions Grand Est et Hauts-de-France, a pour sa part permis l’obtention d’un financement européen de 20 millions d’€. La jeune pousse explique le choix de Carling-Saint-Avold notamment par l’accueil de l’association des industriels de la plateforme Chemesis (Total, Arkema, SNF, etc.). P.B.
Les 120 salariés d’Altuglas International en Moselle passent sous pavillon américain
Arkema a divulgué le 14 décembre son projet de cession de son activité de polyméthacrylate de méthyle (PMMA) au groupe américain Trinseo. L’opération valorisée à 1,1 milliard d’€ a des répercussions en Moselle, puisque la plateforme pétrochimique de Carling-Saint-Avold (Moselle) accueille Altuglas International, filiale d’Arkema, un des trois sites européens de production de plaques en plexiglass (PMMA ) du groupe. L’activité y emploie 120 personnes.
Cette production été initiée en 1973 à Carling-Saint-Avold afin de diversifier la production du groupe dans le PMMA ou verre acrylique pour le bâtiment, l’industrie sanitaire, le transport et la communication (enseignes, présentoirs, etc.) Deux lignes supplémentaires avaient été construites dans les années 2000. L’arrêt de la production de résine MMA (méthacrylate de méthyle), le monomère du PMMA, en 2009 à Carling-Saint-Avold, avait conduit Altuglas International à s’approvisionner sur son site de Rho (Italie). Au printemps dernier, les besoins en cloisons de séparation induit par la crise de la Covid 19 a fait décoller la production de l’usine de 15%, avec 1.500 à 2.000 plaques produites par jour. P.B.
• PSA Mulhouse : objectif plus de 100.000 véhicules l’an prochain

La direction de PSA Mulhouse (Haut-Rhin) a présenté le 10 décembre le « PMT » (plan moyen terme), sa feuille de route pour la programmation d’activité du site en 2021. Selon les syndicats FO, CFTC et CFE-CGC organisés en entente locale qui en dressent le compte-rendu, l’objectif consiste à retrouver un niveau de plus de 100.000 véhicules, soit plus du double des 50.000 unités (DS7, 508 berlines et break) dont le site a dû se contenter cette année marquée par la crise sanitaire.
« Ce volume sous-entend la création de deux équipes à pleine cadence, contre deux équipes à demi-cadence actuellement », soulignent-ils, et par conséquent le recrutement de plusieurs centaines d’intérimaires. La hausse de production viendra aussi du lancement d’un nouveau véhicule en cours d’année. M.N.
• Hager base sa logistique mondiale à Reichstett

Le groupe franco-allemand de solutions électriques Hager a réceptionné, le 18 décembre, son nouveau centre logistique que lui construit LCR (Les Constructeurs Réunis) à Reichstett (Bas-Rhin), sur l’Ecoparc rhénan succédant à la raffinerie. Le site permet de gérer loin des zones habitées la circulation attendue de 30 à 40 camions chaque jour. Cette plate-forme de 27.500 m2, pour laquelle Hager a investi 40 millions d’€, devient le pôle mondial du groupe pour l’expédition des produits : elle réceptionnera les productions d’usines du monde entier pour les distribuer également sur la planète.
Le site sera en fait dédié aux activités internationales de chaque pays : « tout ce qui part au-delà de chaque marché domestique », précise Dominique Sacchet, chef de projet. Les 30.000 références concernées entreront par paliers dans la plate-forme, entre mai 2021 et le printemps 2022.
La plate-forme constituée de 10 systèmes d’automatisation et d’un transstockeur emploiera 100 salariés permanents, dont 80 venus de l’usine proche de Bischwiller dont l’activité logistique pour l’export est transférée à Reichstett. Hager conforte ainsi son ancrage en Alsace où il emploie 2.700 de ses 3.500 salariés français et de ses 11.500 collaborateurs dans le monde. Ces 40 millions d’€ d’investissements sont complétés en effet de 30 millions en production, pour une nouvelle ligne de relais électriques au siège français d’Obernai (Bas-Rhin) qui entrera en service à l’automne prochain. M.N.
• Les ports de Mulhouse vont prendre l’accent suisse

Les Ports de Mulhouse-Sud-Alsace finaliseront au cours du premier semestre 2021 leur changement de gouvernance. Leur exploitation va prendre une forme publique-privée. Elle sera partagée entre Voies Navigables de France (VNF), les collectivités locales, la CCI, la Caisse des dépôts et un groupement d’opérateurs conduit par Swissterminal, spécialiste helvétique du transport de conteneurs. Ce pool comprend également les ports du Havre et de Marseille.
Il détiendra 39 % de la société d’exploitation à statut de Semop (société d’économie mixte à opération unique), tandis que la Caisse des dépôts prendra 10 %. La majorité de 51 % appartiendra au Syndicat mixte ouvert (SMO) des Ports, qui réunit VNF, la région Grand Est, la CCI Alsace Eurométropole et les communautés d’agglomération de Mulhouse (M2A) et de Saint-Louis sur les territoires desquels sont implantés les trois établissements portuaires d’Ottmarsheim, de Huningue et de l’Ile-Napoléon.
Le SMO devient l’autorité concédante et son comité syndical du 1er décembre a approuvé le cahier des charges des trois concessions qui vont revenir à la Semop, pour une durée de 30 ans. Il a souhaité se donner un délai de six mois pour finaliser, par rapport à l’échéance visée du 1er janvier prochain, mais Mulhouse maintient bien le modèle de la Semop sur lequel il a travaillé depuis plusieurs années, contrairement aux ports lorrains qui reviennent à une concession classique. Exploitant d’un terminal conteneurs à Bâle et filiale du géant maritime DP World de Dubaï, Swissterminal et ses associés portuaires « apportent l’ouverture mondiale et l’ancrage dans la coopération transfrontalière, sous un pilotage de la gouvernance qui reste au local », souligne Gilbert Stimpflin, président de la CCI du Grand Est. M.N.
Focale détecte les compétences cachées dans les quartiers à Strasbourg
Mettre le pied à l’étrier à des personnes de quartiers sociaux éloignés de l’emploi en détectant leurs compétences cachées derrière l’absence de qualification « officielle » : le programme Focale poursuit l'objectif à Strasbourg (Bas-Rhin) de 400 bénéficiaires de 2020 à 2022. Le rythme est tenu avec 145 participants au bout de la première année, des habitants des quartiers du Neuhof et de la Meinau. L’initiative est pilotée par la Maison de l’emploi de Strasbourg et associe 14 structures : entreprises, coopérative, structure d’insertion, associations, organismes de formation.
Chacun apporte sa pierre (des offres de stage, des périodes d’immersion ou du coaching dans le cas des entreprises par exemple) pour construire un parcours sur-mesure de 15 mois à des personnes qui ont été détectées par des « référents » bien insérés dans ces quartiers, relevant d’une émanation du centre socio-culturel du Neuhof, le Dacip (Dispositif d’accompagnement collectif et individuel de proximité).
—L’un des dispositifs pour s’immerger dans le monde de l’entreprise consistent en des « activités rémunérées à la carte », missions de courte durée sur des besoins ponctuels que ne couvrent pas les offres d’emploi traditionnelles. L’objectif final de Focale consiste à trouver à la moitié des bénéficiaires un emploi « durable » ou au moins une formation qualifiante. M.N.
• La rénovation urbaine entame son second tour dans l’agglomération de Mulhouse

Le « Nouveau programme de renouvellement urbain » (NPRU) entre dans en phase opérationnelle dans l’agglomération de Mulhouse. Succédant au premier programme de rénovation urbaine (PRU) qui avait démarré en 2006, Il représente un montant total d’investissements de 381 millions d’€ d’ici à 2027, répartis entre la ville-centre, Illzach (pour la partie du quartier des Jonquilles sur son territoire) et Wittenheim (secteur Markstein-La Forêt), soit un périmètre de 50.000 habitants, près d’un cinquième de la population de l’agglomération.
Le conseil communautaire de M2A (Mulhouse Alsace Agglomération) l’a adopté à la mi-décembre. Il porte sur la démolition de 730 démolitions sociaux et 175 autres en copropriété, la reconstruction de 664 logements et la réhabilitation de 1 511. « Il va contribuer significativement au rééquilibrage du parc social de l’agglomération en orientant sa production vers les communes déficitaires en logements aidés », souligne Vincent Hagenbach, vice-président de M2A délégué à l’habitat et au renouvellement urbain.
Les trois-quarts du montant du NPNRU se concentrent sur Mulhouse. Le programme consacre un effort particulier au quartier des Coteaux (9.000 habitants), qui n’avait été traité qu’à la marge par le PRU 1, en prévoyant notamment la rénovation ou la reconstruction de trois groupes scolaires. Il s’adresse aussi au quartier Drouot-Jonquilles et poursuit l’effort engagé depuis 2006 en faveur des quartiers populaires anciens regroupés sous le vocable « Péricentre » : Wolf-Wagner, Vauban-Neppert-Sellier, Franklin, Briand et Fonderie. M.N.

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Touché de plein fouet par la première vague et pas épargné par la seconde de coronavirus, le Grand Est se dote d’un outil spécifique de prédiction de l’évolution de la pandémie à l’horizon de quelques semaines. Nommé PredictEst, il modélise et projette à 30 jours l’évolution de l’épidémie et il la cartographie à l’échelle d’îlots de 2.000 habitants (« Iris » en jargon statistique), donc celle d’un quartier de ville ou d’une petite commune. La mise au point, qui repose sur l’intelligence artificielle, associe les groupes Dassault Systèmes et Capgemini dans le groupement conduit par la région Grand Est et l’IHU (Institut hospitalo-universitaire) de Strasbourg.
Les données sont d’abord d’ordre sanitaire : propagation du virus, nombre d’hospitalisés, taux de reproduction…, avec des codes couleurs exprimant la tendance (amélioration, dégradation qui doivent garantir « moins de 5 % d’erreurs sur les besoins d’hospitalisation à 6 à 8 semaines et les taux d’infection », selon Gaston Steiner, président d’Inesia, la plate-forme numérique de support de PredictEst. Mais l’outil sert aussi à la prise de décision économique, en suivant des indicateurs comme l’évolution en temps presque réel des taux de chômage locaux ou les demandes de chômage partiel des entreprises. M.N.
• Le collège en structure métallique de Fontoy en Moselle fait peau neuve

Le collège en structure métallique de Fontoy (Moselle), de type Pailleron, vit ses derniers mois. Patrick Weiten, président du conseil départemental de Moselle, a posé le 11 décembre la première pierre de l’établissement qui s’y substituera, sur le même site, moyennant un investissement de 12,7 millions d’€. A leur mise en service prévue en décembre 2021, les 4.300 m2 accueilleront 560 élèves.
Les travaux étaient devenus indispensables dans la mesure où le collège construit en 1970 ne répondait plus aux nouvelles exigences environnementales et de sécurité. Le Département a inscrit ce projet dans une ambition forte d’économies d’énergie, puisque l’établissement cible le niveau « passif ». Une attention a également été portée au confort et à la santé des usagers, à la gestion des déchets de chantier ainsi qu’à la maîtrise du coût global en associant la maintenance dès la phase conception de l’ouvrage. Le chantier est réalisé par un groupement conduit par Demathieu Bard Construction (mandataire), KL architectes, Bagard & Luron architectes, les bureaux d’études OTE, Omnitech, Otelio et Creacept, ainsi que Demathieu Bard Maintenance. P.B.
• Le vosgien Moustache Bikes salué par un trophée de l’INPI

Le parcours de la PME vosgienne Moustache Bikes a été salué le 7 décembre par un trophée de l’Institut national de la propriété industrielle (INPI) dans la catégorie « marque ». L’entreprise fondée en 2012 par Grégory Sand et Emmanuel Antonot est leader en France sur le segment du vélo à assistance électrique avec des produits couvrant tous les usages (urbain, tout chemin, route, VTT).
« Moustache Bikes est une boîte enthousiasmante, visiblement très créative et pleine de promesses. Une marque qui capte l’attention » s’enthousiame Quentin Sannié, président des Trophées INPI 2020. Le jury composé de personnalités et d’experts issus des secteurs privés et publics a récompensé une success-story que la crise sanitaire est encore venue accélérer.
La PME qui emploie 140 salariés à Capavenir Vosges (Vosges) anticipe 90 millions d’€ de chiffre d’affaires cette année. « Construire une marque est une épreuve de longue haleine, qui demande de l’énergie, de la rigueur, du temps et beaucoup de cohérence », soulignent les co-fondateurs de Moustache Bikes. L’entreprise concourrait en finale face à la Maison Roze à Saint-Avertin (Indre-et-Loire), la plus ancienne manufacture de soie en France. P.B.