Passage incontournable du Tour de France, la montée de la Planche des Belles Filles, avant-dernière étape ce samedi 19 septembre après la traversée du Jura et juste avant l'arrivée sur les Champs-Elysées, est l’occasion d’une découverte d’une région où la randonnée cycliste est devenue une seconde nature. Le plateau des Mille étangs en Haute-Saône, dans le parc naturel régional des Ballons des Vosges, demeure une région préservée, faite de prairies, de tourbières et de forêts.
La Planche des Belles Filles, dans le massif des Vosges haut-saônoises, est devenue un passage incontournable du Tour de France. Yves Krattinger, président du Conseil départemental de la Haute-Saône, en est le meilleur VRP et a réussi à convaincre une nouvelle fois Christian Prudhomme, l’organisateur, d'accueillir une cinquième étape depuis 2012, samedi 19 septembre. Peut-être la plus belle.
La veille de l’arrivée du Tour sur les Champs-Elysées, l’ascension désignée par les spécialistes comme l’égal du Mont Ventoux, est décisive pour le maillot à pois du meilleur grimpeur. « Si les écarts s’y prêtent, les positions sur le podium pourraient voler en éclats », commente l’organisation du Tour de France sur son site Internet.


Exactement 5,9 km et quatre virages en épingle plus haut avec un dénivelé moyen de 8,5%, la 20ème étape – un contre-la-montre de 36,2 km depuis Lure –, se termine par une montée à 22% sur les 200 derniers mètres, à 1.035 mètres d’altitude. Un panneau là-haut attend le nom qui s’ajoutera aux précédents vainqueurs d’étape. Juste au-dessus de la petite station de ski davantage animée l’été que l’hiver, faute de neige.
Le site tirerait son nom d’une légende de la guerre de Trente ans. Face à la sinistre réputation des troupes suédoises, Inès et ses copines du village d’en bas Plancher-les-Mines se réfugient sur le sommet mais poursuivies, se jettent dans l’étang. Le regard échangé entre Inès et l’un des soldats ne suffit pas à l’en dissuader et c’est lui, par regret, qui aurait baptisé les lieux sur une planche.
Pour gagner la Haute-Saône, le Tour de France traverse le Jura ce vendredi 18 septembre. Un département habitué à accueillir la Grande Boucle : la dernière fois, pas plus loin que 2019. Les coureurs auront parcouru 166,5 km avant d'arriver à Champagnole, la ville d'arrivée de la 19ème étape.
Une traversée de 33 communes depuis l'Ain (départ à Bourg-en-Bresse), par Saint-Julien-sur-Suran et Cressia, sur un itinéraire parallèle à l'A39 qui passe par la ville-préfecture, Lons-le-Saunier, suit la côte des vins via Château-Chalons, pour remonter vers Nozeroy avant l'arrivée du vainqueur un peu avant 17h30.

Dans ce coin de Haute-Saône, un autre lieu attend fébrilement le passage des coureurs. La commune de Mélisey arbore depuis le début de l’été des calicots encourageant l’enfant du pays, Thibaut Pinot. Hélas, les habitants de ce gros bourg (1.680 habitants) sans attrait particulier, auraient préféré qu’il caracole dans le peloton de tête ou, plus crédible, défende le maillot à pois. Le fils du maire depuis 2008, Régis Pinot, a son fan club et inspire dès le plus jeune âge de jeunes cyclistes. Il faut dire que la région, indépendamment de la présence du coureur, se prête au vélo : franchissement d'une dizaine de cols ou cyclotourisme, plus tranquille.
L’office de tourisme de Mélisey loue des vélos électriques qui permettent même aux moins sportifs de monter une pente de 10% sans s'épuiser. Il invite à parcourir le Plateau des Mille étangs, qui en réalité compterait plus de 1.400 pièces d'eau.
L’ère glaciaire avait façonné des cuvettes devenues étangs et tourbières, au cœur de prairies ou de forêts, puis les moines les ont exploité pour beaucoup en pisciculture. Pas moins de 250 km de voies cyclables, chemins et petites routes sont balisées formant 21 boucles de 3 à 24 km, certaines croisant des circuits de randonnée pédestre.
La moindre ferme, son étang


« La moindre ferme a son étang et certains propriétaires louent leur étang aux pêcheurs », raconte Nicolas Bonne, guide de l’office de tourisme des 1000 étangs et cycliste amateur. Il allie l’utile et l’agréable en accompagnant, à vélo, les touristes à la découverte du plateau. Depuis la reprise des activités touristiques, en juin, son escapade « Vélo Gourmand » affiche complet jusqu’à fin septembre. « J’ai voulu associer la découverte des paysages et des producteurs locaux ; souvent les circuits passent par des hébergements en pleine nature qui peuvent inspirer les vacanciers », explique t-il.
A midi, plutôt que d’apporter le casse-croûte, le petit groupe de cyclistes s’arrête au Moulin de Saphoz à Esmolières, un gîte où Nadine et Guy Husser, des Alsaciens tombés amoureux d’une ancienne taillanderie au pied des Vosges ont préparé un déjeuner sur le pouce avec les produits du terroir. Sirop d’ortie pour l’apéritif, salade avec les légumes d’un maraîcher voisin, viande en direct de la ferme … Les recettes reviennent à la section vélo du Collège de Faucogney-et-la-Mer où leur fils a fait ses études. Un repas suffisamment léger destiné à retrouver de l’énergie pour appuyer sur les pédales et poursuivre l’escapade.


En 2011, Ivan Lahore quitte son poste d’ingénieur système en ville pour donner un coup de main à ses parents qui tenaient l’auberge La Chevauchée au col de Chevrères (commune de Belfahy). Depuis, il a repris l’affaire et l’a transformée en confiturerie et bistrot, les « Confitures des 1000 étangs ». Les cyclistes – « J’en vois 200 à 300 par jour passer le col » – , s’y arrêtent pour un rafraîchissement. Il a concocté pour eux la « confiture du grimpeur », un mélange énergétique de banane, kiwi, orange, citron, abricots secs. Il en vend 1.500 pots par an.
Pour ses autres produits, confitures, gelées et sirops, le quadra tire son inspiration de la nature environnante : le serpolet qui pousse de l’autre côté de la route, les différentes menthes sauvages sur les rives des étangs, les fraises des bois, les orties et pissenlits des fossés… « Je pars souvent d’un souvenir gustatif et j’essaie de le reproduire en transformant tout ou partie des plantes », raconte t-il. Sa production (15.000 pots de confiture) est vendue sur place, dans une boutique en ligne, sur des marchés locaux et quelques épiceries fines à Paris et Strasbourg.

Bonnes adresses
• Chambres d'hôtes à Mélisey, Les Chambres Noires, 17 rue du Moulin (03 84 63 45 03). Fabienne, journaliste et Fred, photographe, ont aménagé un ancien cinéma-théatre des années 30, en plein cœur du bourg, en habitation avec 4 chambres d’hôtes. La grande salle où est servi le petit déjeuner est aussi un lieu d’exposition du maître des lieux.
• Chambres et table d'hôtes à Haut-du-Them-Château Lambert, La Ferme de Là-Haut, 685 Le Lanxey (06 15 38 62 62). Il ne faut pas s’effrayer de la longue montée dans laquelle deux voitures ont peine à se croiser pour rejoindre ce chalet en pleine forêt à 700 mètres d’altitude. Viviane qui exprime ses origines alsaciennes dans le décor des trois chambres d’hôte est une cuisinière hors pair.

• Le Moulin de Saphoz, 1 lieu-dit Saphoz, Esmoulières (03 84 49 33 44). C’est dans ce gîte, ancienne taillanderie, que l’escapade « Vélo Gourmand » fait sa pause déjeuner.
• Les Jardins de la Grange Bourgey, lieu-dit Au Bourgey, La Voivre (06 52 70 21 94). Maraîcher bio et en permaculture qui vend sur les marchés et en ligne. Il fournit les légumes de la pause de l’escapade « Vélo Gourmand ».
• La Ferme du Breuillet, à Corravillers (06 77 26 90 63). Franck Gehant et Benjamin Sirguey vendent la viande bovine de leur élevage, à la ferme ou sur commande avec livraison à domicile.
• Confitures des 1000 étangs, Auberge de la Chevauchée, 18 rue du Col des Chevrères, Belfahy (06 61 15 63 90). Lieu réputé pour sa tarte à la myrtille, inégalée (après test).



Photos Traces Ecrites