AUTOMOBILE/HAUT-RHIN. Pour celui qui revient sur les lieux quelques années après, la transformation de l'usine PSA de Mulhouse saute aux yeux.

Les robots et autres automatismes ont envahi les lignes. L'emblème en est sans doute cette cohorte d'AGV, des véhicules guidés automatisés qui acheminent d'eux-mêmes les ensembles de pièces au montage, repoussant les Fenwick dans les oubliettes. Visite.

 

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L’atelier de montage est équipé de 340 AGV (Automated Guided Vehicles), des véhicules à guidage automatisé. © Traces Ecrites.

 

Les hommes et femmes sont toujours là (quoique moins nombreux), mais leur manière de travailler a changé. Ils se regroupent en îlots plus autonomes. Dans l'usine PSA de Mulhouse (Haut-Rhin), la préparation des pièces s'est considérablement rapprochée du montage des véhicules.


Le « kitting » permet aux opérateurs de puiser sans hésitation dans un bac la pièce ou le sous-ensemble adéquat pour l'opération à effectuer sur le modèle de véhicule qui se présente.

 

Les « skillets »,  des plateaux qui descendent ou remontent la voiture jusqu'à 1,85 m du sol, les font travailler à bonne hauteur. Et l’éclairage a tellement augmenté qu'en comparaison, les derniers pans de “l’ancienne” ligne ont l'air bien sombres et dépassés technologiquement, alors qu'ils ne datent pas de la préhistoire.

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Bienvenue dans l'usine du futur PSA Mulhouse. Celle que sa direction présente comme « agile », plus ergonomique pour les salariés. Et surtout plus moderne.


« Nous sommes en train de démontrer ici qu'on peut fabriquer en France, dans une “vieille” usine, aux meilleurs niveaux européens, voire mondiaux », affirme Corinne Spilios, la directrice du site. Elle ne cache pas son rêve de faire rentrer un jour Mulhouse dans le club des « dix meilleurs usines du monde ».


En attendant, le directeur industriel de PSA, Yann Vincent, s'accorde à classer le site alsacien parmi « les meilleurs » du groupe. « Mais pas le meilleur ».

 

Le verdict renvoie à quelques chiffres. En matière de “bon direct” par exemple, Mulhouse est à 85 % quand la moyenne PSA se situe à 88 %, ce qui signifie de près de 9 véhicules sur 10 arrivent à l'expédition sans la moindre retouche finale.


En fait, Yann Vincent joue aussi et surtout le rôle du stimulateur qui pousser à toujours faire mieux, dans l'esprit du programme “Usine excellente” de PSA : celui-ci consiste chaque année à définir pour chaque site une « cible », une sorte d'idéal, à approcher dans les trois ans.


Concentration de l'activité sur une surface plus réduite

 

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Vue d’ensemble des bacs de rangement de pièces, point de départ du « kitting » qui alimente la ligne de montage. © Traces Ecrites.

 

Inscrit dans ce cadre, le site de Mulhouse bénéficie de moyens exceptionnels : 400 millions d’€ d'investissements jusqu'en 2020. Un quart concerne les ateliers de forge, fonderie et mécanique qui lui sont spécifiques.


Mais les 300 autres millions pour la partie « terminale » (le montage et ses phases immédiatement amont) constituent le montant le plus élevé en cours parmi les cinq usines françaises qui assemblent les véhicules. Sochaux suit immédiatement, avec 200 millions.

 

Commencé en 2015, le programme est en avance sur le rythme calendaire : il est réalisé aux deux-tiers, évalue Corinne Spilios. Il s'accompagne d'un « compactage », la concentration de l'activité sur une surface plus réduite, que la directrice entend poursuivre : de 320 hectares, « nous souhaitons ramener la surface utilisée à maximum 250 ha en 2021 », annonce-t-elle.


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La transformation est synonyme de volumes croissants. Cette année, PSA Mulhouse aura produit un peu plus de 250.000 véhicules, à savoir la Peugeot 2008 qui concentre près de 80 % de ce total, les premiers exemplaires de la nouvelle DS 7, et en complément la DS4 et la C4 qui sont en fin de vie.

 

En 2021, l'objectif est d'arriver à 400.000 véhicules annuels. La ligne en cours de modernisation aura la capacité technique de monter six silhouettes en même temps.

 

Elle sera unique, puisque le passage au “monoflux” achève son processus. En février prochain, l'ancien système, aujourd'hui dédié aux C4 et DS 4, sera réduit à une demi-équipe de 24 heures (samedi et dimanche) travaillant à mi-cadence, pour quelques mois le temps de fabriquer les derniers exemplaires de ces modèles Citroën.

 

Une économie de 700 € par véhicule

 

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L'arrivée d'un sous-ensemble sur la ligne de montage. © Traces Ecrites.

 

Sur la nouvelle ligne en revanche, la cadence augmente, elle tend vers 60 véhicules/heure. Mais selon la direction, ce n'est pas au détriment des conditions de travail, dans la mesure où les robots remplacent l'être humain dans des opérations pénibles, comme la pose des feuilles d'étanchéité sur les portes.


La modernisation procure aussi des gains de temps et d’efficacité. Par exemple, la nouvelle mesure de dimensions « sans contact, en 3D, se fait sur 100 % d'une pièce en 20 minutes  alors que la technique précédente, au toucher, prenait 3 heures, sans couvrir toute la pièce », décrit Jérôme Filz, responsable d'équipe à l'atelier de ferrage.


L'objectif PSA est d’économiser 700 € par véhicule produit de 2015 à fin 2018. Yann Vincent estime que le groupe se situe « sur la trajectoire », avec un gain effectif de 467 € à fin 2016 et une prévision à moins 529 € en cumul à la fin de cette année.

 

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PSA Mulhouse aura produit un peu plus de 250.000 véhicules cette année. L'objectif est d'atteindre 400.000 en 2021. © Traces Ecrites.

 

L'autre diminution, à Mulhouse comme ailleurs, concerne les effectifs permanents : 5.800 salariés inscrits PSA aujourd'hui, c'est 2.700 de moins en six ans ; le nombre d'intérimaires s'élevant à 1.200. Il s'agit du point d'achoppement principal avec les syndicats, y compris les signataires de l'accord de compétitivité “Nouvel élan pour la croissance”.

 

Les représentants des salariés ne cessent de réclamer le retour aux embauches fermes, en craignant qu'un jour, la corde ne finisse par casser à force de tirer dessus. Mulhouse a rouvert le robinet des CDI de façon timide : 25 recrutements cette année.

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