mulhousevoitureAUTOMOBILE. Depuis hier 18 novembre, Corinne Spilios a pris les clés de l'usine PSA de Mulhouse.

Arrivé il y a moins d'un an et demi, Luciano Biondo les a rendues.

Le contexte économique est fragile : si la cadence horaire à 50 véhicules sera franchie en janvier prochain avec le nouveau crossover Peugeot 2008, l'objectif d’un maintien de deux équipes sur les deux lignes jusqu’en 2015 n’est pas atteint.

L'usine de Mulhouse devrait produire 212 000 véhicules cette année, 11 000 de moins que l'an dernier.

Et si les effectifs temporaires sont passés de 80 à 520, les permanents ont baissé de 240. Etat des lieux.

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Partant au bout de seulement quatorze mois, le directeur de l’usine PSA de Mulhouse (Haut-Rhin), Luciano Biondo aura eu le temps d’imprimer une feuille de route qui guidera le site encore pendant pas mal d’années.

Annoncée vendredi dernier, la démission de Luciano Biondo a été une surprise qui laisse évidemment la part belle à toutes les conjectures.

Le scénario qui devrait être confirmé est celui d’une opportunité dans un autre groupe automobile. Pourquoi pas Toyota, où il a effectué un aller-retour au début des années 2000.

Bien connu à Mulhouse dont il avait dirigé l’usine de peinture, Luciano Biondo était revenu en Alsace en septembre 2012 avec quelques idées fortes.

D’abord améliorer la compétitivité du site. Puis ce chantier effectué pour lequel il se donnait trois ans, obtenir du groupe la production d’un véhicule à grand volume en 2017. 

Jugeant à son arrivée le site « pas au top de sa performance » - une pique en direction de son prédécesseur - sa priorité consistait à augmenter la cadence horaire à 50 véhicules par heure et à maintenir au moins ce seuil.

Tout à fait possible, selon lui, avec une organisation de travail fiable, en éliminant les « dysfonctionnements », les défauts de qualité, les hiatus de la supply chain avec les fournisseurs et les transporteurs, etc.

Sur la ligne de montage de la 2008, ce palier sera franchi en janvier prochain à l’occasion de la montée en puissance du nouveau crossover (*) qui ramène à une organisation en deux équipes complètes de jour. « On peut pousser à 52-53 véhicules/heure » avait-il déclaré fin octobre.

Luciano Biondo, l'ancien directeur.
Luciano Biondo, l'ancien directeur.

Les modèles Citroën pénalisants

La ligne des Citroën C4 et DS 4, elle, est passée de 42 à 50 véhicules/heure depuis un an. Au prix de la suppression d’une demi-équipe début 2013.

L’objectif initial de Luciano Biondo d’un « maintien de deux équipes sur les deux lignes jusqu’en 2015 » n’est donc pas atteint à son départ anticipé.

Mais difficile de lutter contre la pression à la baisse du marché européen, qui pèse sur les modèles plus matures. Sur l’avenir à long terme, l’objectif de fabriquer un véhicule de grande série s’inscrit dans le cadre plus large du Nouveau contrat social : l’accord de compétitivité de PSA signé en octobre engage le constructeur à confier au moins un nouveau modèle à chaque site en 2016.

Mais l’usine mulhousienne a besoin de mieux tourner pour se rassurer.

Avec 223 000 modèles sortis en 2012, elle s’est située l’an dernier sous le seuil de 250 000 véhicules, considéré comme le palier à partir duquel on peut envisager de passer à une seule ligne de montage au lieu de deux.

Sur l’année 2013, le site devrait produire 212 000 véhicules.

Pratiquement inchangée en un an, sa cadence journalière atteint 1120 unités : 615 pour la 2008 (et 680 en février prochain), mais quelque 500 (**) seulement pour les C4 et DS 4.

Le contraste entre la belle santé de la ligne Peugeot enchaînant les samedis travaillés et celle de la ligne Citroën qui cumule le chômage technique inquiète en interne.

Lancement réussi de la 2008

Côté social, les salariés saluent chez l'ancien directeur un style franc, direct, apte à parler un langage de vérité. « Luciano Biondo a su fédérer le personnel autour d’un projet en donnant le cap », soulignent les syndicats FO, CFTC et CFE-CGC. Le ton est également plutôt positif à la CFDT.

Pour la CGT, la courte ère Biondo se résume par la baisse des effectifs à cadence égale. « A son arrivée, le site employait 8 850 salariés, fin octobre 2013 il y avait 7 889 salariés à l’effectif. Monsieur Biondo est l’homme aux mille suppressions d’emploi », assène le syndicat.

Tout dépend de l’angle de lecture. Arrivé au milieu d’un plan de suppression de postes dans le groupe dont il ne détient pas les clés et dans une phase de baisse de l’intérim, on peut aussi dire que Luciano Biondo a procédé à trois vagues de recrutement d’intérimaires grâce au lancement réussi de la 2008, dont celle qui démarre ces jours-ci.

De janvier 2013 à  janvier 2014, ces effectifs temporaires seront passés de 80 à 520. Quant aux effectifs permanents, ils ont baissé de 240 sur les douze derniers mois pour se situer à 7 460 personnes début novembre.

Corinne Spilios a pris les clés de l'usine PSA de Mulhouse le 18 novembre.
Corinne Spilios a pris les clés de l'usine PSA de Mulhouse le 18 novembre.

Qui est Corinne Spilios ?

Agée de 43 ans, la nouvelle directrice du site PSA de Mulhouse est diplômée des Hautes Etudes d’Ingénieur de Lille et de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers.

Elle a débuté sa carrière chez PSA Peugeot Citroën en 1995 en tant qu’ingénieur qualité.

Puis elle a occupé différentes fonctions industrielles, en particulier dans les métiers liés au montage.

Depuis septembre 2011, elle était directrice de la qualité du site de Rennes.

(*) un compact urbain.

(**) 505 en décembre par exemple, 503 en novembre.

Crédit photos : Christian Robischon et PSA

 

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