Desserte quotidienne du haut-Jura, de Dole à Saint-Claude, la ligne des hirondelles est aussi une attraction touristique avec ses viaducs qui offrent une vue plongeante sur la montagne qu’elle traverse et les villes qu’elle dessert. Attention, le train entre en gare.


En fin de matinée d’une belle journée d’août, une partie du TER en partance de Champagnole (Jura) était réservée à des voyageurs pas comme les autres. Pendant le trajet d'une heure jusqu’à Morez, tous avaient les yeux rivés sur les grandes baies vitrées du train, smartphone ou appareil photo prêt être déclenché.

La « ligne des hirondelles » qui parcourt en 2h30 les 123 km séparant Dole de Saint-Claude, forme une liaison ferroviaire particulière : empruntée quotidiennement par les travailleurs locaux et frontaliers avec la Suisse, ainsi que par les scolaires jurassiens, elle est aussi une ligne touristique, vendue comme telle dans un prospectus du Parc naturel régional du haut-Jura.

 

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En saison, les offices de tourisme de la région proposent des voyages commentés aux touristes qui peuvent aussi acheter leur billet dans n’importe quelle gare comme tout voyageur. Le train touristique et le train de voyageurs ne font qu’un et c’est ce qui fait son originalité.

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Le train passe du premier plateau du massif du Jura où se situe Champagnole, à 540 m d’altitude, au second plateau jusqu'à 900 m, où des vaches, Montbéliardes pour la plupart, paissent dans les alpages. © Traces Ecrites
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Vue furtive, à travers la baie vitrée du train, du château de Syam dit « Villa Palladienne », une demeure du 16ème siècle, au plan carré centré sur un péristyle de huit colonnes et de trois balcons circulaires, dans l’esprit des villas italiennes de l’architecte de la Renaissance, Andrea Palladio. © Traces Ecrites


Le principal intérêt de la ligne des hirondelles réside cependant dans son tracé et ce qu’il donne à voir. « C’est la ligne la plus aérienne de Bourgogne-Franche-Comté », affirme Josiane Bertolini, l’une des guides (Jura Balades) qui organise des sorties commentées l’été et pour les groupes, toute l’année. Le parcours comprend un dénivelé de plus de 700 mètres, de la plaine du Doubs à Dole à 225 mètres d’altitude pour franchir un point culminant à mi-chemin de Saint-Claude, le col de la Savine à 948 mètres.

La partie la plus spectaculaire se situe entre Champagnole et Morez, avec sa dizaine de viaducs surplombant paysages d’alpages et de forêts, scieries et fermes laitières, la rivière l’Ain et la route nationale 5 : c’est celle qui est proposée, le plus souvent, par les guides accompagnateurs.

 

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Une véritable montagne russe qui se franchit tout en douceur

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Chaque gare porte la mention de son altitude précise. Ici celle de Morez. © Traces Ecrites


L’ascension depuis Champagnole s'effectue progressivement avec déjà des vues vertigineuses, hélas parfois cachées par des bosquets d’arbres mal entretenus. Il faut scruter le paysage avec attention lorsque la guide annonce le château de Syam, juste avant le village de Chaux-des-Crotenay. Plus connu sous le nom de « villa palladienne » car construit dans l’esprit des maisons italiennes, l’édifice fut la demeure du maître des forges de Syam, disparus avec l’avènement de la sidérurgie moderne. Aujourd’hui, cette propriété privée s’ouvre régulièrement aux visiteurs.

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Entre Morbier et Morez, vue plongeante sur un tunnel depuis l’un des viaducs où circule le train. © Traces Ecrites


Une demi-heure plus tard, la gare de Saint-Laurent-en-Grandvaux, la plus haute de la ligne, à 906 mètres d’altitude, annonce le col de la Savine que franchit un tunnel rectiligne de 2 kilomètres. La descente s’amorce ensuite sur Morbier, la ville du fromage qui porte son nom, l’un des quatre de Franche-Comté bénéficiant d’une appellation d’origine contrôlée.

On est alors encore à 860 mètres d’altitude. Le train est prêt à plonger sur Morez, le berceau de la lunetterie, par un tronçon de voie ferrée qualifié de prouesse technique « inégalée ».

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Les 5 derniers kilomètres avant Morez, les viaducs perchés sur des piles de 28 mètres de hauteur empruntent de larges courbes pour descendre les 125 mètres de dénivelé. © Traces Ecrites


Le tracé construit à flanc de montagne s’étire sur 5 kilomètres tout en courbes à travers pas moins de trois viaducs et un tunnel pour amortir un dénivelé de 125 mètres entre les deux villes pourtant distantes de seulement 1,2 kilomètre !
Cette véritable montagne russe se franchit pourtant tout en douceur : le train est sur pneumatiques et se compose de trois wagons maximum « pour éviter un balancier trop fort », précise notre guide. Le voyage peut se poursuivre jusqu’au terminus, Saint-Claude (440 mètres d’altitude), en empruntant les gorges de la rivière Bienne et une succession de tunnels.

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Le viaduc à l’entrée de la ville de Morez, viaduc courbe de 203 m de long qui enjambe la vallée de l'Évalude à 40 m de hauteur. Il s'agit du viaduc le plus imposant de la ligne. © Traces Ecrites


Les 36 tunnels et 18 viaducs de l’ensemble de la ligne forment une succession d’exploits techniques quand on se replace dans la période de sa construction, à partir de 1860. La ligne des hirondelles, baptisée ainsi en raison de son parcours aérien, est née de la volonté des industriels du Jura qui avaient besoin de transporter le bois des scieries, le fer de la forge de Syam, les jouets, pipes et diamants. Ils n’ont pas hésité, dit-on, à contribuer eux-même au financement.

Aujourd’hui exploitée par la SNCF, la liaison a bénéficié, en 2020, de 5,3 millions d’€ de travaux pour consolider les parois des tunnels et renouveler traverses et rails. Elle a ses ardents défenseurs, dont le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté qui a financé 80% des travaux, pour assurer la desserte de ce territoire montagnard. Et continuer d’offrir une heure d’un voyage pas comme les autres aux gens de passage.

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La partie la plus spectaculaire de la ligne des hirondelles se situe entre les gares de Champagnole (photo) et Morez. © Traces Ecrites

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