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EQUIPEMENTS SPORTIFS/FRANCHE-COMTÉ. Abéo, spécialiste des vestiaires et du matériel de gymnastique et d’escalade vient de racheter son concurrent néerlandais.

Un rapprochement qui lui confère une dimension européenne, grâce auquel ce petit groupe implanté à Rioz (Haute-Saône), déjà fournisseur officiel des JO Londres, l'est à nouveau pour ceux de Rio en 2016.

 

Après les Jeux de Londres 2012 pour lesquels le groupe Abéo fut fournisseur officiel des équipements de gymnastique se profilaient ceux de Rio. Et avec l'événement, une belle foire d’empoigne avec son concurrent européen, le Néerlandais Janssen-Fritsen, mais aussi avec les prétendants américain, chinois, japonais…

 

Pressentant un niveau d’exigence élevé pour y prétendre, Olivier Estèves, le dirigeant du petit groupe de Rioz (Haute-Saône) a supposé que l’union ferait la force et lancé l’idée d’un consortium européen. Les deux groupes présentent en ce sens une offre commune au comité d’organisation de Rio, qui valide fin octobre 2014, le choix du consortium Abéo-Janssen pour l’équipement gymnastique et basket (via la filiale Schelde Sports de Janssen).

 

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Quelques jours plus tard, Abéo officialisait, lui, la reprise du groupe concurrent et néanmoins ami Janssen. « De fil en aiguille, nous en étions venus à nous dire que ce que nous faisions pour Rio n’aurait de sens que si nous poursuivions cette collaboration, dans un contexte de forte concurrence asiatique », raconte Olivier Estèves.

 

Il était d’abord question d’une fusion, ce fut finalement une absorption. Olivier Estèves et Jacques Janssen se sont mis d’accord sur un schéma : Abéo, 650 salariés et près de 90 millions d’€ de chiffre d’affaires, dont les deux tiers à l’export, allait intégrer Janssen, qui emploie 200 personnes et réalise un peu moins de 50 millions d’€ de chiffre d’affaires.

 

Leader mondial des équipements gymniques

 

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L’ensemble pèse désormais 140 millions d’€, dont 57% dans les sports olympiques autour de la gymnastique, avec Gymnova et Spieth, dans la corbeille de Janssen. Ce qui en fait le leader mondial en équipements gymniques. Le siège du groupe reste à Rioz, Olivier Estèves en est toujours le président, mais Jacques Janssen, dont la famille est remontée au capital, est désormais son directeur général et notamment chargé de piloter le pôle gym.

 

Des synergies sont en vue « mais on ne va pas faire d’économies sur l’emploi, nous sommes clairement sur une dynamique de croissance », assure Olivier Estèves. A Rioz, Abéo compte 130 salariés répartis entre le holding, France Equipement et ses deux filiales, Suffixe et Acman.

 

Janssen, qui fait travailler un réseau de sous-traitants et n’assure que l’assemblage, pourrait apporter de l’activité aux ateliers d’Abéo qui, elle, est très intégrée en amont. « Nous allons y aller graduellement et nous aurons des investissements à faire, mais il y aura des synergies possibles dans les achats de bois, de métal, de mousse pour tapis et matelas », assure Olivier Estèves. 

 

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Vue des ateliers de Rioz.

Visibilité mondiale

 

Le groupe Abéo est né en 2002, lorsque France Equipement, spécialisée dans l’aménagement de vestiaires, a démarré une stratégie de croissance externe. Olivier Estèves avait eu cette année-là l’opportunité de racheter le groupe qui détenait Gymnova, spécialiste d’équipements de gymnastique sportive, et Entre Prises, le spécialiste des murs d’escalade.

 

« Nous cherchions à sortir des vestiaires… un accès à la lumière », se souvient le président d’Abéo. « Nous sommes alors passé de 10 à 30 millions d’€ de chiffre d’affaires et surtout nous avons pu, dès lors, nous développer à l’international ».

 

Depuis, le petit groupe haut-saônois s’est développé discrètement mais sûrement, par croissance organique et externe, au gré des opportunités, pour atteindre, en 2014, un chiffre d’affaires de près de 90 millions d’€.

 

Avec une étape importante au début des années 2010, lorsqu’Abéo, déjà, avait remporté le marché des JO de Londres 2012, via sa filiale Gymnova. Ce rôle de fournisseur officiel lui avait assuré un décollage à la verticale. « Londres avait eu un impact énorme ; 2013 fut une année record, avec une croissance de 40% de notre activité à l’export ».

 

Qui est Olivier Estèves ?

 

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Olivier Estèves, président d'Abéo (à gauche) en compagnie de son ancien concurrent et nouveau directeur général, Jacques Janssen.

 

Le président d’Abéo a démarré sa carrière chez Philips, comme Jacques Janssen, son ancien concurrent devenu directeur général du groupe. Après Paris, il a été envoyé au siège international de la multinationale, en Hollande, où il dut apprendre le néerlandais très vite - deux points communs qui facilitent aujourd’hui la complicité entre les deux hommes. A 55 ans, ce Bisontin, père de quatre enfants est un ancien d’HEC Paris où il avait opté pour l’option « entrepreneur et gestion de PME ».

 

Ayant choisi, comme d’autres, de passer par une expérience dans un groupe mondialisé, il est rattrapé par l’histoire familiale à la fin des années 80. Son père, Bernard Estèves, qui dirigeait France Equipement, une entreprise bisontine d’équipements de vestiaires, lui propose du jour au lendemain de reprendre la société, sans quoi il envisage de la céder.

 

« Nous avons connu des années difficiles au début des années 90 avec la baisse des budgets des collectivités », se rappelle-t-il encore. France Equipement a déposé le bilan en 1994 avant de sortir de la procédure en 1996 avec un plan de continuation. 

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