Le groupe de produits laitiers Lactalis et NewHeat, fournisseur de chaleur renouvelable, annoncent ce 4 février la signature d’un contrat portant sur la construction à Verdun d’une ferme solaire pour 5 millions d’€ d’investissement. L’installation dont les travaux démarreront cet été, ne produira pas d’électricité, mais de la chaleur : une ressource indispensable à la production de poudre de lactosérum dans son usine de la Meuse.


La chaleur solaire demeure encore peu employée dans les procédés industriels. A Verdun (Meuse), cette énergie renouvelable va pourtant réduire de 2.000 tonnes par an l’empreinte carbone d’un site du groupe Lactalis. Ce 4 février, le leader mondial des produits laitiers et le fournisseur d’énergie renouvelable NewHeat annoncent la signature d’un contrat portant sur la construction d’une centrale solaire thermique de 15.000 m2.


Le projet de 5 millions d’€ d’investissement devrait démarrer ses travaux cet été, sur un terrain de 5 hectares contigu à l’usine, en vue d’une mise en service au premier trimestre 2022. Concrètement, la centrale de 13 mégawatts fournira non pas de l’électricité, mais de la chaleur, une ressource indispensable aux procédés de séchage de l’usine Lacto Sérum France, filiale du groupe Lactalis. L’entreprise de 140 personnes (80 millions € de chiffre d’affaires) va ainsi « verdir » sa production de poudre de lactosérum, un produit fabriqué à partir de sérum ou « petit-lait » – un coproduit des fromageries – très utilisé dans les préparations agroalimentaires.

 

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Le projet subventionné à 55% par le Fonds chaleur de l’Ademe, mais aussi par le groupement d’intérêt public Objectif Meuse et la Région Grand Est à hauteur de 5% permettra de substantielles économies d’énergies fossiles, se félicite Mahmoud Kamal, directeur de l’usine Lacto Sérum France. « Nous allons abaisser de 11% notre consommation de gaz et réduire notre empreinte carbone de 50.000 tonnes de CO2 sur la durée du contrat d’exploitation » calcule-t-il.


Le projet lorrain, le cinquième conduit par NewHeat depuis sa création en 2015, est l’aboutissement de trois ans de pourparlers. La start-up bordelaise de 20 salariés finance le projet de A à Z, de l’étude à la construction, et se rémunère en commercialisant l’énergie produite à Lacto Sérum France. La filiale de Lactalis s’est engagée en contrepartie à acheter la chaleur produite par la centrale sur une durée de 25 ans.

« Nous sommes sur un montage financier complexe qui table sur un niveau de rentabilité faible, puisque le retour sur investissement est prévu sur dix à quinze ans, contre un à trois ans pour un projet classique supporté par un industriel », éclaire Hugues Defréville, président et cofondateur de NewHeat. Le financement du projet est assuré via une opération globale portant sur cinq centrales solaires thermiques. Cette opération associe les établissements Triodos Bank et Crédit Coopératif, ainsi que les fonds pour la transition énergétique des régions Occitanie, Rhône-Alpes et Nouvelle Aquitaine.



L’air de la tour de séchage porté à 70°C grâce aux apports solaires

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L'air de la nouvelle tour de séchage de Lacto Sérum à Verdun, mise en service mi 2020 moyennant un investissement de 40 millions d'€, sera préchauffé par l'énergie solaire, avant d'être porté à de plus fortes températures dans des chaudières traditionnelles au gaz, afin de transformer le petit lait en poudre.  © Lacto Sérum France

 

Sur le plan des procédés, NewHeat a dû imbriquer ses équipements dans ceux de Lacto Sérum France. Son champ solaire alimentera une cuve de 3.000 m3 – l’équivalent d’une piscine olympique – qui, elle-même, approvisionnera trois échangeurs de chaleur en vue de préchauffer l’air d’une tour de séchage. Il s’agit d’une tour dernier cri mise en service mi 2020 par l’industriel pour un investissement de 40 millions d’€. (Lire ici l’article de Traces Ecrites News)
L’air, initialement à température ambiante, pourra ainsi être porté jusqu’à 70°C grâce aux apports de la centrale solaire, avant d’être poussé à plus de 150°C par les chaudières traditionnelles au gaz. La déshydratation du petit lait collecté pour moitié en France et pour moitié en Allemagne, aux Pays-Bas et en République tchèque reposera ainsi en partie sur une énergie renouvelable.


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Quant à savoir si le niveau d’ensoleillement du Grand Est a pu constituer un frein à l’investissement, le président de NewHeat est catégorique : « Le niveau d’ensoleillement est tout à fait satisfaisant, dans la mesure où les critères essentiels pour un projet de ce type sont davantage des économies d’échelle permises par une installation de grande dimension et l’absence de température de consigne au niveau des procédés du client. En effet, ses équipements ne requièrent pas de température minimum ce qui permettra de fonctionner tout l’année, y compris en hiver avec un air réchauffé à 30-35°C », conclut Hugues Defréville. Le fournisseur de chaleur compte sur l’exemple de l’installation meusienne pour séduire d’autres sites agroalimentaires affichant des besoins en chaleur similaires.

 

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La ferme solaire de Verdun sera trois fois plus importante que celle déjà réalisée par NewHeat sur le site papetier Condat en Dordogne (photo). © NewHeat

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