L’alsacien Soprema annonce vouloir injecter 110 millions d’€ en vue d’accroître la production de panneaux isolants en fibres de bois sur son site Pavatex d’Epinal (Vosges). Ce projet témoigne de la stratégie de diversification du groupe dans les isolants « éco-sourcés ».


A Golbey, dans l’agglomération d’Epinal (Vosges), l’usine Pavatex prépare sa montée en cadence. Le site spécialisé dans la production d’isolants en fibres de bois pour le bâtiment bénéficie d’un investissement de 110 millions d’€, a annoncé sa maison-mère, l’alsacien Soprema, le 2 décembre dernier.
Le projet devrait s’accompagner du recrutement d’une centaine de personnes, s’ajoutant aux 70 emplois actuels. Dès le printemps 2022, une extension baptisée « Pavatex II » sera mise en service dans le prolongement du site actuel. La future ligne, d’un coût de 40 millions d’€, produira des panneaux souples, plus connus sous l’appellation de « laine de bois », à raison de 30.000 tonnes par an.

« Initialement, nous envisagions de fabriquer ces panneaux flexibles à partir de fibres de bois conditionnées en balles. Nous avons finalement décidé d’investir davantage, dans une unité de défibrage, autrement dit une unité capable de fabriquer notre matière première directement à partir de plaquettes de bois », insiste Bruno Gertsch, directeur opérationnel en charge des isolants naturels chez Soprema.

 

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Parallèlement, l’industriel lance le chantier de « Pavatex III » à quelques centaines de mètres, sur l’écoparc de Chavelot (Vosges). Cette nouvelle usine, issue d’un investissement de 70 millions d’€, sera spécialisée dans la production de panneaux rigides en fibre de bois. Son lancement fin 2023 sera synonyme de doublement des capacités de la filiale vosgien de Soprema sur ce produit, pour atteindre 120.000 tonnes par an.


Deux segments, deux marchés

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Une grande partie de la production de panneaux rigides en fibre de bois du site vosgien, dont la capacité va doubler, est exportée en Allemagne. © Philippe Bohlinger


Comme l’explique Bruno Gertsch, les deux types d’isolants (panneaux flexibles et panneaux rigides) ont des vocations différentes. 
« Le marché allemand de la construction est très tourné vers l’utilisation de panneaux rigides en fibres de bois, un produit employé notamment comme isolant en sur-toiture. A l’inverse, le marché français est davantage demandeur de panneaux flexibles, susceptibles de se substituer à la laine de verre. Pavatex entend progresser simultanément sur ces deux segments » détaille-t-il. Sur le marché français, les produits Pavatex devraient notamment bénéficier de la règlementation environnementale E+C- (énergie positive et réduction carbone) entrant en vigueur au 1er janvier 2022.

 

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En février 2020, Soprema avait annoncé un investissement de 27 millions d’€ sur son site de Golbey, avant de suspendre ce programme en raison de la crise sanitaire. Le groupe familial alsacien (9.210 salariés, chiffre d’affaires de 3,07 milliards d’€) a finalement revu ses ambitions à la hausse. Pierre-Etienne Bindschedler, PDG de Soprema insiste sur le fait qu’avec l’agrandissement du site Pavatex à Golbey, « nous continuons d’accroître la part des matières éco-sourcées dans nos produits – ici le bois–, et poursuivons notre engagement pour la construction de bâtiments plus responsables et durables. »

A l’heure actuelle, le groupe Soprema comptabilise 200.000 tonnes par an de produits écosourcés, ce qui représente environ 20% de sa matière première, un chiffre encore amené à progresser avec les investissements en cours.

 

Des isolants à base de papier et PET recyclés, et de paille de riz 

Le groupe industriel, poids lourd mondial des produits d’étanchéité et d’isolation pour le bâtiment, a décliné ces dernières années la stratégie définie en 2008 en ces termes : substituer progressivement la matière première fossile (le pétrole à l’origine du bitume) par de la matière « écosourcée », autrement dit de source naturelle ou recyclée.
C’est ainsi qu’en 2016, Soprema a fait l’acquisition du suisse Pavatex alors en difficulté, et ajouté une gamme de panneaux en fibres de bois à ses isolants en ouate de cellulose « UniverCell  » obtenus à partir de papiers recyclés. Dans les années suivant cette opération, le nouveau propriétaire a fermé les sites helvétiques de Cham et de Fribourg pour ne conserver que la jeune unité vosgienne mise en service en 2013.
Située sur l’emprise de la papeterie Norske Skog, cette dernière bénéficie à ce titre de possibilités de mutualiser les approvisionnements en plaquettes de bois, les utilités (électricité, vapeur), la gestion de l’eau, etc.

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Le suisse Pavatex a été rachetée par Soprema en 2016. © Philippe Bohlinger

En janvier 2019, Soprema a également mis en service à Strasbourg, une unité de recyclage capable transformer les barquettes en PET complexe (bouteilles de lait opaques, barquettes alimentaires, etc.) en polyol, un des principaux composants des mousses isolantes en polyuréthane pour le bâtiment. Le procédé baptisé « Sopraloop » associe recyclage mécanique et recyclage chimique.
Il a mobilisé 7 millions d’€ d’investissement dans une capacité de valorisation de 3.000 tonnes de PET par an. Le polyol fabriqué en Alsace alimente deux usines du groupe qui fabriquent du polyuréthane, à Saint-Julien-du-Sault (Yonne) et à Hof (Allemagne).

Pour poursuivre sur la voie des isolants bio-sourcés, le groupe prévoit la mise en service d’ici un an d’un site industriel spécialisé dans la production de panneaux isolants à base de paille de riz à Saint-Gilles (Gard). Le projet accompagne la construction d’un site de production d’isolants en polyuréthane, le tout représentant 35 millions d’€ d’investissement et la création de 150 emplois.

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