Antoine Boinay, un ingénieur trentenaire a trouvé avec le fabricant de presses et machines spéciales Pressequip à Besançon, l’entreprise qu’il cherchait. Cyrille Berthier, le dirigeant depuis 17 ans, l’accompagne pendant 6 mois.
Antoine Boinay dit avoir toujours voulu être entrepreneur. Etudiant, cet ingénieur d’aujourd’hui 29 ans (Lire encadré), voulait créer son entreprise, mais l’expérience pendant ses études des Entrep’, un programme d’entraînement à l’entreprenariat du réseau Entreprendre, lui a fait comprendre, dit-il, qu’il n’était pas fait pour cela mais plutôt pour reprendre une société existante.
Ce jour est arrivé début avril avec la conclusion de la transmission de Pressequip, un fabricant de presse et machines spéciales bien connu à Besançon et dans les milieux industriels hexagonaux et suisses où il installe des process pour l’horlogerie, l’automobile ou encore le médical.
Dans sa recherche d’une entreprise à reprendre, Antoine Boinay rencontre opportunément Cyrille Berthier, le patron depuis 17 ans de cette entreprise de Dannemarie-sur-Crête, dans le Grand Besançon et qui, à 46 ans, avait envie de changer d’air. Celui-ci prend le temps d’accompagner son successeur pendant 6 mois pour bien huiler les rouages dans cette PME de 30 salariés qui réalise un chiffre d’affaires de 4 million d’€.

« Je reprends une entreprise saine, qui a un carnet de commandes bien rempli », commente le repreneur. Une situation au beau fixe pour intégrer sereinement son nouveau poste et mettre en place les conditions d’un nouveau développement.
Pressequip a bien grossi depuis que Cyrille Berthier l’a créée en 2005 (suite à la fusion de Arbel Presse Equipement, FCMO et CG Industrie) et pour franchir une nouvelle étape, le repreneur va surtout travailler le côté organisationnel et managérial. Son projet est de donner plus d’autonomie aux personnels de l’atelier dont la moyenne d’âge, de 30 ans, semble s’adapter.
C’est un préalable avant d’aller conquérir de nouveaux marchés, estime t-il. Car aujourd’hui Pressequip développe son chiffre d’affaires par le bouche à oreille, sans démarchage commercial « Si je m’y attèle – ce qui est mon intention –, l’organisation de la production doit suivre et dans un second temps, les recrutements. »
Côté personnels, Antoine Boinay parie sur un mode de formation qu’il connaît bien et que son prédécesseur avait déjà adopté : l’alternance. Trois jeunes sont actuellement dans l’entreprise, un BTS et une licence dans l’atelier et un ingénieur au bureau d’études.
Machines spécialiste et atelier de masques

Pressequip a fait sa place dans les machines spéciales en concevant des solutions clé en main, de la conception grâce à un bureau d’études doté d’outils 3D à l’installation et la maintenance. Dernièrement, elle a ajouté la connectique au pilotage des machines et intégré des robots.
Le temps suspendu du confinement en 2020 pendant lequel les commandes et les approvisionnements en pièces avaient été interrompus, avait conduit Cyrille Berthier à créer une unité de fabrication de masques (AFD Manufacture) sur des machines de sa conception. Son initiative avait fait du bruit dans la presse, le dirigeant d’alors estimant qu’il n’avait pas été soutenu par les pouvoirs publics à hauteur de leurs discours (Lire ici l’article de Traces Ecrites News ).
L’atelier de masques qui emploie une dizaine de personnes est toujours actif, ayant réussi à faire son marché dans un secteur très concurrentiel en fournissant entreprises et collectivités. La production est aujourd’hui moins importante qu’en 2021, concède Antoine Boinay, mais l’activité sera maintenue. « Les personnels des hôpitaux en utilisaient déjà avant la pandémie, ils poursuivront », analyse t-il.
Dans cette histoire de transmission qui semble bien ficelée, le jeune chef d’entreprise concède qu’il lui a fallu une grande force de conviction pour trouver des financements bancaires. Il les a finalement décrochés grâce à son engagement à suivre un parcours au Réseau Entreprendre Franche-Comté avec comme accompagnateur Sylvain Grosdemouge, le président de Shine Group à Besançon. Il persévère pour obtenir une avance remboursable du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté.


Le jeune homme se dit d’abord un manager. Mais il est aussi un technicien. A preuve son parcours de formation, entièrement réalisé en alternance dans la mécanique : un BTS dessin industriel et conception de produits au lycée Edgar Faure de Morteau, suivi d’un diplôme d’ingénieurs à l’Ensmm, l’école des microtechniques de Besançon.
Puis, dans la perspective de devenir entrepreneur – son rêve d’étudiant –, il a fait un master de management d’entreprise à Toulouse, toujours en alternance, cette fois dans une entreprise du bâtiment.
Avant de chercher l’entreprise à reprendre qui lui sied le mieux, Antoine Boinay a travaillé pendant deux ans et demi dans l’horlogerie La Chaux-de-Fonds en Suisse. « Pour faire de l’argent », dit-il sans détour et aborder plus sereinement la reprise de Pressequip, avec un associé minoritaire, président d’un grosse entreprise de Besançon.
Newletter intéressante.