DISPOSITIFS MÉDICAUX/DOUBS. Dans un environnement concurrentiel mondialisé, et très réglementé, Alcis joue elle aussi le jeu de l’international. Notamment grâce à sa filiale, Alseal, dont l’innovation endovasculaire vient d’être homologuée aux Etats-Unis et en Chine, deux vastes marchés à conquérir. Et demain, peut-être, grâce à ses électrodes de traitement de l’épilepsie du jeune enfant, que la PME de Besançon aimerait pouvoir bientôt développer.

« Aujourd’hui, la difficulté d’un patron de PME française, c’est que la concurrence mondiale est au bout de la rue. En l’occurrence, pour nous, elle est au CHU Minjoz, qui passe par des appels d’offres ouverts et qui a des contraintes budgétaires », explique Jean-François Delforge, le dirigeant-fondateur d’Alcis, une société créée à Besançon, en 1999, pour concevoir ou développer des implants, cathéters et autres dispositifs médicaux high-tech. Mais aussi pour assurer des prestations comme le marquage CE, l’homologation mondiale, la stérilisation, le conditionnement en salle blanche…
Aujourd’hui, Alcis emploie 25 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 3,5 millions d’€, dont 2,5 à l’export, en Chine, aux USA, au Canada, au Brésil. Car pour se battre avec les mêmes armes que les autres, l’entreprise s’est elle aussi ouvert à l’international et s’est organisée en un petit groupe, Alcis Group, avec des services support et différentes filiales.
Alcis, la figure de proue, comprend technologies et méthodes et constitue une sorte de boîte à outils pour des clients œuvrant dans le dispositif médical, de la toute petite entreprise aux groupes internationaux. Alseal (produits endovasculaires) ainsi que deux filiales de commercialisation pour distributeurs et hôpitaux, Alcis Neuro et Alcis+ (cathéters électrophysiologiques cardiaques) constituent également le petit groupe.
Au premier étage du bâtiment Bioparc, sur Temis Santé, à Besançon, sont réunis les spécialistes de réglementation, de qualité, d’achat, de développement, et les filiales de commercialisation.

Dans le bureau d’études, le jour de notre visite, un technicien et un ingénieur sont en train d’industrialiser un produit de neurologie pour optimiser une intervention chirurgicale. Au rez-de-chaussée, en salle blanche, des implants pour le cœur et le cerveau ainsi que des produits servant à véhiculer les organes pendant la transplantation attendent d’être stérilisés.
Jean-François Delforge avait choisi Besançon pour le savoir-faire de ses sous-traitants et continue à s’appuyer sur le tissu microtechnique local qui lui fournit les composants que sa société va se charger d’intégrer. « Plastique, métal, usinage, décolletage, on trouve tout dans le tissu local. Ces composants que l’on fait usiner arrivent ici, en salle blanche, pour être nettoyés, assemblés, contrôlés, conditionnés et stérilisés. »
Travail en partenariat avec d’autres entreprises locales
Homme de réseau, le dirigeant travaille en partenariat avec d’autres entreprises, comme sa voisine Statice Santé pour des cathéters d’électrophysiologie – « une activité que l’on n’aurait pas eue sans notre complémentarité, et qui fait vivre 20 personnes ». Mais aussi avec l’ISIFC, l’école d’ingénieurs en biomédical de Besançon, ainsi qu’avec des praticiens hospitaliers, comme le docteur Claude Mialhe, un chirurgien vasculaire qui, pour limiter les pertes sanguines lors des opérations, a eu l’idée d’un produit endovasculaire innovant, breveté, doté d’une valve qui empêche le sang de refluer.
C’est ainsi qu’était née Alseal, filiale d’Alcis, en 2009, à laquelle le praticien est associé. « Il avait déposé un brevet et était venu chercher des partenaires en Franche-Comté », explique Jean-François Delforge.
« Notre philosophie consiste à associer les idées des professionnels de la santé à nos services pour mettre leurs produits sur le marché. Alseal vient enfin d’obtenir une homologation aux Etats-Unis pour ce produit et une extension de la gamme, et nous attaquons le marché américain. » L’homologation pour le marché chinois est arrivée elle aussi à l’été 2016, ce qui promet de beaux lendemains au groupe, qui pourrait recruter une dizaine de personnes rapidement. Pour conquérir le monde, et notamment la Chine et son milliard estimé d’habitants à soigner, Alcis a une autre joli produit dans son sac : des électrodes pour le traitement de l’épilepsie du jeune enfant, lorsque le traitement médicamenteux n’est pas efficace.
Née dans les années 50 et aujourd’hui préférée à la technique de chirurgie lourde, celle de la pose d’électrodes est en train de se généraliser, et Alcis a là une carte à jouer, pour peu qu’elle trouve les fonds nécessaires. « C’est en Franche-Comté que l’on fait les plus belles électrodes du monde pour traiter l’épilepsie, avec Dixi Microtechniques [la filiale bisontine d’un groupe suisse, ndlr], mais cela demande des développements coûteux. »
Qui est Jean-François Delforge ?
Lauréat du prix national « stars et métiers » en 2007, Jean-François Delforge s’était fait immortaliser par le studio Harcourt avec les autres champions de « l’audace et de l’innovation » récompensés cette année-là.
Ce chti d’origine était arrivé à Besançon en 1999, attiré par son tissu de sous-traitants et notamment par Statice Santé.
Ingénieur Arts et Métiers passé par Saint-Gobain mais aussi par de petites structures, il s’était spécialisé dans le médical et avait déjà des connexions professionnelles avec Serge Piranda, l’ancien ingénieur de Lip qui avait participé à la création de Statice puis lancé sa filiale de sous-traitance médicale, Statice Santé.
« Moi, je voulais créer des dispositifs médicaux finaux, c’est pour cela que j’ai créé Alcis. »
Photos fournies par l'entreprise.