MICROTECHNIQUES/DOUBS. Implantée dans le Grand Besançon depuis 1949, la société Cheval est la colonne vertébrale du groupe IMI qui, sans faire de bruit, fournit de nombreux composants à l’horlogerie suisse. Elle affiche une croissance de 15% en 2018 et aborde 2019 avec optimisme. Portrait.   

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Opération de polissage. © Laurent Cheviet.

 

Le 170ème anniversaire a été fêté trois fois : en juin pendant le salon de l’horlogerie de Genève (EPHJ), où Cheval Frères avait loué une villa et reçu 150 clients lors d’une soirée festive. Début juillet, avec l’ensemble des 250 salariés des filiales françaises (Cheval, Laser Cheval et Hardex, trois émanations de Cheval Frères) et leurs conjoints lors d’une soirée prestigieuse à la saline royale d’Arc-et-Senans. Puis mi-octobre, lors d’une journée portes ouvertes pour les familles des salariés.

Atteindre l’âge vénérable de 170 ans n’est pas donné à toutes les entreprises. Celle-ci était née en 1848 dans le hameau des Fontenelles, dans le haut-Doubs, à deux pas de la Suisse. François-Xavier Cheval, comme d’autres paysans du haut-Doubs, fabriquait des pièces d’horlogerie pour occuper et rentabiliser les longs mois d’hiver, et avait finalement décidé de se lancer sérieusement dans cette activité.

L’épopée industrielle familiale était lancée, et le premier brevet avait été déposé en 1869 par Jules, son fils, pour un ébaucheur à scie circulaire qui allait permettre de fabriquer mécaniquement les dents d’une roue de cylindre. Plus tard, un atelier fut créé pour fabriquer des assortiments à cylindre, puis un troisième, en 1929, pour la fabrication de balanciers. Il fut ensuite question de couronnes de remontoirs, de rubis synthétiques, de traitement de surface…



LCRDijon

 


Au fil des générations et des décennies, l’entreprise Cheval Frères (les frères étant Marc-Constant et Anatole-Xavier, petits-fils de François-Xavier, au pilotage au début du XXe siècle) est devenu un petit empire des composants horlogers que toutes les grandes maisons suisses connaissent et qui regroupe aujourd’hui 8 filiales (en France mais aussi en Suisse, au Portugal, à l’Ile Maurice et à Hong-Kong), emploie 800 personnes, mais ne révèle pas son chiffre d’affaires. Dans le monde horloger, plus on est discret…

Entre-temps étaient arrivées la technologie laser, l’usinage de matériaux durs, la céramique. Dans sa longue histoire, la famille Cheval avait installé l’entreprise dans l’agglomération de Besançon puis la sixième génération l’avait transmise à la famille Gérard : Jean-Pierre Gérard, passionné d’industrie, l’avait en effet rachetée en 1994 pour en faire le navire amiral du petit groupe microtechnique IMI qu’il était en train de constituer.

Son fils Antoine a pris le relais en 2009, en pleine crise économique, mais poursuit l’aventure contre vents et marées. La crise passée, c’est un violent incendie qui avait détruit 80% des capacités de production de l’usine Cheval Frères d’École Valentin en janvier 2014. Là encore, grâce à la mobilisation des salariés et à l’entraide industrielle, IMI-Cheval s’était redressée. L’usine a été reconstruite, rue de la Lirenne à École-Valentin, et Hardex, la filiale céramique, est venue la rejoindre.


Acteur complet des microtechniques du luxe

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L'un des ateliers d'usinage de Cheval frères. © Laurent Cheviet.


« Et en 2018, Cheval devrait afficher une croissance de son chiffre d’affaires de 15%, après deux années difficiles pour l’horlogerie », se félicite le dirigeant. Fin 2016, IMI avait aussi racheté la société Stettler, le premier fournisseur de glaces de saphir de l’horlogerie helvétique, basé à Lyss, en Suisse alémanique, qui compte 120 salariés. « Et ça se passe bien : 2018 aura été l’année de l’apprentissage réciproque, des liens commencent à se tisser de façon harmonieuse entre les différentes sociétés du groupe. Nous ne forçons pas le rythme et l’aventure reste à écrire. »

Antoine Gérard aborde l’année 2019 avec une « relative » sérénité. Le savoir-faire reconnu et la forte technicité héritée de l’épopée Cheval, font du petit groupe un acteur complet des microtechniques du luxe. « Nous restons l’un des rares à miser sur beaucoup de technologies : la céramique et les matériaux titane ou carbone, et maintenant les “cermet”, les céramiques métal. Hardex et Cheval commencent à travaillent là-dessus et ont déjà des clients de l’horlogerie très haut de gamme. Nous avons aussi une approche finition très poussée avec le polissage, le laquage et le laser, pour la texturation de surface. La somme de tout ça fait notre spécialité. »

L’actualité du petit groupe, qui réalise 80% de son chiffre d’affaires dans l’horlogerie, c’est aussi la montée en puissance de la bijouterie-joaillerie. Le secteur représente 10% de l’activité aujourd’hui, mais Antoine Gérard compte bien le doubler rapidement. « C’est jouable », estime-t-il.

 

 

BPBFCnovembre

 

 

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© Laurent Cheviet.

Qui est Antoine Gérard ?

 
Comme son père Jean-Pierre Gérard, qui lui a confié les rênes du groupe en 2009, Antoine Gérard a un double-profil : ingénieur (des ponts-et-chaussée) et diplômé de Sciences Po. Un bagage technique doublé d’une vision stratégique.

Il avait pris goût au monde industriel chez Essilor, dont il fut contrôleur de gestion de l’usine de Provins, et poursuit l’aventure d’IMI depuis 2009, en y imprimant sa propre marque.

Ce dirigeant de 45 ans est également, depuis 2016, président du réseau Entreprendre Franche-Comté qui compte 120 membres dirigeants d’entreprises bénévoles.

 

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