Finies les techniques polluantes et de mise en œuvre laborieuse pour lutter contre les gelées de printemps particulièrement dévastatrices au sein des vignobles septentrionaux. Le groupe italien Prysmian a mis au point dans son usine de Paron, près de Sens (Yonne), un câble chauffant expérimenté dans certaines parcelles de chablis. Explication et témoignages en pleine actualité des vendanges avec retours d’expérience.
Foi de vigneron, on se souvient encore des gelées de printemps de 2016 qui, du 26 au 29 avril, ont dévasté gravement les vignobles de Bourgogne et aussi, en partie, de Champagne. Si le phénomène a été considéré comme « atypique et de grande ampleur », il est l’un des fléaux récurrents qui pénalise le volume des vendanges.
Pour lutter contre le gel, le groupe italien Prysmian, qui possède deux usines dans l'Yonne, à Paron et Gron près de Sens, propose un câble chauffant d’installation facile, écologique et moins coûteux à long terme que les techniques de brûlage de paille et de bougies, d’aspersion d’eau, voire de brassage d’air par hélicoptère.
La technologie développée n’est pas nouvelle. Elle s’inspire de celle des planchers chauffants. L’innovation tient à son adaptation à la viticulture avec une gaine résistante aux intempéries, aux UV et aux traitements chimiques. Plus quelques petits secret maison. Trois mois de travail ont été nécessaires, de la conception à la réalisation.
La demande émane des vignerons chablisiens eux-mêmes et notamment de Jean-François Bordet, président de la commission Chablis du Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB). Prysmian a fourni au total 35 km de câbles basse tension (500 V) cet hiver auprès de trois exploitations viticoles du cru.
« Les grandes longueurs de câbles (environ 1 km), d’une puissance de 120 à 140 kw/ha, s’adapte particulièrement bien à la géographie des parcelles et la liaison en boucle sans connectique facilite la pose en un temps réduit », argumente Fabien Queffelec, directeur industrie et spécialité chez Prysmian Group France qui proposera le produit à l'échelle nationale, mais également dans les autres pays viticoles victimes de cet aléa climatique.
Une installation facile de pose et définitive
Pour en savoir plus, écoutons deux des viticulteurs concernés. « J’ai investi environ 30.000 € dans 10 km de câbles installés en bas d’une de mes parcelles sur environ 1 hectare. Il suffit d’attacher le câble au fil de liage sur les rangs, tous les 50 cm et de le lier aux baguettes (sarments) pour établir un contact. On ne s’embête ainsi pas avec les bougies de paraffine à 8,50 € l’unité qu’il faut changer tous les jours », explique très satisfait, Gilles Fèvre qui possède une exploitation de 50 hectares intégrant toutes les appellations chablis.
Même satisfaction chez Daniel Séguinot, à la tête de 25 ha de vignes en petit chablis, chablis et premiers crus, Fourchaume et Homme mort. Lui aussi a investi dans 10 km de câbles et considère l’opération positive. « C’est d’un coût relativement abordable et de plus les câbles sont réactifs. Je les active entre 0 et 2 degrés et la sève qui circule réchauffe la plante », indique ce vigneron affable.
« Précisez bien que nous garantissons avec ce produit une élévation de température de 15°, par exemple, s’il fait - 5°, nous assurons 10° », précise Laurent Guény, responsable technique chez Prysmian France.

En France, ce fabricant de câbles et systèmes pour l’énergie et les télécommunications exploite dix usines, dont celle de Paron (câbles spéciaux et industriels) et de Gron (moyenne et haute tension), situées près de Sens dans l’Yonne. Il y emploie au total 2.900 personnes, dont environ 700 dans l’Yonne et y un chiffre d'affaires de 1,234 milliard d’€.
Leader mondial de sa catégorie et fondé il y a plus de 140 ans dans le giron de Pirelli, Prysmian Group génère au total 11 milliards d’€ d’activité avec près de 29.000 employés. Ils se répartissent dans 112 sites de production au sein de 50 pays.