AGROALIMENTAIRE/HAUT-RHIN. L’eau de Wattwiller se recentre sur la France. L’embouteilleur implanté dans la commune haut-rhinoise du même nom met fin à son aventure à l’export.
Les Grandes Sources de Wattwiller accentuent leur stratégie d'innovation, avec le lancement cet été du premier film de suremballage fabriqué à 100 % partir de matière recyclée.
Après le bouchon "ouverture facile", une exclusivité brevetée.

Le marché export n’a jamais représenté un pilier d’activité, mais il avait connu quelques percées intéressantes, au Japon notamment, où son positionnement « premium » s’accordait bien avec l’excellence de la gastronomie française.
D’ailleurs, l’aventure de Wattwiller ne s’est pas soldée par un fiasco. « Elle a plutôt bien fonctionné, mais dans notre métier, il arrive un moment où il faut investir en masse, ce qui suppose de faire des choix », affirme le directeur général Franck Lecomte. « Aussi, nous avons décidé de concentrer l’effort sur l’innovation ».
Le terme d’innovation ne s’associe pas très spontanément avec le liquide naturel en tant que tel, même si des marges de manœuvre existent - Carola, la sœur alsacienne de Wattwiller au sein de la maison-mère belge Spadel, développe par exemple les eaux aromatisées.
Elle se niche d’abord dans le contenant et de ce point de vue, Wattwiller a été fort actif ces dernières années : multiplication des formats - avec un bouteille d’1 litre au design renouvelé depuis 2015 , par exemple - et depuis deux ans, nouveau bouchon « ouverture facile » grâce à sa forme de fleur qui facilite la prise en main et permet un dévissage sans effort.
Suremballage à partir de matière recyclée
Une exclusivité brevetée s’il vous plaît, qui est un « très bon exemple de lecture et de compréhension de l’attente des consommateurs », se félicite Valérie Siegler, directrice marketing. En écho aux propos de Franck Lecomte, l’investissement pour cette nouveauté n’a pas été anodin : 800.000 € pour une entreprise de 47 salariés.
Cet été, les Grandes Sources de Wattwiller lancent sur le marché de l’eau plate le premier film de suremballage fabriqué à 100 % partir de matière recyclée.
Le soin dans le packaging se veut cohérent avec le positionnement marché : Wattwiller entretient son image « premium » sans tomber dans l’hyper-luxe, la grande distribution consistant son canal principal de vente.
« Nous gardons un écart de prix de l’ordre de 15 % avec les principaux acteurs (Vittel, Contrex et Evian pour ne pas les nommer, NDLR), c’est le différentiel que nous estimons pouvoir nous permettre », relate Franck Lecomte.
Sur le plan industriel, l’embouteilleur poursuit également ses efforts de modernisation. Après les équipements de production, son attention la plus récente s’est portée sur la logistique.
La fin d'une ère artisanale
Pour 800.000 € à nouveau, il a augmenté sa capacité de 20 %, la portant depuis le premier trimestre à 5.500 palettes, réparties sur quatre niveaux jusqu’à une hauteur de près de 8 mètres. L’évolution quantitative s’accompagne d’une impressionnante automatisation des convoyeurs.
« Elle nous donne plus de flexibilité et améliore les conditions de travail : le cariste limite ses déplacements et il traite un débit plus régulier », complète José Lefort, directeur de production.

Cette nouvelle étape confirme l’entrée du minéralier alsacien dans une ère qui n’est plus artisanale. « Partir de zéro comme l’entreprise l’a fait en 1992 est tout sauf commun dans ce marché très disputé de l’eau, où le fait d’être petit vous rend fragile », analyse Franck Lecomte.
Les Grandes Sources de Wattwiller ont réalisé 19 millions d'€ de chiffre d’affaires en 2015 correspondant à la production de 48 millions de litres.
Pour l’« eau pure zéro nitrate venue des Vosges » comme elle se définit, le rachat en 2004 par le belge Spadel, qui est déjà un acteur plus consistant en Europe, semble bien avoir été la bonne recette.
