Le fabricant alsacien de panneaux photovoltaïques va doubler la capacité de production de son usine de Dinsheim-sur-Bruche d’ici à la mi-2023 et il a annoncé un projet de « giga-usine » à l’horizon 2030 basé sur une nouvelle technologie. Ces investissements et innovations devraient permettre à Voltec Solar de se positionner dans le top 5 européen.
Face à la hausse des tarifs de l’énergie, le photovoltaïque tire son épingle du jeu. En témoigne la frénésie d'activité de l'usine de Voltec Solar à Dinsheim-sur-Bruche, à l’ouest de Strasbourg (Bas-Rhin), qui tourne à plein régime six jours sur sept et 24h/24. Le fabricant de panneaux photovoltaïque qui appartient à la holding familiale Strub (Alsapan) emploie 120 salariés et a réalisé en 2022 un chiffre d’affaires de 60 millions d’€.
En 2023, il va doubler sa capacité de production pour passer de 500.000 à 1 million de panneaux photovoltaïques par an. Une troisième ligne de fabrication sera installée à cet effet cet été, un investissement de 12 millions d’€ qui s’accompagnera d’une cinquantaine d’embauches.
« Quand nous aurons concrétisé ce doublement, nous disposerons d’une usine de dimension européenne. Nous serons positionnés dans le top 5 des fabricants du Vieux Continent », annonce Lucas Weiss, le directeur général de l’entreprise. Le dirigeant vise un cap de 10 à 15 % du chiffre d’affaires à l’export, alors qu’aujourd’hui, le fabricant alsacien vend principalement sur le marché français, où il détient une part de 15 à 20 %.
Ses clients sont répartis à parts quasi-égales entre les particuliers pour le résidentiel, le secteur tertiaire et des projets de grande taille. Mais depuis deux ans, le marché est davantage porté par les demandes des entreprises et des particuliers pour de l’autoconsommation que par de vastes centrales photovoltaïques à construire.
Soigner le bilan carbone

Pour se différencier de ses concurrents, Voltec Solar a soigné le bilan carbone de ses produits : le verre vient d’Allemagne, le silicium de Norvège. Seule la fabrication des cellules est encore réalisée en Chine. Et l’entreprise est adhérente de Soren, l'éco-organisme agréé en France pour la collecte et le recyclage des panneaux usagés.
Dans sa volonté de prendre une longueur d’avance sur son marché, la PME bas-rhinoise, a annoncé en novembre dernier, un projet industriel commun avec l’Institut photovoltaïque d'Île-de-France (IPVF). Après huit ans de travail et de recherche, les deux partenaires ont mis au point une technologie qui permet de superposer de la pérovskite sur des cellules en silicium classiques. La pérovskite est un matériau peu coûteux, qui offre de meilleurs rendements que le silicium et facilite l’emploi de matériaux recyclés.
« Grâce à cette technologie, les panneaux gagnent en efficacité, de façon à atteindre 30 % de rendement, contre 23 % pour les meilleurs modules aujourd’hui. Il s’agit d’un véritable saut technologique, sur lequel nos concurrents ne sont pas encore positionnés », affirme Lucas Weiss. L’objectif de l’IPVF et de Voltec Solar consiste à industrialiser cette technologie, dans le but de contribuer à la souveraineté énergétique nationale.

Quatre étapes de concrétisation sont prévues : une première ligne de production pilote devrait être mise en place dans les locaux de l’IPVF d’ici fin 2023, une première ligne industrielle test sera ensuite installée en 2025, puis la capacité de l’usine sera augmentée à 1 GW en 2027 et jusqu’à 5 GW d’ici à 2030. « Nous serons en recherche de site pour l’étape 3 à l’horizon 2025 », annonce le directeur général.
Ce projet baptisé France PV Industrie a fait l’objet d’un dépôt de dossier dans les appels à projets de l’Ademe dans le cadre de France 2030. Le résultat de la candidature devrait être connu encore ce mois de janvier. Le soutien de France 2030 servirait à financer la ligne de production pilote, estimée à 15 millions d’€. La deuxième étape est évaluée à 50 millions d’€. Reste à trouver et convaincre des investisseurs.