
VIN. En Bourgogne, la filière viticole espère reconstituer des stocks historiquement bas depuis 50 ans du fait des très mauvaises conditions climatiques ces dernières années.
La raréfaction de l’offre crée une forte tension sur les prix et plombe les ventes à l’exportation, notamment sur ses grands marchés : Royaume-Uni, Amérique du Nord, Asie.
La bonne nouvelle vient du marché français et notamment de la restauration.
L’interprofession viticole peaufine son projet de Cité des vins à Beaune, mais peine à boucler le financement de 16 millions d’€.
Cliquez sur les photos pour les agrandir.
Viticulteurs et négociants bourguignons peuvent pousser un grand ouf de soulagement…
Les mauvaises conditions climatiques d’un début d’été très pluvieux et un épisode de grêle ravageur dans certains vignobles comme Pommard, Meursault, Volnay et Mâcon n’obèreront pas la récolte en cours de vendanges.
Elle devrait atteindre 1,45 million d’hectolitres, une récolte dans la parfaite moyenne décennale. « Il faudra toutefois beaucoup trier sur table pour avoir une bonne qualité », explique Claude Chevalier, président du Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB).
Ce futur millésime redonne donc du baume au cœur aux 3500 exploitants, dont 200 se sont déjà déclarés en grande difficulté auprès de la MSA (mutuelle sociale agricole).
Car la Bourgogne n’a plus de vin à vendre. Les stocks à la propriété et dans le négoce, de 1,12 million d’hectolitres, sont historiquement bas.
Cette situation conduit à une forte tension sur les prix. En 2012, le cours des rouges a flambé de 15 à 20% et les vins blancs ont subi la même tendance l’an dernier.

Les marchés traditionnels plongent
« Il faut stabiliser à tout prix nos tarifs, sinon nous ne trouverons bientôt plus dans les linéaires une bouteille de bourgogne à moins de 8 €, ce qui nous détournera d’une grande clientèle », implore Louis-Fabrice Latour, président délégué au BIVB et dirigeant d’une des grandes maisons de négoce sur Beaune (Côte-d’Or).
Les premiers effets à l’international se font d’ailleurs sentir. Sur les 7 premiers mois de l’année, les grands marchés du bourgogne chutent.
Celui du Royaume-Uni, très importateur de vins blancs (Chablis et Mâcon), diminue de 24% en volume et près de 8% en valeur. Les ventes aux États-Unis et au Canada se rétractent de leur côté de 12% en volume.
Plus grave est sans doute la baisse des exportations en Asie, considérée comme un débouché d’avenir. Le Japon restreint ses volumes achetés de près de 8%, la Chine de 7% et Hong Kong, plate-forme de redistribution vers de nombreuses autres destinations asiatiques, de 21%.
Au total, les exportations plombent de 12,1% en volume pour un chiffre d’affaires de 409,1 millions d’€, mais deux bonnes nouvelles éclaircissent cet horizon.

La commercialisation des bourgognes en France retrouve des couleurs (20 millions de bouteilles depuis un an), notamment dans la restauration, et l’interprofession peaufine son projet de Cité des Vins à Beaune.
Le site pourrait ouvrir fin 2017, après un investissement de 16 millions d’euros, encore en recherche de financement.