SANTÉ/CÔTE-D’OR. Connu du grand public pour ses pansements, le groupe Urgo dont le siège social est à Chenôve, dans l’agglomération de Dijon, axe son développement vers des produits plus techniques avec sa division Urgo Médical.
Après les principes actifs de plus en plus solidaires du support, le laboratoire travaille sur la technologie du laser.

 

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Urgo développe ses propres machines pour les adapter aux spécificités de ses produits et conserver une certaine discrétion. © Vincent Arbelet


“Y’a de l’Urgo dans l’air ; Y'a de l'air dans Urgo” : ce slogan a fait la réputation du fabricant de pansements né dans l’agglomération de Dijon d’une droguerie médicinale dans la seconde moitié du 19ème siècle. C’était à la fin des années 1970. Pour soigner les petits bobos, le pansement devenait plus sophistiqué. En aérant la plaie, de minuscules petits trous accélèrent sa guérison.

 

Aujourd’hui, le moteur des laboratoires Urgo se situe dans des produits encore plus techniques à l’usage des professions médicales. L’immense usine de Chevigny-saint-Sauveur, à quelques kilomètres du siège social historique de Chenôve, utilise d’ailleurs la moitié de sa capacité de fabrication à ces produits délivrés sur ordonnance, contrairement aux pansements grand public distribués librement dans les pharmacies.

 

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Toujours axés sur la cicatrisation en milieu humide mais pour des plaies plus sévères, accidentelles ou chroniques, les pansements médicaux ont d’ailleurs suscité la création d’une division dédiée, Urgo Médical à laquelle le groupe consacre l’essentiel de son budget R&D (20 millions d’€ au total) et ses espoirs de développement.

 

Après avoir assis sur le marché la compression pour faciliter le retour veineux pour soigner l’ulcère de la jambe ou l’intégration de principes actifs dans le support du pansement pour accélérer la guérison, Urgo Médical s’attelle aujourd’hui à un problème que Jean-François Robert, directeur général délégué pour Urgo Recherche, Innovation et Développement (RID) qualifie « d’enjeu de santé publique » : l’ulcère du pied diabétique.

 

Fait d’un support souple imprégné de principes actifs, le pansement baptisé UrgoStart® est promis à un gros potentiel dès lors que les résultats des études cliniques convaincront les autorités de l’inscrire au tableau des médicaments remboursés. « Chez les patients diabétiques, certaines plaies ne se referment pas et ils peuvent risquer leur vie », ajoute t-il.

 

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Ce laser portatif est une technologie de rupture pour le groupe.

La technologie du laser

 

L'automne dernier, Urgo Médical a franchi un nouveau palier, toujours dans le domaine de la cicatrisation, mais cette fois avec une nouvelle technologie : le laser. Urgo Touch® prend la forme d’un laser portatif qui s’utilise en salle d’opération, en fin d’intervention chirurgicale. Il lisse la cicatrice et la rend moins visible.

 

En attendant que l’Assurance maladie ne considère plus cet acte comme un confort, le groupe vise le marché de la chirurgie esthétique qui représente un potentiel important avec ses 230.000 actes par an.

 

Ce sont les neurones d’une start-up qui ont offert ce petit bijou au laboratoire. Elle a découvert que les protéines de choc thermique, naturellement présentes dans l’organisme, s’activent au moment de la suture sous l’effet de la chaleur.

 

Urgo rachète les actifs de la start-up et reprend les recherches pendant quatre années jusqu’à prouver une diminution de 30% du volume de la cicatrice. La physique de la lumière, estime le laboratoire, ouvre d’autres champs dans le domaine du soin en particulier des infections bactériennes.

 

C’est à Chenôve qu’une soixantaine d’ingénieurs sur les 140 personnes qu’emploie le centre RID (Recherche, Innovation et Développement) effectuent ces recherches. En 2016, toutes les fonctions liées à l’innovation - de la veille technologique à la transposition industrielle - jusqu’alors réparties dans les différentes usines ont été rassemblées ici « pour plus d’efficacité », précise Jean-François Robert.

 

En complément du développement en interne, le laboratoire surveille de près l’évolution des technologies dans ses domaines de prédilection, la cicatrisation, la compression, la thérapie vasculaire, la médecine esthétique ou encore la santé connectée. Récemment, il a annoncé un programme d’accompagnement de start-up en phase de démarrage. Une façon de ne pas prendre un train de retard.

 

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Visite de l’usine de Chevigny-Saint-Sauveur

 

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Une chaîne de fabrication, de la découpe du support à l'emballage du pansement en passant par la pose du principe actif. © Vincent Arbelet.

 

Avec ses 10.000 m2, l’usine de Chevigny-saint-Sauveur, l’une des trois usines françaises du groupe et emploie 350 personnes, est un véritable paquebot. Elle n’abrite pas que la fabrication de pansements , mais aussi une unité de préparation de commandes dotée d’un transstockeur de 24 mètres de longueur. En moyenne 1.500 commandes par jour approvisionnent les pharmacies et les autres opérateurs de la santé en France.

 

La visite de l’usine est précédée d’un cérémonial infligé aux salariés à chaque fois qu’ils prennent et quittent leur poste. Les vestiaires sont divisés en deux parties : l’une pour l’arrivée et la pose des chaussures de ville, l’autre pour mettre charlotte et surchaussures sans compter le lavage des mains, à chaque passage d’un atelier à l’autre. Pour fabriquer des produits cicatrisants, mieux vaut qu’aucune bactérie n’atteigne les lignes de fabrication…

 

La production est très compartimentée. Plusieurs ateliers de taille modeste sont affectés à différents produits. Une sorte de pétrin mélange les différents composants actifs, au nombre de 5 à 10 en fonction de la typologie de la plaie, qui sont chauffés pour mieux s’amalgamer et être ensuite accolés sur les adhésifs.

 

La fabrication proprement dite d’un pansement est réalisée avec des machines d’assemblage de grande capacité, de 2.000 à 5.000 pansements à l’heure selon les produits. Elles sont développées par l’industriel qui ajoute des fonctions spécifiques à des machines standard selon la particularité du produit à fabriquer.

 

Les machines découpent les supports, non tissés, mousses polyuréthanes ou silicone, dans la bonne dimension (il existe plusieurs dizaines de références). Elle colle les composants préalablement pesés, puis réalise l’emballage. A ce stade, le pansement n’est pas encore stérilisé.

 

La dernière génération de machines, inaugurée il y a un an et dédiée à UrgoStart® permet d’intégrer le produit actif dans la masse du pansement fait en mousse. Une autre est dédiée à des supports en silicone.

 

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Le groupe Urgo en quelques chiffres

 

La famille Le Lous est toujours aux commandes de ce groupe de 3.100 collaborateurs qui réalise un chiffre d’affaires de 662 millions d’€. Il est présidé par Hervé Le Lous, le fils de Louis qui avait racheté les Laboratoires Fournier en 1940.


Au fil des années et des rachats, le groupe s’est enrichi de métiers et  marques, toujours dans le domaine de la santé et du bien-être. A partir de 2003, la diversité des savoir-faire et des modes de distribution donne naissance à plusieurs entités.


Les Laboratoires Juva Santé abritent notamment les marques Juvamine et Mercurochrome et les laboratoires Super Diet,  le fabricant de compléments alimentaires du même nom et entre autres la marque Ricqlès. Le tout est aujourd’hui sous l’entité Groupe Urgo qui fut un temps baptisé Vivasanté.


Ces dix dernières années, le groupe s’internationalise par le rachat de concurrents ou de portefeuilles de marques. Il possède aujourd’hui 4 usines en France dont 2 dans l’Est : Chevigny-saint-Sauveur, Forbach (produits Juva Santé en grande distribution), Valenciennes (Super Diet), Veauche (compresses, sparadrap) dans la Loire.


A l’étranger, les usines sont situées en Espagne, en Grande-Bretagne, en Thaïlande, au Brésil, et récemment en Inde et en Colombie.

 

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