La Covid-19 a plongé, non seulement les Etats, mais bon nombre d’entreprises dans un endettement parfois sérieux. Et même si les taux sont bas avec des périodes de différé de remboursement, à l’exemple du Prêt Garanti par l’Etat (PGE), il faudra bien un jour ou l’autre solder les comptes. Pour faciliter cette gestion en préservant des marges de manœuvre financière, la Banque Populaire de Bourgogne-Franche-Comté utilise une application novatrice, créée par ses soins et duplicable dans son réseau.
Plus de 400 collaborateurs de la Banque Populaire de Bourgogne-Franche-Comté disposent depuis le début de l’année d’une application qui diagnostique et requalifie au besoin la dette des entreprises. Pour bien comprendre son fonctionnement, il faut considérer que la majorité des acteurs économiques vivent avec un endettement pour développer leur activité, d’autant que depuis des années les taux sont bas, voire très bas pour qui sait judicieusement négocier.
La crise sanitaire, faute d’activité normale, les a hélas plongés dans les affres de besoins financiers accrus et récurrents auquel a répondu le Prêt Garanti par l’Etat (PGE), dont le montant est calculé à hauteur maximale de 3 mois de chiffre d’affaires de l’exercice 2019. Et même s’il est prévu un différé de remboursement d’une année et un différé de remboursement du capital d’une autre, réduisant de ce fait à quatre ans l’amortissement prévu, la dette devra être purgée.
« Qui paie ses dettes s’enrichit », certifie le proverbe. Mais encore faut-il le pouvoir... Pas moins de 130 milliards de crédits en PGE ont été accordés en France, dont 3,3 milliards en Bourgogne-Franche-Comté, soit peu ou prou 8.000 PGE, sachant qu'une entreprise peut en demander plusieurs à concurrence de 25% de son chiffre d’affaires de 2019.

« Nous en avons accordé pour 800 millions et nous avons reporté les échéances de prêts plus classiques pour environ 200 autres millions », note Bruno Duchesne, le directeur général. Le banquier estime de 15% des entreprises ainsi épaulées auront des difficultés à rembourser et, que pour 5% d’entre elles, ce sera « très difficile.»
Jouer sur tous les leviers financiers
Difficile, mais pas forcément insurmontable. L’application bancaire à usage interne, baptisée « Box PGE », décortique le potentiel financier de l’entreprise endettée à l’appui, en premier lieu, d’un questionnaire simple recueilli auprès des dirigeants.
Elle pointe les manques à terme et les marges de manœuvre qu'il s‘avère possible de dégager à l’aune de : l'allongement de certains prêts, le rachat de crédit, le recours à l’affacturage pour soulager la trésorerie, ou encore l'option du « lease back », soit la revente d’équipements industriels à la banque pour générer du cash, puis les lui relouer…
Les démonstrations faites sous le sceau du secret bancaire, étonnent et détonnent, d’autant qu’elles s’articulent à chaque fois en fonction de la capacité d’autofinancement (CAF) de l’entreprise. « Nous la projetons à 7 ou 8 huit ans pour envisager les besoins futurs de rééquipements, de croissance externe ou tout simplement de cash flow (flux de trésorerie) », argumente le banquier.
Une équipe de huit personnes a planché depuis début octobre dernier sur cette application. « Une fois la mise au point faite de cet outil de simulation, il nous fallait déterminer en interne les niveaux de délégation, puis former nos collaborateurs », explique Fabien Bouillot, directeur des engagements du réseau agences de BP BF-C. L’application devrait faire florès au sein du groupe bancaire pour peu qu’elle soit adaptée en fonction des architectures numériques de chacune des banques mutualistes.