Après le lin dans la filature Emanuel Lang, l’une de ses entreprises textiles, dans le Haut-Rhin, Pierre Schmitt veut constituer une filière tricolore complète de la matière première, biosourcée, à l’équipement de production, en s'appuyant sur son voisin N. Schlumberger (NSC) à Guebwiller. Les premiers investissements ont lieu à la fabrique de velours Valcorex.


L’entrepreneur textile Pierre Schmitt veut se faire le chantre de la réindustrialisation en France, et il s’en donne les moyens : il programme 13 millions d’€ d’investissements sur les sites alsaciens qui forment son groupe de 150 salariés et 30 millions d’€ de chiffre d’affaires. Il inscrit en effet ses projets dans le cadre du plan France Relance lancé par le gouvernement pour (re)dynamiser la production industrielle du pays touchée par la crise sanitaire. « Nous avons déposé un dossier courant novembre », indique-t-il.


Le… fil conducteur vient du biosourcé : Pierre Schmitt entend concrétiser le développement de la transformation de matières naturelles, le lin et le chanvre, qu’il avait enclenchés avant le Covid-19, avec notamment le projet bien médiatisé de récréer une filature de lin en France trente ans après la disparition  de cette activité dans l’Hexagone, moyennant le rapatriement d’outils de production depuis la Hongrie. 

Cette activité de filature de lin renaît au sein de l’entreprise Emanuel Lang à Hirsingue (Haut-Rhin). (Lire l’article de Traces Ecrites News : Une filature de lin de retour en France chez Une filature de lin de retour en France chez Emanuel Lang

 

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Après avoir installé en début d’année un procédé de filature  « au sec », les investissements complémentaires vont moderniser encore l’outil dans les prochains mois. Ils vont aussi ajouter une filature « au mouillé », consommatrice d’eau à la différence de la première, mais nécessaire pour se lancer dans la production de matières composites, pour des tissus techniques.
Ainsi, l’entreprise se dote de capacités pour se diversifier hors de l’habillement : « Les débouchés possibles ne manquent pas, par exemple dans le véhicule électrique, les fibres de verre ou le mobilier », souligne Pierre Schmitt.



Une filière tricolore, la matière première aux machines textiles

 

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Dans les ateliers d' Emanuel Lang, filature de matières naturelles, coton, tencel (fibre de cellulose), lin, chanvre et ortie. © Julie Giorgi

 

Par cette montée en puissance, le dirigeant veut constituer une filière tricolore complète. Elle partirait de la matière première  -  récolte du lin en Normandie  par la coopérative Terre de Lin et du chanvre dans l’Aube (La Chanvrière) – passerait par la recherche et développement grâce à la coopération avec les établissements d’enseignement supérieur mulhousiens (école d’ingénieurs Ensisa, école nationale supérieure de chimie, école des beaux-arts)… et se bouclerait avec la transformation hexagonale dans les usines alsaciennes. Et pour cette étape-clé, Pierre Schmitt fait appel à de l’équipement de production français lui aussi, et même local.

La présence du fabricant de machines textiles N. Schlumberger (NSC) à Guebwiller (Haut-Rhin), à quelques kilomètres ou dizaines de kilomètres des usines du groupe Schmitt, apporte un socle fondamental à la stratégie de l’entrepreneur. « N. Schlumberger sera notre maître d’œuvre, c’est autour de lui que tout s’articule, et pas autour de machines chinoises. Tout juste faisons-nous appel à un allemand, Dornier, pour les machines à tisser. Avoir un champion comme N. Schlumberger à nos portes représente un atout formidable », commente Pierre Schmitt.



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Le programme d’investissements qui démarre aura comme autre bénéficiaire principale l’usine Velcorex à Saint-Amarin, spécialiste du velours. Il lui permettra de rénover et moderniser son parc de machines et de poursuivre lui aussi son virage vers le biosourcé.

Le groupe Schmitt est complété de Philéa (prêt-à-porter féminin) à Hirsingue et de Tissages des Chaumes  à Sainte-Marie-aux-Mines (Haut-Rhin) pour le tissage artisanal de luxe. Son dirigeant a pour lui des visées de croissance : il prévoit d’augmenter les effectifs de 50 unités dans les trois ans, pour parvenir à 200 salariés. La progression du chiffre d’affaires sera « en rapport » avec celle de l’emploi, souligne Pierre Schmitt.

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«  C’est autour de N. Schlumberger que tout s’articule, et pas autour de machines chinoises. Tout juste faisons-nous appel à un allemand, Dornier, pour les machines à tisser. Avoir un champion comme N. Schlumberger à nos portes représente un atout formidable », commente Pierre Schmitt, dirigeant du groupe textile qui porte son nom. © Julie Giorgi

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