Transport. Pour se réconcilier avec le monde des transporteurs, quand on ne voit en ces derniers que des pousseurs de marchandises seulement bons à râler contre l’Etat et la baisse des marges, un petit tour s’impose chez Straumann.
Cette PME de Colmar (Haut-Rhin) vit son métier comme un artisanat au sens noble du terme.
Et pas au service de quelque chose d’anecdotique : Straumann s’est imposé comme une référence des convois exceptionnels.
L’entreprise alsacienne a fait du transport de pièces géantes sa spécialité. Les turbines General Electric et les composants d’EPR d’Alstom, c’est elle qui se charge de les acheminer par les impressionnants convois routiers, de Belfort jusqu’au port de Strasbourg. Fleuron de sa flotte, la "16 lignes – 3 files" déploie son convoi de 49 mètres de long et 5,20 mètres de large.
De 6 à 26 salariés en 10 ans
La force de Straumann réside dans sa capacité à adapter la dimension de ses véhicules aux situations particulières. «Si, pour une pièce donnée, il faut rajouter les 50 cm qui manquent par rapport à une longueur standard de 12 mètres, nous savons faire», indique le gérant, Yannick Brame.
«Nous sommes des mécanos du transport», ajoute t-il. Non avec dédain, mais avec une fierté légitime : dans les ateliers, les mécaniciens façonnent des tours, des axes ou des trépieds spécifiques. Comme au bon vieux temps...
Au fil de la visite du parc de véhicules, il faut entendre le jeune dirigeant expliquer avec passion et pédagogie comment on «fabrique» un tireur-pousseur capable de transporter plus de 300 tonnes d’un coup, un 5 ou un 6 essieux, un semi-remorque "extra-basse" qui frôle le sol.
Straumann, c’est une longue histoire commencée en 1890 par la livraison de charbon dans Colmar et marquée par plusieurs rachats jusqu’au dernier de 2000, par Gérard Brame et son fils Yannick. Lui-même issu d’une famille de transporteurs, le tandem a conforté la spécialisation sur le transport exceptionnel, faisant passer en dix ans les effectifs de 6 à 26 salariés.
Un déménagement à l’été 2012
«Dans le transport classique, nous n’apporterions aucune valeur ajoutée par rapport à l’abondante offre existante. Dans l’exceptionnel au contraire, notre profil de PME apporte la souplesse nécessaire», estime Yannick Brame.
Les pièces devenant de plus en plus volumineuses et lourdes, Straumann a un besoin de place que son actuelle implantation éprouve de plus en plus de mal à satisfaire.
Aussi, l’entreprise programme-t-elle son déménagement à l’été 2012 dans la nouvelle zone d’activités périphérique proche de l’aérodrome de Colmar-Houssen, à côté de la nouvelle usine de Liebherr, le fabricant de matériel de travaux publics et l’un de ses principaux clients.
Les 2 ha de terrain représenteraient un doublement de surface. Pour la PME au chiffre d’affaires annuel de 3,5 millions d’€, l’investissement est conséquent, puisqu’il se chiffre à 2,5 millions d’euros.
Et ils roulent en SCANIA ! La classe jusqu'au bout.