
CHAUDRONNERIE. Faute d’avoir pu étendre son site, l’entreprise de chaudronnerie et de mécanique de précision du Creusot rate des marchés importants.
En cause : un certain système financier qui a peur de son ombre et n’accompagne même plus les entreprises rentables à fort potentiel.
De quoi rappeler ce bon mot de Michel Audiard : « un financier, ça n'a jamais de remords. Même pas de regrets. Tout simplement la pétoche ».
Frédéric Vaysse-Labonde, repreneur de SRCI en 2008, ne se laisse toutefois pas abattre et regarde l’avenir avec confiance. Témoignage.
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C’était il y a maintenant presque deux ans. Le permis de construire venait d’être accepté, l’accord de principe des banques obtenu et les travaux d’extension allaient démarrer.
Et puis d’un coup, les financeurs de SRCI, entreprise de chaudronnerie et de mécanique de précision implantée au Creusot (Saône-et-Loire), refusent d’honorer leur parole.
Frédéric Vaysse-Labonde, repreneur de cette PME en 2008, sent alors le ciel lui tomber sur la tête.
Grâce à l’agrandissement de 600 m2 de son site, chiffré avec les équipements à un million d’€, il allait pouvoir répondre à des commandes plus importantes, accentuer la prospection de nouveaux clients, revoir tous ses flux de production pour gagner en productivité, offrir à son personnel un gain précieux de place…
Bilan des courses : le chaudronnier (près de 3 millions d’€ de chiffre d’affaires, 20 salariés) a perdu un contrat sec de 500 000 € et presque autant en commandes potentielles.
« Comme je m’engage toujours sur un prix, une qualité et un délai, je savais ne pas pouvoir honorer ma parole et l’ai dit à mes clients avec qui je joue une transparence totale », explique le dirigeant.
Sur les raisons invoquées, on croit rêver ! « Ils m’ont tour à tour indiqué qu’en raison de la crise grecque, de la situation de l’Italie, de mauvais placements, pour certains, faits à l’étranger…, ils ne pouvaient plus me suivre », relate Frédéric Vaysse-Labonde.
Les financiers de l’industriel redoutaient aussi sans doute qu’il ne puisse assurer le remboursement de son LBO sur sept ans, ou acquisition avec effet de levier, lié à l’achat de l’entreprise.
Or, tout se passe très bien dans ce domaine. Pour bien comprendre le mécanisme, rappelons que les profits réalisés chaque année - et il y en a chez SRCI, assure le dirigeant - honorent progressivement la dette contractée.

Fournisseur de rang 1
On comprend alors d’autant moins pareille attitude que quelques heures passées en compagnie Frédéric Vaysse-Labonde permettent de comprendre qu’il a la tête bien posée sur les épaules.
Cet autodidacte, titulaire d’un CAP de mécanicien ajusteur, a su se former et gravir des échelons au sein de grands groupes (Pechiney, Carnot Métal Box) comme dans une tonnellerie bourguignonne pour, la quarantaine passée, se mettre à son compte.
Mais pas n’importe comment !
L’ancien président du Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) de Chalon-sur-Saône a réussi une transmission d’entreprise à inscrire dans les annales des bonnes écoles de commerce.
L’entreprise vendue par Serge Robert, était déjà saine, bénéficiait d’un bâtiment aux normes et d’un matériel performant. Cédant et repreneur partageaient de plus les mêmes valeurs professionnelles de travail bien fait et d’engagement.
« J’ai étudié ce rachat durant six mois pour comprendre notamment le marché et savoir comment faire évoluer l’activité », indique Frédéric Vaysse-Labonde.
SRCI réalise aujourd’hui 80% de ses ventes dans l’énergie : pétrole, gaz, nucléaire et les 20% restants dans le ferroviaire.
Ses pièces et ensembles mécano-soudés complexes : brûleurs à gaz, composants de turbine, collecteurs d’échappement, Tés de dérivation…, partent aux quatre coins de la planète pour des clients comme Alpha Laval, Areva, GE Energy…
Le chaudronnier en métaux ferreux comme non ferreux s’est par ailleurs spécialisé sur le marché de niche du spécifique, du prototype, de l’unitaire ou de la toute petite série.

« Nous sommes devenus de vrais co-traitants et parfois même conseil en faisabilité », se félicite le dirigeant (45 ans), intarissable sur les anecdotes, comme celle où avec ses équipes, il a dépanné en 48 heures un gros client pour une petite pièce manquante sur une plate-forme pétrolière offshore qui bloquait la mise en route et risquait de coûter 150 000 $ de pénalités par jour.
Crédit photos : SRCI
Malheureusement, cet industriel est comme nous tous dans la crise qui fait que produire ne fait pas assez de profit pour nos banques. Il leur faut 2 chiffres et dans l'industrie cela ne sera jamais réalisable en raison de leur mentalité du court terme. En outre, le court terme réduit à 1 an fait que nous ne pouvons les intéresser. Résultat c'est foutu - POUR UN MOMENT - et preuve en est que le chômage continue monter et, ce n'est avec le raisonnement de nos politiques gauche comme de droite qui va le faire diminuer. La seule solution consiste à revenir à une logique : produire économiquement pour enrichir nos entreprises (donc nous avons besoin des banques...) Alors en retrouvant de la rentabilité, et si une bonne gestion le permet, nous pourrons partager. Ceci est l'inverse DE CE QUI EST FAIT depuis nombre d'années et explique la situation actuelle. Salut et courage pour la suite.