MÉTALLURGIE/DOUBS. Créée pour exploiter la technologie du MIM - moulage par injection de poudres métalliques -, l’entreprise s’apprête à franchir un nouveau pas technologique : celui de l’impression métallique 3D, qui répond au double-objectif d’industrie “lean” et “green” de son dirigeant.
Pour Alliance, l’année 2018 sera celle du grand virage. Dans les nouveaux locaux de Saint-Vit, près de Besançon, un quart du parc machines pourrait passer en impression métallique 3D.

 

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Toujours seule entreprise française à fabriquer des composants avec la technologie du MIM – moulage par injection de poudres métalliques –, Alliance se prépare à un grand virage technologique, l’impression métallique 3D.

 

Les nouveaux locaux de la zone d’activités de Saint-Vit, près de Besançon, ont fière allure. Noir et bronze, aux lignes épurées, avec un panneau “Welcome to MIM City, Alliance – MIM” qui accueille le visiteur sur le parking. A droite, la forêt que l’on admire à travers un grand cadre.

 

Car Jean-Claude Bihr, le patron de cette entreprise créée en 1995 par des horlogers suisses et français pour exploiter la technologie naissante du MIM (moulage par injection métallique), s’inscrit pleinement dans les préoccupations actuelles : le lean management, qui permet de fabriquer mieux avec moins de matière et moins d’énergie, et donc logiquement le green, l’environnement.

 

La porte franchie, on se retrouve dans un grand open space où le PDG travaille au milieu de ses équipes, vêtu d’un pull et d’une chemise aux couleurs de la maison, façon pilote de ligne. « Dans ces nouveaux locaux, on est plus en phase avec notre vision du management, on envisage même déjà de s’agrandir. Nous sommes en pleine révolution, c’est fascinant, ce qui arrive. »

 

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Ce qui arrive, c’est un virage technologique majeur. Vingt-trois ans après sa création, Alliance, qui emploie 130 salariés et réalise un chiffre d’affaires de 10 millions d’€, est toujours la seule entreprise française à fabriquer des composants avec la technologie du MIM pour le médical, l’aéronautique et l’horlogerie. Mais, du coup, elle subit une concurrence mondiale féroce qui la conduit à s’engager dans une nouvelle voie. Celle du MIM Like, ou de la fabrication métallique 3D.

 

« Nous avons deux axes stratégiques : la croissance et le green. Nous faisons de la croissance en matière de marchés et de ressources humaines. Nous faisons aussi de la croissance de matière. Et pour faire croître un métal, il n’y a qu’une seule solution : la poudre. Les nouveaux modes de fabrication doivent prendre soin de la planète et fabriquer au mieux ce dont le client a besoin, au bon moment, à la bonne quantité et de manière frugale. C’est ça l’esprit du MIM, on fait pousser la matière autour des trous. On fait cela depuis 23 ans, mais ça n’a pas révolutionné l’approche métallique. Maintenant, avec le MIM Like, c’est différent. »

 

Un quart du parc machines pourrait passer en impression métallique 3D

 

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Cette pince d’orthodontie y compris les embouts ont été réalisés avec la technologie du MIM Like. Le corps (en couleur) de la pince étant surmoulé en plastique.

 

 

 

 

Le MIM Like reprend le principe des poudres métalliques mais sans le moule. La forme, cette fois, vient de l’impression 3D. Une sorte de digitalisation ou de numérisation de la métallurgie, et une révolution qui s’annonce, selon Jean-Claude Bihr.

 

Car pour lui, l’avenir est là. « On maîtrise l’unité minimum, le grain, la poudre, et on peut produire rapidement, à prix réduit et de manière ultra-flexible, pour des petites ou moyennes séries. Il n’y a aucune contrainte technique et aucun savoir-faire nécessaire à part celui du frittage (le soudage par la chaleur, ndlr) que nous maîtrisons déjà. »

 

A Saint-Vit, l’entreprise travaille sur cette évolution technologique depuis un an maintenant, en lien avec le Cetim (Centre technique des industries mécaniques).

 

 

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Selon Jean-Claude Bihr, deux grandes entreprises françaises seraient également en train de se positionner sur le MIM Like mais elles ne maîtrisent pas le frittage, ce qui lui donne une longueur d’avance. « Les Etats-Unis sont à fond aussi, ils investissent des millions de dollars, mais partout la technologie est balbutiante et je pense qu’on est meilleurs qu’eux. »

 

Si le conseil d’administration d’Alliance donne son feu vert, l’année 2018 sera celle du grand virage. A Saint-Vit, un quart du parc machines pourrait passer en impression métallique 3D. Des discussions sont en cours avec des constructeurs de machines d’impression, notamment sur les prix. Du côté des clients et notamment ceux du médical – un marché d’autant plus intéressé qu’il nécessite de nombreuses étapes de validation, et donc de nombreux prototypes –, l’intérêt est certain.

 

« Le MIM ne faisait pas descendre le PDG de son bureau. Mais lorsque j’arrive avec cette petite grenouille faite en MIM Like, c’est différent », constate le patron d’Alliance en montrant le petit animal de moins de deux centimètres réalisé en impression métallique 3D et parfaitement fini.

 

Qui est Jean-Claude Bihr ?

 

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Ingénieur en sciences et génie des matériaux, auteur d’une thèse sur les “matériaux composites et matrices métalliques” et convaincu des vertus du lean management, Jean-Claude Bihr a déjà donné plusieurs conférences sur le sujet auprès d’autres dirigeants d’entreprises. Mais au Lean Summit de Lyon, les 27 et 28 mars prochains, il interviendra cette fois sur le MIM Like.
« J’aimerais rassembler du monde autour de cette technologie », dit-il. En interne aussi, Jean-Claude Bihr éveille les esprits. A Saint-Vit, il organise des sessions de formation gratuites en dessin 3D – mais en dehors des heures de travail – ouvertes à tous les salariés et à leurs enfants.

 

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Les locaux d'Alliance dans la zone d’activités de Saint-Vit, dans le Doubs, que lui a construit Aktya à Besançon.

 

Photos fournies par l'entreprise.

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