HORLOGERIE / FRANCHE-COMTÉ. L’entreprise de Châtillon-le-Duc, près de Besançon, a signé un contrat de sous-licence exclusif pour exploiter la marque mythique chez les horlogers-bijoutiers.

Elle remet au goût du jour les montres historiques et de designers des années fastes de Lip et, si les ventes suivent, elle pourrait même racheter la marque après 10 ans d’exploitation.

 

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La mytique montre "Himalaya" de Lip, revisitée par SMB.

 

Depuis un an et la signature d’un contrat exclusif d’exploitation des montres Lip pour les collections historiques et de designer, Philippe Bérard et son fils Pierre-Alain travaillaient dans le plus grand secret.

 

Contacté par Jean-Claude Sanssemat, propriétaire de la marque depuis la liquidation de l’emblématique entreprise horlogère bisontine, en 1977, et par la MGH, société gersoise qui l’exploite pour son compte, le PDG de SMB a accepté la proposition de faire revenir les montres Lip à Besançon. Le contrat, signé pour 5 ans avec MGH, lui donne l’exclusivité auprès des horlogers-bijoutiers.

 

Les modèles historiques et de designers sont protégés, mais la société SMB bénéficie d’une petite marge d’interprétation. « On garde l’esprit mais on change les codes couleurs, on joue sur les mats et les brillants, on prend le meilleur des modèles originaux en arrondissant un peu les formes ou en grossissant certaines pièces », explique le patron de SMB, une entreprise horlogère de 120 salariés installée à Châtillon-le-Duc, dans le Grand Besançon.

 

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Remarquables mais portables

 

Fred Lip avait été l’un des premiers horlogers à demander à des designers de s’impliquer dans ses collections. Parmi eux un certain Roger Talon, connu pour avoir dessiné le TGV, qui signa les montres Mach 2000, TV, Big TV ou Mini Moon. Philippe Bérard, qui s’implique toujours dans la création, a remis au goût du jour ces modèles mythiques.

 

La nouvelle Mach 2000, par exemple, a gardé les trois couronnes boules (les remontoirs) du designer, pièces maîtresses de ce très beau garde-temps, mais a troqué les couleurs primaires contre de l’acier plus ou moins poli. « Moi, SMB, je dois mettre ces modèles en face des Diesel, par exemple. Il faut qu’ils soient remarquables mais portables », explique le dirigeant.

 

Son fils, Pierre-Alain, lui, a repris les modèles historiques : Himalaya, le plus classique, Churchill, de Gaulle, Henriette… Lui aussi a modifié la taille des boîtiers, a poli certaines facettes et retravaillé les bracelets.

 

Dès la création, en 1978, Philippe Bérard avait positionné son entreprise sur le marché des montres d’entrée de gamme, avec une stratégie multicanal : la grande distribution, les Relais H et boutiques de souvenirs, les cadeaux d’affaires et les horlogers-bijoutiers.

 

Aujourd’hui, SMB compte plus de 5 000 clients, dont 1 500 horlogers-bijoutiers et 800 grands magasins. Le chiffre d’affaires est stable, à 30 millions d’€ dont 30% à l’export, essentiellement en Europe, et la PME familiale vend 1,5 million de montres chaque année.

 

Egalement des montres à petit prix

 

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Le stand Lip a fait fureur à Baselworld 2015, le salon de référence de l'horlogerie, en Suisse.

 

« On se maintient malgré l’export en baisse sur les marchés de l’Europe du sud et les difficultés de la grande distribution. On compense avec les marchés émergents d’Europe de l’est et le développement chez les horlogers-bijoutiers. »

 

A Chatillon, SMB emploie une trentaine d’horlogers ainsi que l’équipe de création, l’équipe logistique et les services administratifs liés à chaque marque. Les composants sont achetés en Asie et, pour le reste, l’entreprise s’appuie sur les acteurs locaux comme Cheval à Ecole, Mouche à Besançon ou Isa à Villers-le-Lac. 

 

Pour les montres Lip, si les ventes décollent, le chef d’entreprise n’exclut pas de lui consacrer son « bâtiment des horlogers » et le contrat de cinq ans pourra être reconduit pour la même durée, laissant la possibilité à SMB de racheter la marque à l’issue de cette nouvelle échéance.

 

Fin mars, deux jours avant l’ouverture du salon mondial de l’horlogerie, à Bâle, l’entreprise a envoyé une invitation à tous ses clients distributeurs qui révélait la bonne nouvelle. Sur le salon, le stand affichait deux identités fortes : Lip cohabitait avec Go, « notre marque qui performe le plus à l’export, et ça a très bien fonctionné », a constaté Philippe Bérard.

 

Go est la marque de montres féminines à petit prix de SMB, qui en compte d’autres : Hector H, son pendant masculin, Certus, Certus Paris (plus haut de gamme), Inotime...

 

berardQui est Philippe Bérard ?

 

Le dirigeant a quelques points communs avec Emile Péquignet, qui créa l’entreprise horlogère éponyme, à Morteau, et reste une référence dans le milieu horloger français.

 

Les deux hommes se sont lancés dans les années 70 et se connaissent. Comme Emile Péquignet, Philippe Bérard est d’origine paysanne, le premier du Haut-Doubs, le second de Haute-Saône. Comme lui encore, il développe des modèles pour femmes et il a du flair pour les montres qui se vendent (mode et petits prix pour lui, plus classiques et haut de gamme pour l’horloger de Morteau).

 

Il a  aussi un sens du marketing pointu et une créativité aiguisée. Enfin, comme lui encore, il aime les chevaux. Le soir, après sa journée de travail, le patron de SMB enfile ses bottes et va s’occuper de ses nobles amis à quatre pattes.

 

Mais alors qu’Emile Péquignet a revendu sa belle entreprise en 2004 - elle est aujourd’hui dirigée par Laurent Katz -, lui continue à développer la sienne et devrait logiquement la transmettre à ses enfants qui, déjà, y travaillent. L’entreprise est détenue à 100% par la famille et a les moyens de poursuivre son développement.

Photos fournies par SMB

1 commentaire(s) pour cet article
  1. Rougeaux alain dit :

    Bravo je suis toujours fier de porter tous les jours ma montre LIP offerte pour ma communion il y a 56 ans et jamais de soucis! !!!

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