PEINTURE INDUSTRIELLE/MOSELLE. La Société Lorraine de Cataphorèse Technique (SLCT) pourrait se lancer dans le traitement des pièces en aluminium à l’horizon 2025.
Le sous-traitant automobile prépare ce saut technologique en partenariat avec l’institut de recherche appliquée IRT-M2P à Metz.
Son plan de charge profite actuellement de la bonne santé de l’utilitaire Renault Master assemblé par Sovab en Meurthe-et-Moselle.

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La ligne de cataphorèse « pas à pas » permet de traiter des pièces allant jusqu’à 450Kg. ©Philippe Bohlinger.

 Du traitement de portières de 2CV ou de Mehari à l’investissement en R&D pour améliorer les composants de la voiture du futur, SLCT se bat sur tous les fronts. Certes, le gros des volumes qui défilent sur les lignes de cataphorèse de Fontoy (Moselle) n’est pas généré par le Mehari Club Cassis – un de ses clients – mais plutôt par le Renault Master.
Fin 2015, l’entreprise a remporté le marché des cloisons de séparation de l’utilitaire de la marque au losange : 450 pièces par jour alimentent en flux tendu l’usine d’assemblage Sovab en Lorraine. SLCT est également positionnée sur le traitement des pièces de rechange du Master qui sortent des ateliers d’Eurostamp (Meurthe-et-Moselle).
« Le Master est en progression (+15% de véhicules assemblés en 2015). Et nous avons l’avantage de travailler à la fois sur les pièces neuves et sur les pièces de rechange. Aussi, quand l’un des deux marchés diminue, l’autre remonte », détaille Elfrieda Sylvie Blasczak qui a repris la société (ex. Applications Vel) en redressement judiciaire en 2012. En l’espace de deux ans, son chiffre d’affaires (4,2 millions d’€ en 2015) a quasiment doublé…


Traitement de surface par microarcoxydation ou MAO

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450 cloisons de séparation du Renault-Master sont traitées chaque jour. © Philippe Bohlinger.

Avec 75% de l’activité généré par le Master de Renault, une masse salariale de 50 personnes, SLCT cherche également à se diversifier. Outre le secteur de l’automobile, elle démarche d’autres marchés : la fonderie, les fabricants d’engins de TP et les pièces mécano-soudées. D’autant que la seconde ligne de cataphorèse dite « pas à pas » permet de traiter des pièces affichant sur la balance jusqu’à 450Kg.
Surtout, l’entreprise implantée dans la vallée de la Fensch, berceau de la sidérurgie lorraine, prépare l’avenir : « Le chef d’entreprise doit être un visionnaire pour ne pas rater le départ du train », martèle la dirigeante associée à un projet de recherche technologique en MAO (microarcoxydation, un procédé de traitement de surface).


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Lancé en 2013, ce programme quadriennal (3,6 millions d’€) porté par l’IRT-M2P à Metz en partenariat avec des laboratoires et des industriels, dont Safran, devrait permettre d’améliorer la dureté ou encore l’adhérence des pièces en titane et en aluminium.
« La technologie MAO a été utilisée par les Russes sur leurs Spoutnik. Mais elle demeurait inexploitable sur le plan industriel, car trop énergivore. Les recherches coordonnées par l’IRT-M2P doivent permettre de dépenser moins d’énergie pour le même résultat. C’est un procédé d’avenir, car les pièces de carrosserie en aluminium vont occuper de plus en plus de place dans la construction automobile », poursuit-elle.


Travaux de recherche sur des peintures chauffantes

 

Elfrieda Sylvie Blasczak mûrit ce projet depuis bientôt dix ans. Elle n’avait pu le concrétiser avec l’entreprise d’électrozingage et de thermolaquage qu’elle a fondé en 1989 à Bouligny (Meuse) : la Société Lorraine de Traitement de Surface (SLTS). Malgré le soutien d’Oséo (aujourd'hui Bpifrance), l’entreprise qui emploie 25 personnes, n’avait pas l’envergure requise. Puis, il y a eu la crise, le dépôt de bilan d’un important client et la division des effectifs par deux...
« J’ai recherché des opportunités de croissance externe, car la R&D m’étaient fermée, faute de moyens », résume la dirigeante lorraine. L’acquisition d’Applications Vel a permis de ressortir le projet MAO des cartons.
Dans la Meuse, elle innove aussi en partenariat avec un industriel local pour promouvoir des peintures anti-graffiti, chauffantes et phosphorescentes. Et peindre l’avenir (économique) en rose ?


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© Philippe Bohlinger.

Qui est Elfrieda Sylvie Blasczak ?


Son doctorat en vieil allemand n’a pas empêché Elfrieda Sylvie Blasczak de bâtir une surprenante première partie de carrière dans l’industrie lorraine : « Je me suis toujours investie auprès de mes différents employeurs (Siemens, Edscha et Kaiser) comme si c’était ma propre société », analyse la présidente des sociétés SLTS et SLCT.


L’opportunité de lancer la première en 1989 lui a été donnée par Robert Lohr, l’emblématique patron du groupe alsacien éponyme. L’ancien propriétaire de Kaiser a aidé son adjointe de direction sur le plan du financement, mais aussi en lui permettant de cumuler deux activités pendant deux ans.


Lauréate du Trophée Grand-est des Femmes de l’économie en 2015, la chef d’entreprise prépare désormais l’avenir avec son fils, Jérémy Furlan, bien investi dans SLTS.

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