Il aura fallu plus de 15 ans de recherche, 60 millions d'€ pour mettre au point cette innovation de rupture titulaire de 400 brevets.
Il aura fallu plus de 15 ans de recherche, 60 millions d'€ pour mettre au point cette innovation de rupture titulaire de 400 brevets.

SANTÉ. La medtech fondée par Patrick Alexandre et aujourd’hui cotée en bourse, conduit de nombreux essais cliniques avec ZENEO®, son dispositif d’administration de médicaments sans aiguille, pour de premières mises sur le marché fin 2015.

Pour sa fabrication, elle choisit le principe de l’usine étendue, c’est-à-dire d'investir dans ses propres équipements chez des partenaires industriels.

Les 17 millions d’€ levés en bourse vont lui permettre d'acheter du matériel de production et d'engager le développement de nouveaux produits injectables grâce à la maîtrise de 400 brevets.

Trop à l’étroit dans ses murs, Crossject se fait par ailleurs construire par la Société d'économie mixte d'aménagement de l'agglomération dijonnaise (Semaad), des locaux tertiaires et techniques à la hauteur de ses ambitions internationales.

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Crossject voit enfin le bout du tunnel après une quinzaine d’années passées à mettre au point un dispositif unique d’administration et d’autoadministration de médicaments sans aiguille baptisé ZENEO®.

La Medtech, implantée à Dijon (Côte-d’Or), aura englouti pas moins de 60 millions d’€ en R&D, dont 40 proviennent d’investisseurs qui croient dans le potentiel d’un tel produit, sachant que 10% de la population mondiale vivent une phobie complète à l’idée de la moindre piqûre et que 30 autres pour cent y sont partiellement ou totalement réfractaires.

Mais que de galères et la menace de plusieurs dépôts de bilan. Tout aurait été sans doute plus simple ailleurs et notamment aux États-Unis... C’était sans compter la constance cocardière de Patrick Alexandre, P-DG de Crossject, l’appui sans faille du fonds d’investissement Gemmes Venture, de l’Ideb et le soutien de l’agence Bourgogne Développement.

Aujourd’hui, sa « seringue sans aiguille », détentrice de 400 brevets, est opérationnelle. Ne reste plus qu’à la rendre compatible avec différents types de médicaments de nature à traiter des maladies chroniques comme la sclérose en plaques ou la polyarthrite rhumatoïde, des crises aiguës de migraine ou encore d’épilepsie et des chocs allergiques : piqûres de guêpes, allergie aux cacahuètes…

Prescrit médicalement, ZENEO® peut s'autoadministrer très facilement et sans douleur.
Prescrit médicalement, ZENEO® peut s'autoadministrer très facilement et sans douleur.

100 molécules exploitables

« Nous démarrons les essais cliniques pour la polyarthrite rhumatoïde afin d’obtenir une autorisation de mise sur le marché fin 2015 », précise Patrick Alexandre. Le laboratoire parisien Biodim a acquis la licence d’exploitation de ce médicament en France et un autre, dont le nom demeure confidentiel, mais qui est européen, s’est octroyé la licence mondiale des chocs allergiques.

« Au lieu de travailler sur des affections de masse du type grippe, comme nous l’avions envisagé au départ, nous préférons nous concentrer sur des applications de niche en utilisant des molécules génériques dont on connaît l’efficacité et les effets secondaires », explique le dirigeant.

Le champ est très large. Sur 900 molécules injectables, pas moins de 200 sont compatibles avec ZENEO®, dont une centaine de nature générique.

En attendant les premières commercialisations, Crossject met à profit les 17 millions d’€ levés en bourse à l’occasion de son introduction le 19 février dernier (*). 12 millions serviront à acheter des équipements de production sur le principe de l’usine étendue, c’est-à-dire installés chez des partenaires industriels.

De 60 à 300 millions d’€ de chiffre d’affaires

L’Autrichien Hirtenberger qui produira l’appareil (l’actionneur) recevra des lignes d’assemblage et le Suédois Recipharm assurera le remplissage du médicament, le conditionnement et l’expédition dans son usine de Tours (Indre-et-Loire).

Les 5 millions restants serviront à développer d’autres médicaments pour lesquels une annonce officielle devrait intervenir d’ici à la fin de l’année.

Trop à l’étroit dans ses locaux actuels, la medtech se fait par ailleurs construire par la Semaad sur la zone de Mazen-Sully, toujours à Dijon, un bâtiment de 1 500 m2, avec bureaux, laboratoire et espaces pour des activités pilotes : préparations pharmaceutiques, essais de trempe thermique… L’investissement frise les 4 millions d’€ pour une entrée dans les lieux début 2016.

« Tout est sur les rails, il ne reste plus qu’à concrétiser, avec l’espoir de réaliser de 60 à 300 millions d’€ de chiffre d’affaires d'ici dix ans », indique Patrick Alexandre qui renforce son équipe pour la porter à plus de 20 personnes.

Un technicien d’essais, un ingénieur d’études mécaniques, un ingénieur process et un chef de projet galénique sont en cours de recrutement.

(*) La demande a atteint 56 millions d’€ et Crossject est actuellement valorisée à près de 70 millions d’€.

Patrick Alexandre, P-DG de Crossject.
Patrick Alexandre, P-DG de Crossject.

Qui est Patrick Alexandre ?

Ce colosse de 50 ans qui ne dépareillerait pas au poste de seconde ligne d’une équipe de rugby est ingénieur électronicien, diplômé de Supelec. Sa première vie professionnelle le conduit à travailler une dizaine d’années dans la sidérurgie.

Il intègre ensuite pendant quatre ans les laboratoires dijonnais Fournier, aujourd’hui disparus, et démarre le projet de création d’un dispositif médical d’injection médicamenteuse sans aiguille.

Lorsque Fournier arrête les recherches, Patrick Alexandre qui croit dans le potentiel de ce futur produit, en rachète les droits et monte en 2001 la société Crossject avec l’appui du fonds d’investissement Gemmes Venture de Thierry Garet et Philippe Monnot, toujours présents dans son capital.

Parmi ses qualités, l’une ressort à l’évidence : la ténacité qu’illustre une quinzaine d’années à batailler sur tous les fronts pour lancer sur le marché de la santé une véritable innovation de rupture.

Photos fournies par Crossject.

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