25 ans, une forme d’éternité dans le monde numérique. C’est pourtant l’âge de Réseau Concept, l’opérateur dijonnais pionnier de l’Internet en Bourgogne. Qui compte bien le rester à l’heure de la nouvelle révolution de l’Internet des objets et de l’intelligence artificielle.
À la tête de Réseau Concept à Dijon, une PME spécialisée dans les services numériques, Jerôme Richard revient sur le chemin parcouru par son entreprise en 25 années d’existence. Ce 5 octobre 1995, il est sur scène, à Beaune, pour présenter une nouveauté à laquelle presque personne ne croit dans l’assistance, composée de près de 300 chefs d’entreprises. Un petit quelque chose simple, sorti des laboratoires universitaires, puis militaires, pour s’ouvrir au grand public : l’Internet. « Je présentais une liaison, en direct, avec une personne située à Atlanta, aux USA », se souvient-il.
« 99 % des chefs d’entreprises présents à cette manifestation n’étaient pas intéressés. La plupart étaient sûrs qu’avec le Minitel, la France possédait toujours une longueur d’avance. » Pourtant, à l’issue de la présentation, Jerôme Richard recrute les deux premiers clients de la Sarl qu’il venait de créer avec Sylvain Boucon : le négociant en vins Patriarche et le liquoriste Gabriel Boudier pour lequel il crée la première boutique en ligne française avec paiement électronique.
Promoteur infatigable du numérique, le chef d’entreprise a construit au fil des années une PME qui compte désormais au plan national tout en gardant volontairement son identité départementale. Réseau Concept sera d’abord le premier fournisseur d’accès Internet de Côte-d’Or, puis il aidera sa clientèle professionnelle dans la maîtrise de l’informatique et des réseaux, avec un service d’infogérance et de maîtrise d’ouvrage.
Ses services suivent alors l’évolution des besoins des entreprises : implantation de trois data center, diversification dans la téléphonie VoIP (Voice Over Internet Protoco, ou transmission de la voix via Internet) et, avec l’application de la RGPD (Réglementation Générale sur la Protection des Données), la création d’une filiale dédiée, Data Prism, en association avec le groupe d’expertise comptable beaunois André.
Déploiement d’un propre réseau de fibre optique

Ces dernières années, l’entreprise a renoué avec sa vocation de fournisseur d’accès, déployant son propre réseau de fibre optique chez ses clients. « Nous avons tiré plus de 100 km de fibre optique 1 Gbits puis 10 Gbits dans l’agglomération dijonnaise et sur les backbones de l’Internet », décrit Jérôme Richard.
Aujourd’hui, Réseau Concept emploie 9 personnes, et réalise un chiffre d’affaires de 2,5 millions d’€ en 2019, en progression de près de 30 %. « Cette année, nous devrions afficher une croissance de 4%, avec un chiffre d’affaires de l’ordre de 2,6 millions d’€ », pronostique-t-il. Si la Covid a ralenti les affaires, le business de Réseau Concept demeure solide. L’entreprise compte environ 600 clients, majoritairement des PME et des ETI situées en Côte-d’Or.
Fort de son éducation catholique, lui qui confesse avoir songé à entrer dans les ordres, Jerôme Richard défend une vision sociale de l’entrepreunariat. C’est à ce titre qu’il a fait installer une crèche privée en bas de ses locaux, dans le parc technologique de la Toison d’Or, ou qu’il s’est transformé en gendarme des horaires pour ses salariés alors qu’avec la crise de la Covid, ceux-ci devaient faire face à un changement d’usage massif chez les clients de Réseau Concept.
« Dès le confinement, nos équipes ont dû accompagner la bascule de nos clients vers le télétravail. En quelques heures, nous sommes passés de quelques centaines d’utilisateurs des services de travail à distance à plus de 10.000 ! Les équipes ont géré à merveille le surcroît de travail, mais il a fallu que je veille à limiter leurs horaires de travail », rapporte le sexagénaire.
À peine ce chantier bouclé, Jerôme Richard songe à son prochain défi. « Nous avons un dossier très important à gérer, qui est celui de la féminisation de nos équipes. Aujourd’hui, près de 95 % des employés dans notre secteur d’activité sont des hommes, il faut que ça change. »
« La French Tech redonne des couleurs au numérique en France »

En tant que délégué régional Bourgogne,-Franche-Comté de Syntec Numérique, syndicat professionnel de l’écosystème numérique français, Jérôme Richard a une vision globale sur l’état du numérique dans l’hexagone. La France, et globalement l’Europe, demeurent à la traîne dans un monde numérique dominé par les GAFAM américains (acronyme des géants du Web, Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) et les grandes entreprises chinoises.
Durant les 25 années d’existence de son entreprise, Jerôme Richard a vu disparaître les champions nationaux et européens, comme Bull ou, partiellement, Nokia. Mais si tout n’est pas rose, l’hexagone, veut-il croire, a encore des cartes à jouer. « Nous voyons émerger de nouveaux acteurs français et européens, notamment sur les objets connectés et l’intelligence artificielle. Et le numérique semble enfin pris en compte à sa juste valeur par les pouvoirs publics, notamment à travers le label French Tech, qui donne de la visibilité à tout un écosystème assez performant », analyse-t-il.
« Avec ses atouts, la France peut espérer tirer son épingle du jeu en matière de voiture autonome, et se préparer aux énormes bouleversements numériques à venir. On entre dans une période de grandes opportunités », poursuit ce grand connaisseur de la Chine.
À l’en croire, de très nombreux métiers vont disparaître, au profit d’outils numériques. « C’est sans doute une bonne chose, car il s’agit souvent de métiers pénibles. Aujourd’hui, nous ne devrions pas avoir besoin de personnes faisant le ménage, mais plus d’opérateurs capables de piloter plusieurs robots s’activant à cette tâche », note-t-il. Encore faudra-t-il anticiper le choc social occasionné, et trouver des moyens de répartir les richesses alors que l’emploi salarié se réduira.
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