HORLOGERIE/DOUBS. L’atelier de SAV des grands horlogers, à Besançon, se pique d’audace et a lancé un premier modèle sous son nom, la HD1, dont la totalité des 200 exemplaires a été vendue.
La nouvelle marque a dévoilé son site Internet il y a quelques jours et sort coup sur coup deux nouveaux modèles : la HD2, modèle homme ou femme, dotée d’un mouvement suisse à quartz, et la HD3, équipée d’un mouvement FE 5611, très attendue des amateurs d’automatiques.
Une belle aventure et une histoire de famille.

Chez les Humbert-Droz, il aura fallu attendre la cinquième génération pour oser imaginer, assembler et vendre une montre maison. L’atelier de réparation et d’entretien horloger de Besançon, qui fêtait ses 60 ans cette fin octobre, avait été créé par Marcel Humbert-Droz, rue Mégevand, en 1956, qui d’ailleurs avait travaillé avec Fred Lip.
Marcel était le fils de René, horloger à la Chaux-de-Fonds, en Suisse, lequel était véritablement le premier de cette longue lignée. Fils de Marcel, Jean avait repris la société en 1968 et, à 80 ans, « bon pied bon œil », comme dit son fils Frédéric, a toujours sa place à l’atelier.
C’est lui, Frédéric, qui dirige l’entreprise depuis 1995. Il représente la quatrième génération et a laissé le pilotage de l’atelier à son fils Julien, 24 ans, cinquième génération.
Ce dernier pilote certes, mais assure son ouvrage comme les autres, muni de sa lampe, de ses outils de précision et de l’indispensable œilleton. Sa table de travail est à côté de celle de son grand-père, qui ne le quitte pas des yeux.
« Chacun a son rôle, nous nous concertons toujours et nous sommes complémentaires », explique le plus jeune. « Mon grand-père a du vécu, de l’expérience, il voit tout de suite les défauts. Mon père assure l’aspect commercial et gère l’entreprise. »
Quant à lui, qui, à 14 ans, fut le plus jeune apprenti horloger de France, il a un diplôme des métiers d’art obtenu au lycée horloger de Morteau, mais il a aussi la jeunesse, l’optimisme et… la maîtrise de Facebook.
Le réseau social au logo bleu est le canal d’information que les Humbert-Droz avaient d’abord choisi pour promouvoir leurs belles automatiques et relayer leur site Internet de vente (en ligne depuis fin octobre).
« Faire nos propres montres, on y pensait depuis plus de deux ans, mais on manquait de temps avec l’atelier, et c’est Julien qui nous a poussés », explique Frédéric. « On a déposé un nom qui s’imposait, Humbert-Droz, et on a sorti la HD1. »
Plus qu’un exemplaire des 200 numérotés

Les modèles HD2 et HD3 sont en vente depuis quelques jours. « Mais comme nous n’avons pas de grands moyens pour des affiches 4X3 ni pour être présents en boutique, nous avons suivi l’idée de Julien : nous ne travaillons que par réseau et essentiellement Facebook. »
Le premier modèle, la HD1, a été mis en vente en juin 2016. Un succès : les derniers exemplaires des 200 numérotés, il n’en reste plus un seul depuis le 28 octobre. Le mouvement apparent (un ETA 2834, sorti du stock de l’atelier) équipe cette première montre dessinée par un fournisseur hong-kongais de boîtiers.
« Il est à Hong-Kong mais c’est un français et c’est un très bon. Son bureau de design a travaillé d’après l’idée de Julien », explique Frédéric. Jean, le grand-père, a validé les points techniques. « On a fait rectifier un peu », dit-il modestement. La HD1 aux cadrans carbone, bleu nuit ou noir mat est un modèle masculin de belle taille mais plaît aussi aux femmes, ce qui ne lasse pas d’étonner le grand-père. « Tu vois », lui dit son petit-fils qui a bien senti les tendances.
Le pari des Humbert-Droz est gagné : « On a sorti une montre automatique à 390 euros. En bijouterie, elle serait vendue 1.000 euros », explique Frédéric. « Ce que nous voulons, c’est proposer un tarif de milieu de gamme pour une montre haut de gamme, afin de permettre aux personnes qui aiment l’horlogerie de se faire plaisir », complète son fils Julien.

Si le boîtier vient de Hong-Kong (mais il n’y a plus de fabricant en France, expliquent d’une même voix le grand-père, le père et le fils), les montres Humbert-Droz restent de fabrication locale.
La plupart sont dotées de bracelets de la manufacture Jean Rousseau de Pelousey. L’ensemble est assemblé dans l’atelier Reparalux à Besançon, où les mouvements sont retravaillés et ajustés par des mains expertes.
Après le bon démarrage de la HD1, la mécanique est lancée : les modèles HD2 et HD3 étaient attendus et l’engouement se confirme depuis leur mise en vente la semaine dernière.
La HD2 est dotée d’un mouvement suisse à quartz (le ETA 955-112), et sur 400 pièces, 100 sont déclinées en un modèle féminin avec aiguilles plaquées or rose sur fond noir. Les 300 autres ont différentes déclinaisons de cadrans, avec chiffres romains, clous de Paris ou index, et toutes sont dotées d’un boîtier acier.
Quant à la HD3, équipée d’un mouvement France Ebauches FE 5611 (une rareté), elle compte 200 pièces, est dotée de cadrans bleu, noir ou blanc, et faisait le buzz sur Facebook, avec déjà 12 réservations d’amateurs de belles automatiques bien avant d’être dévoilée…
A Besançon, l’atelier de la place Vendôme

Ultra-sécurisé, l’atelier de réparation, d’entretien et d’assemblage du parc Alpia emploie 15 personnes et réalise 1 million d’€ de chiffre d’affaires en prestations de services. Aucune marque n’est citée, conformément à la discrétion imposée par ses clients du luxe, mais Frédéric Humbert-Droz confie toutefois que Reparalux travaille pour la plupart des grandes maisons de la place Vendôme.
Révision des mouvements, polissage, changement de cadran ou d’aiguilles, étanchéité… les 15 horlogers assurent ici tout le SAV des belles montres suisses. Celles de Carla Bruni, Sophie Marceau ou Alain Delon sont passées par là, nous dit-on.
L’atelier est une grande famille, qui pourrait s’agrandir encore si l’engouement pour les montres Humbert-Droz se confirme. Aux côtés de Jean, Frédéric et Julien, les représentants des 3e, 4e et 5e génération, il y a quelques figures, comme Claude, qui est arrivé à l’âge de 14 ans et a fait son apprentissage auprès de Marcel Humbert-Droz, le fondateur, il y a… 50 ans.
Julien prépare la relève et forme Julie, en 2e année de CAP à Morteau.